Page images
PDF
EPUB

aux invasions des Tatars, les pays situés sur les bords du Dniéper attiraient par leur fertilité de nombreux colons, qui trouvaient dans les vastes plaines de l'Ukraine, et principalement dans les îles inabordables du fleuve, un asile fécond et sûr. Ces colons, habiles et intrépides, se recrutaient parmi les déserteurs des garnisons de la frontière; et leurs excursions audacieuses s'étendaient jusqu'à Constantinople, qu'ils mirent plus d'une fois à contribution, grâce à leurs tschaïkas, barques au vol rapide comme celui d'un oiseau. Auxiliaires dévoués de la Pologne, les Kosaks ne se révoltèrent que lorsque les magnats voulurent leur ravir leurs biens, et, ce qui leur était encore plus cher, leur indépendance.

Le duc Ostrogski ayant distingué parmi ses serfs un paysan ( cméton) nommé Ostafi Daszkiewicz, le présenta à Sigismond; et cet homme, doué d'un esprit vif et hardi, entreprit le premier d'organiser les Kosaks en régiments. Il les connaissait déjà pour avoir guerroyé avec eux heureusement contre les Moskovites, les Turcs et les Tatars, et il put, à l'aide de ces glorieux souvenirs, les soumettre à une discipline uniforme. En récompense de sa conduite, le roi, qui savait apprécier partout le mérite, accorda à Ostafi, malgré les prétentions élevées par nombre de magnats, la starostie de Czerkassy, ainsi que plusieurs châteaux situés sur les bords du Dniéper. Ces faveurs ne firent qu'exciter le zèle d'Ostafi, et il donna à Sigismond les conseils les plus précieux, assurant, d'après sa parfaite connaissance des localités, qu'un corps de deux mille hommes, réparti dans les bourgs qui avoisinent le fleuve, suffirait pour en interdire le passage aux Tatars (*). Mais les avis si prudents d'Ostafi ne furent pas exécutés, car l'influence pernicieuse de la reine Bona dominait déjà dans l'État, et la souveraine repoussait tout ce qui pouvait former obstacle à ses projets personnels.

(*) M. J. U. Niemcewicz, Chants histori

ques.

CRÉATION DU Duché de LA PRUSSE ORIEN

TALE.

1525. De tous les schismes qui se déclarèrent alors au sein de l'Église romaine, le plus formidable sans contredit fut celui de Luther, qui envahit également la Pologne, ainsi que nous l'avons constaté dans l'Introduction. Toutes les mesures prises par Sigismond ne purent arrêter le torrent de la réforme, et bientôt Dantzig et presque toute la Prusse se détachèrent de la foi catholique. Le grand maître teutonique lui-même, Albert de Brandebourg, se déclara ouvertement avec l'Ordre un des prosélytes de la doctrine luthérienne et contracta des liens de mariage. Ce changement de religion aurait dû rendre à la Pologne, conformément aux traités, les terres possédées par l'ordre Teutonique; mais Sigismond, afin d'éviter toute effusion de sang, conclut, en 1525, nouveau traité d'après lequel Albert de Brandebourg, neveu du roi, se désistait des titre et rang de grand maître, pour devenir duc de la Prusse orientale, dont le siége serait Koenigsberg. Albert prêta hommage à Krakovie, se réservant le fief pour lui et ses descendants en ligne masculine. La Pomeranie de Dantzig prit dès lors le surnom de Prusse royale, par opposition à la Prusse ducale (duché de la Prusse orientale), qui composait le fief des ducs de Koenigsberg.

un

Grâce à cet acte, l'existence de l'ordre Teutonique, de tout temps si fatale pour le pays, se trouva terminée; mais malheureusement les germes funestes déposés par cet ordre ennemi devaient porter leurs fruits dans l'avenir, deux cent cinquante ans plus tard.

