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Actoris partes chorus officiumque virile Defendat, neu quid medios intercinat actus 2, Quod non proposito conducat et hæreat3 apte. Ille bonis faveatque et consilietur amice,

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Et regat iratos et amet pacare timentes 5:
Ille dapes laudet mensæ brevis 6, ille salubrem
Justitiam legesque et apertis otia portis ;
Ille tegat commissa, deosque precetur et oret,
Ut redeat miseris, abeat fortuna superbis.

Tibia non, ut nunc, orichalco vincta 10 tuba que
Æmula, sed tenuis simplexque foramine pauco 11

δευτεραγωνιστής, τριταγωνιστής. Cette règle a été rigoureusement observée par Eschyle, Sophocle et Euripide lorsqu'un quatrième personnage est en scène, il est muet, comme Pylade, dans l'Electre de Sophocle, ou dans les Choéphores, où il ne prononce que quelques mots (900, 902). Voy. Arist., Poet., 4.

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Les man. existants ont tous peccare, sauf un qui a paccare (corruption fréquente de pacare). Ils ont aussi timentis; un seul, cité par Pulmann, avait tumentes. D'où les leçons diverses, peccare timentes, pacare tumentes, et celle que nous avons adoptée. Timentes s'oppose bien à iratos. Lucrèce a employé pacare dans le

[vitam.

Qui violat factis communia fœdera pacis; et probablement 1201 :

Sed mage pacata posse omnia mente tueri.

1. Actoris partes; précepte étroi-même sens, V, 1152: tement lié au précédent. Les tragi-Nec facile est placidam ac pacatam degere ques romains avaient emprunté aux Grecs l'usage des choeurs. Horace veut que le chœur ait une part à l'action (actoris partes defendat), en ce sens que ses chants ne doivent pas être étrangers à la fable. Aristote a formulé la même règle et reproche à Euripide de s'en éloigner. Kai Tòv χορὸν δὲ ἕνα δεῖ ὑπολαβεῖν τῶν ὑποκριτῶν καὶ μόριον εἶναι τοῦ ὅλου καὶ συναγωνίζεσθαι μὴ ὥσπερ παρ' Ευριπίδη ἀλλ ̓ ὥσπερ παρὰ Σοφοxλei (Poét., 18).

2. Defendat. Voy. Sat., I, x, 12.-Intercinat rappelle l'expression d'Aristote polipa, qui désigne les morceaux lyriques intercalés dans les tragédies. Medios actus, entre les actes (et non au milieu des actes).

3. Hæreat, sous-ent. fabulæ.

6. Mensæ brevis, comme cena brevis, Epl., 1, xiv, 35.

7. Salubrem justitiam, les bienfaits de la justice.

8. Apertis otia portis; périphrase qui désigne la paix.

9. Commissa; le chœur est souvent

1e confident des personnages. Voy.

Electre, Philoctète.

10. Tibia. Du rôle des chœurs, Horace arrive naturellement à parler de la musique qui les accompagnait et du langage dont ils se servaient. Il s'agit de l'histoire du chœur en Grèce et à Rome. Oricalcho vincta, formée de plusieurs pièces réunies par le cuivre blanc, par opposition à simplex. Les flûtes étaient primitivement de roseau, puis de divers bois; les Étrus5. Regat iratos. Dans Antigone, parques introduisirent à Rome les flûtes exemple, le chœur cherche à apaiser métalliques. Créon. Amet pacare timentes, qu'il aime à rassurer ceux qui craignent.

4. Consilietur, délibérer, tenir conseil, par suite conseiller. Amice.

Var. amicis.

11. Tubæ æmula, la trompette droite en métal ou tuba, employée surtout

Adspirare et adesse choris erat utilis1 atque
Nondum spissa 2 nimis complere sedilia flatu;
Quo sane populus numerabilis 3, utpote parvus,
Et frugi castusque verecundusque coibat. +
Postquam cœpit agros extendere victor, et urbem *
Latior amplecti murus, vinoque diurno
Placari Genius festis impune 5 diebus;
Accessit numerisque modisque 6 licentia maior.
Indoctus quid enim saperet liberque laborum 7
Rusticus urbano confusus, turpis honesto 8?
Sic priscæ motumque et luxuriem addidit arti
Tibicen traxitque vagus per pulpita vestem;
Sic etiam fidibus voces crevere 10 severis,

Et tulit eloquium insolitum facundia præceps 11,
Utiliumque sagax rerum et divina futuri 12
Sortilegis non discrepuit sententia Delphis 13.
Carmine qui tragico vilem certavit ob hircum 1*,

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dans l'armée, pour l'infanterie; elle | Les lyres n'avaient primitivement était aussi en usage dans les sacrifices, que quatre cordes. Terpandre (vII s. les obsèques, les jeux publics. Te- av. J.-C.) inventa l'heptacorde, et nuis, faible de son. - Pauco, trois ou Timothée le décacorde (Iv s.). quatre, suivant Varron. Voces crevere. La lyre eut un son plus puissant, comme la flute, après son perfectionnement.