Sigismond commit une grande faute politique en signant le traité de 1525, car il aurait du prévoir que l'influence de la maison de Brandebourg, s'augmentant continuellement par le cumul de diverses successions en Allemagne, deviendrait un jour dangereuse pour la Pologne. Il faut rappeler toutefois qu'il vivait dans un siècle où l'on ne discernait pas encore les intérêts

des familles souveraines de ceux de l'État. Ajoutons que Sigismond, en accordant ce fief à Albert, comptait sur sa réunion à la Pologne, lorsque la ligne des descendants mâles de sa sœur Sophie, mère du duc, serait éteinte; il ne pouvait guère deviner que les rois venant après lui oseraient accaparer l'héritage dù duché de Prusse par la ligne électorale de Brandebourg, et que ce précédent serait invoqué plus tard contre la Pologne, par l'inexécution de ses clauses et l'abus de son texte.

GUERRE AUX POULES.

1537. L'hospodar de Valachie et de Moldavie, après avoir réparé les pertes que lui avait fait éprouver à Obertyn, en 1531, le grand général de la couronne Jean Tarnowski, envahit la Podolie, au moment même où les intrigues de la reine Bona aliénaient tous les esprits, et occasionnaient un désaccord complet entre le roi et la noblesse. Ces dissensions furent cause que Sigismond ne put obtenir de la diete les impôts nécessaires pour solder l'armée. Il dut donc convoquer l'arrière-ban (pospolité ruszenié), et cent cinquante mille hommes se réunirent aux environs de Leopol. L'historien Orzechowski, témoin oculaire, dit qu'on n'avait pas encore yu en Pologne une armée aussi nombreuse et aussi bien montée en chevaux et en

armes.

Sigismond projetait d'attaquer avec ces forces la Valachie et la Moldavie, et d'incorporer à jamais ces deux provinces à la Pologne. Mais les griefs de la noblesse contre le roi, ou plutôt à l'égard de sa faiblesse pour l'artificieuse Bona, les dissensions des nobles entre eux, l'envie que les nécessiteux portaient aux riches, tout vint mettre obstacle à l'accomplissement de ce dessein grandiose. L'armée, convoquée pour combattre, se changea en un club délibérant. En vain le vénérable Tarnowski prit la défense de l'autorité royale méconnue, la licence leva hardiment la tête, et qualifia cette réunion

du nom de rokosz (*), insurrection.

Ce fut le premier exemple, la première origine de ces associations fatales qui, composées de masses armées, se metamorphosaient en autorité législative, à l'insu des diètes et des représentants élus par la nation : associations qui ne reconnaissaient d'autres guides que l'insolence et le désordre!

On présenta donc au roi une série de trente-cinq articles, par lesquels, après s'être plaint des impôts, on demandait que les bourgeois et les étrangers fussent exclus de la possession territoriale; que la noblesse fût exempte de subir le même châtiment que les bourgeois pour les délits commis dans les villes, etc. Malgré que Sigismond, toujours trop bon, eût déjà accédé à maintes

demandes et remis les autres à l'examen de la diète prochaine, les esprits exaspérés allaient recourir ouvertement aux armes, quand un orage terrible et de durée vint dissiper tous ces mutins. Ils avaient clabaudé et vociféré pendant quarante jours.

La grande pensée de Sigismond se trouva ainsi paralysée, dans l'exécution, par une multitude aveugle; et l'unique vengeance que l'opinion publique tira de ce rokosz, ce fut de l'appeler la Guerre aux Poules (Woyna kokosza); car le massacre complet de la volaille, aux environs de Léopol, fut le seul fait d'armes qui honora ce malencontreux arrière-ban.

Le mal ne s'arrêta néanmoins pas là. Non-seulement les nobles opulents cherchèrent à se distinguer par des titres de princes, de comtes, de barons, encore inconnus en Pologne et qu'ils obtenaient de l'empereur d'Allemagne, mais cette insurrection ouvrit le champ aux majorats, dont la sagesse du roi était parvenue à empêcher jusque-là l'institution. Les exigences de la noblesse furent aussi cause que Sigismond dut réinstaller, aux diètes de 1539 et de 1549, les nonces de la bourgeoisie, expulsés par elle des délibérations. La classe des paysans

(*) Voyez Introduction, page 27.

eut encore bien davantage à souffrir, car ils devinrent serfs, assimilés à ceux de Lithuanie; les nobles s'arrogèrent sur eux le droit seigneurial et le droit de vie et de mort. Quoique aucune loi ne contînt de pareilles monstruosités, l'usage consacra l'abus.

MORT DE SIGISMOND 1er.

1548. Contemporain des empereurs Maximilien et Charles-Quint, de François Ier, et des papes Léon X et Clément VII, Sigismond mérita d'être placé à juste titre au premier rang des grands hommes de ce siècle, si fécond pourtant en célébrités de toute espèce. Paul Jovius a dit avec une profonde conviction : « Si Charles-Quint, Frana çois Ier et Sigismond ler n'eussent « pas régné dans le même temps, «chacun d'eux eût été digne de ré« gner sur les États des deux autres « et d'avoir à lui seul l'empire du « monde entier. »

Sigismond correspondait avec François Ier; mais ce prince, de la race des Valois, lui paraissait d'un esprit inférieur, tandis que l'empereur d'Allemagne, par l'étendue et la profondeur de ses vues, l'avait frappé bien davantage: de là vint la condescendance que Sigismond montra pour Maximilien en toute occasion.

Dans sa prévision, et afin d'éviter les troubles qui accompagnaient d'habitude les interrègnes, Sigismond était parvenu à faire proclamer, à la diète de Piotrkow (1529), son fils SigismondAuguste roi de Pologne, mais sous condition qu'il ne se mêlerait pas du gouvernement tant que Sigismond existerait, et que cette nomination anticipée ne porterait aucune atteinte à la libre élection des rois dans l'avenir.

Ce soin rempli, Sigismond croyait pouvoir jouir de quelque repos; mais les dissensions excitées par le caractère perfide de la reine Bona vinrent empoisonner ses dernières années. Il mourut à Krakovie, âgé de quatrevingt-deux ans, après en avoir régné quarante-deux. Monarque juste et

éclairé, il eut sans cesse en vue le bonheur du peuple, et s'il posséda la plupart des qualités qui font l'homme d'Etat, il réunit également les vertus qui devraient toujours être l'apanage d'un souverain puissant. Son physique était imposant et gracieux à la fois, et sa force corporelle était telle, qu'entre ses doigts il brisait un fer à cheval.

D'un caractère peu ambitieux, il refusa à diverses reprises des couronnes étrangères, afin de pouvoir donner entièrement ses soins à la prospérité de la Pologne. Dès l'année 1519, la couronne impériale d'Allemagne lui avait été promise par des bulles du pape Léon X, et les Hongrois lui offrirent le trône après la mort de Louis II. Il repoussa toutes ces avances, ainsi que celles qui lui furent faites pour la couronne de Suède en 1522 et 1526. Mais, en échange, il consolida la puissance du pays par la réunion définitive à la Pologne du duché de Mazovie, dont le dernier duc, Janus, issu des Piast, mourut en 1525. Cette province revint ainsi à la couronne polonaise, après avoir formé, depuis le duc Conrad Ier, un de ses fiefs pendant trois cent dixhuit ans. La Lithuanie dut également à Sigismond le don d'un code civil, connu sous le nom de Statut russien.

Durant cette époque, l'agriculture et l'industrie prospérèrent, car le libre commerce de la mer Noire appartenait à la Pologne. Ce fut aussi le siècle de Kopernik; et la cour, foyer des lumières, comptait parmi ses élus les chanceliers Maciejowski et Tomicki, célèbres par leur éloquence, et Constantin d'Ostrog, Jean Tarnowski, Kamieniecki, Nicolas, Georges et Jean Radziwill, Firley, Ostafi Daszkiewicz, guerriers qui avaient tous rempli le monde du bruit de leurs victoires. Comme une faible compensation de tout le mal fait, la reine Bona appela auprès d'elle de nombreux artistes italiens, qui amenèrent avec eux dans le pays les notions et le goût du beau. Des édifices s'élevèrent de toutes parts, et des galeries précieuses vinrent les orner. En un mot, on peut dire que,

malgré l'influence pernicieuse des empereurs d'Allemagne et de la reine Bona, jamais le royaume ne fut plus respecté à l'étranger et plus heureux à l'intérieur. Les règnes de Sigismond er et de son fils Sigismond-Auguste sont dans l'histoire le point culminant, l'apogée de la Pologne.

SIGISMOND AUGUSTE.

1548-1572.

Lorsque la nouvelle de la mort de Sigismond Ir parvint à Wilna, son fils Sigismond-Auguste fit proclamer,

avant d'en donner connaissance aux états, le mariage qu'il avait contracté secrètement et en secondes noces avec Barbe Radziwill, veuve du palatin de Troki Gastold. Il connut bientôt, à la diète de Piotrkow (1549), grâce à l'esprit turbulent de la noblesse, quels étaient les difficultés et les soucis attachés à la couronne. Ces nobles, qui se croyaient les égaux du souverain, ne voulaient pas d'une princesse qui n'était pas issue d'un sang royal; et la reine mère Bona, jalouse des charmes et des qualités de Barbe, mit tout en œuvre pour agiter les esprits. L'archevêque primat, Dzierzgowski, et le puissant palatin de Krakovie Kmita étaient à la tête de la partie du sénat et des nonces qui demandait le divorce du roi. Une députation fut envoyée à Sigismond-Auguste; mais, loin de se laisser imposer par ces clameurs, le monarque répondit avec dignité à Pierre Boratynski, qui le suppliait, à genoux et au nom du sénat, d'annuler son mariage: « Ce qui est fait ne peut « être défait. Croyez-vous donc que je tiendrais ensuite ma foi envers « vous, quand vous voulez me la faire « rompre envers ma femme !... Voyant la fermeté du roi, le turbulent primat se récria alors contre un prétendu despotisme, et il voulut persuader à la diète de l'étouffer dès sa naissance, avant qu'il eût pris racine. L'évêque de Przemysl, non moins fanatique, abonda dans ce sens, et insistant sur le divorce, posa pour principe le passage d'Euripide: S'il faut

[ocr errors]

violer la justice, c'est particulièrement quand il s'agit de régner. Toutefois la diète fut dissoute, sans avoir produit d'autre résultat qu'une discordance complète entre le roi et la noblesse (*).

D'après l'avis des soutiens de Sigismond, Jean Tarnowski, grand général de la couronne, et l'évêque de Krakovie, Maciejowski, une séconde diète s'ouvrit à Piotrkow en 1550, afin d'arriver à neutraliser toutes les oppositions au couronnement de Barbe. Cet fois Sigismond y mit plus de savoirfaire et d'habileté : il annonça qu'on allait procéder avant toute chose à la vérification des titres des seigneurs et de leurs droits à la propriété des domaines qu'ils possédaient. Cette menace obtint un plein succès, car les récalcitrants redoutaient trop l'exécution d'une pareille mesure, pour ne pas s'empresser de donner leur assentiment au couronnement repoussé jusqu'alors. Il eut donc lieu à Krakovie, et Sigismond entoura cette cérémonie de tout l'éclat et de toute la magnificence imaginables. Barbe eut le triomphe de voir ramper devant elle les mêmes et vils esprits qui, peu de jours auparavant, se montraient les plus acharnés contre elle. Bona ne fut pas la dernière à la féliciter, et sut, en ex

(*) Durant une séance des plus orageu· ses, Sigismond, attaqué avec amertume pour des sentiments qui lui étaient chers, se laissa aller à l'emportement et s'écria : « C'en est assez, j'exige soumission et obéissance! >> A ces paroles, que la noblesse polonaise n'était pas habituée d'entendre, un jeune nonce, Raphaël Leszczynski, se leva vivement et, de son banc, répliqua : « Avez-vous « donc oublié, Sire, à quels hommes vous << commandez ? Nous sommes Polonais, et << nous nous faisons autant de gloire d'abais<< ser la morgue des souverains qui méprisent les lois, que d'honorer ceux qui les`respectent. Prenez garde qu'en trahissant vos serments, vous ne nous rendiez les nôtres! « Le roi votre père écoutait nos avis, et c'est à nous à faire en sorte que désormais vous « vous prêtiez à ceux d'une république dont (ce que vous paraissez ignorer) vous n'êtes que le premier citoyen! »>

k

[ocr errors]
[ocr errors]

ce

[ocr errors]

primant ses regrets d'avoir autant tardé à reconnaître le bonheur de son fils, cacher sous un sourire de bienveillance un dessein infernal. Six mois après le couronnement, Barbe expirait par le poison qu'avait apprêté la vindicative Italienne. Désespéré d'une telle catastrophe, Sigismond-Auguste accompagna jusqu'à Wilna le convoi funèbre, et garda, tant qu'il vécut', le souvenir d'un bonheur si brusquement terminé. Jamais aussi, au dire de tous les historiens, femme ne fut plus digne que Barbe Radziwill d'occuper un trône. D'une beauté éblouissante, et réunissant aux dons de la nature tous ceux de l'esprit et du cœur, elle formait, sans y penser, un contraste complet avec toutes les autres personnes de la cour Bona particulièrement : aussi celle-ci ne lui pardonna-t-elle ja

mais!

[ocr errors]

Cédant toutefois aux devoirs que lui imposait sa position de souverain et aux vœux du sénat, Sigismond-Auguste contracta de nouveaux liens. Il épousa la sœur de sa première femme, l'archiduchesse d'Autriche Catherine, veuve du duc de Mantoue. Mais bientôt le peu de santé de la reine enlevant tout espoir à Sigismond d'avoir `d'héritier, il sollicita son divorce auprès de la cour de Rome; et le nonce du pape, le cardinal Commendoni, dévoué à la maison d'Autriche, s'opposant opiniâtrément à la dissolution des nœuds contractés, le roi s'abandonna à une vie dépravée, afin de s'étourdir sur les chagrins qu'il éprouvait dans son intérieur.

La reine mère Bona, cet objet de la haine et du mépris de la nation entière, quitta enfin la Pologne, mais en emportant avec elle des trésors immenses. Vingt-quatre chariots à six chevaux chacun, chargés d'or, d'argent et de choses précieuses, le tout arraché au pays par les moyens les plus révoltants, précédaient la marche de ce génie du mal (*).

(*) Bona, douée d'un visage remarquable, avait vu sa jeunesse s'écouler dans les intri› gues galantes; plus tard, parvenue à l'âge 7e Livraison. (POLOGNE.).

LA KOURLANDE ET LA LIVONIE UNIES A LA POLOGNE.

1557-1561. Le règne de SigismondAuguste, jusque-là paisible, fut troublé par les différends qui s'élevèrent au sujet de la Livonie, province attenant à la Lithuanie et à la Prusse; ces différends entraînèrent la Pologne dans des guerres contre la Moskovie, ainsi qu'on va le voir.

Le grand-maître des chevaliers du Glaive ayant été relevé de l'hommage de vassalité par le grand-maître teutonique Albert, et reconnu prince de l'Empire par Charles - Quint, devint possesseur absolu de toute la Livonie. Mais l'archevêque de Riga, Guillaume de Brandebourg, frère du duc Albert de Prusse et cousin germain de Sigis"mond - Auguste, voulut, après avoir embrassé la doctrine de Luther, braver le pouvoir des chevaliers du Glaive, et nomma, en conséquence, de son chef coadjuteur de l'archevêché de Riga le

mûr et profitant de sa position dans l'État, elle fit un vil trafic des dignités publiques. Cela lui attira un jour une rude apostrophe de l'évêque de Krakovie Zebrzydowski, qui, interpellé par elle en ces termes : Prêtre, toi champ: Je l'ai acheté parce qu'il était à qui as acheté l'évéché... lui répliqua sur-levendre!..... Ce ne furent pas les murmures du peuple qui éloignèrent Bona de la Pologne, mais les instances de son favori, le Napolitain Jean Papagoda, qui voulait faire main basse sur les trésors qu'elle avait amassés, et qui sut amener ce départ, malgré l'opposition de Sigismond-Auguste et de la diète. Bona alla s'établir dans la Pouille, à Barri, d'où elle prêta à Philippe II, roi d'Espagne, quatre cent trente-trois mille ducats de Hollande, somme énorme pour le temps. Ce capital devait retourner à Sigismond-Auguste, à la mort de Bona.

L'Italien Papagoda se délivra, en 1557, de sa maîtresse, après lui avoir fait signer un testament fabriqué par lui. Les conventions arrêtées précédemment furent violées, et non-seulement on ne tint aucun compte à la Pologne du prêt fait au roi d'Espagne, mais le restant de l'héritage fut aussi perdu pour Sigismond. De là les sommes napoli taines, si souvent et toujours vainement réclamées par la Pologne.

7

« PreviousContinue »