-

1. Adspirare, donner le ton. Adesse, accompagner. Erat utilis, suffisait.

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11. Facundia præceps. Le langage des chœurs, devenu plus audacieux, en même temps que la musique devient moins simple, produit des expressions insolites et par suite obscures. - Præceps, qui se précipite, téméraire; Cicéron a employé præceps oratio.

12. Utiliumque sagax... sententia, les chœurs, dont les attributions ont été déterminées, vers 196-201. Futuri; le génitif après divina comme après sagar; de même dans la langue classique après conscius, memor, gnarus. Voy. Rem. 33-35.

13. Delphis, c.-à-d. Delphicis oraculis.

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Mox etiam agrestes Satyros nudavit et asper1
Incolumi gravitate jocum tentavit eo quod
Illecebris erat et grata novitate morandus3
Spectator functusque sacris et potus et exlex.
Verum ita risores, ita commendare dicaces
Conveniet Satyros, ita vertere seria ludo,

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Ne, quicumque deus, quicumque adhibebitur heros,
Regali conspectus in auro nuper 7 et ostro,
Migret in obscuras humili sermone tabernas 8,

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Aut, dum vitat humum, nubes et inania captet
Effutire leves indigna 10 tragœdia versus,
Ut festis matrona 11 moveri jussa diebus,
Intererit Satyris paulum pudibunda protervis.
Non ego inornata et dominantia 12 nomina solum
Verbaque, Pisones, Satyrorum scriptor13 amabo,

1. Mox. Le poème satyrique fut inventé ou apporté à Athènes par Pratinas, de Phlionte, contemporain d'Eschyle (Aristote, Poét., 4). Agrestes Satyros. Les Satyres, divinités rustiques, moitié hommes, moitié bêtes, Ditaient les bois et les solitudes; c'est aver ur grossièreté traditionnelle qu3 se montraient dans les choeurs des drames satyriques. Nudavit. Les Satyres étaient, sur la scène, couverts d'une simple peau de bouc. - Asper, rude, sauvage: Horace attribue au poète la qualité des personnages qu'il met en scène.

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Nec sic enitar tragico differre colori,

Ut nihil intersit, Davusne 1 loquatur et audax
Pythias, emuncto lucrata Simone 2 talentum,
An custos famulusque dei Silenus alumni.
Ex noto fictum carmen sequar, ut sibi quivis
Speret idem, sudet multum frustraque laboret
Ausus idem tantum series juncturaque pollet,
Tantum de medio sumptis accedit honoris.
Silvis deducti caveant me judice Fauni“,
Ne velut innati triviis ac pæne forenses 7

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Aut nimium teneris juvenentur versibus umquam,
Aut immunda crepent ignominiosaque dicta

On entend aussi ce passage autrement Ex noto fictum carmen désignerait le fond même; mais la suite des idées serait interrompue, et l'on est alors presque forcé d'admettre que ces quatre vers doivent être transportés ailleurs. Spengel les met après 250; Schütz les rattache au passage précédent, où sont exprimées les mêmes idées, vers 125-135, et les place, soit avant, soit après.

1. Ut nihil intersit. Ce précepte | style dans les Satires et les Epitres. découle du précédent. Comme le drame satirique garde quelque noblesse à cause des héros qui y interviennent, les personnages comiques, comme Silène, tiennent eux-mêmes un langage plus relevé qne celui des valets et des courtisanes de la comédie. Davus. Voy. Sat., I, x, 40. 2. Pythias, courtisane d'une comédie de Lucilius (ou Cécilius), d'après un schol. Emuncto; métaphore plaisante qui se rencontre plu

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sieurs fois chez Plaute et Térence. Simone. Simo, nom d'un riche vieillard dans l'Andrienne de Térence et la Mostellaria de Plaute.

3. Silenus, fils de Mercure ou de Pan, dieu rustique, personnifiant la joie, l'amour du vin et de la musique. On le représente souvent énorme, ventru, porté sur un âne ou soutenu par les Satyres. Il fut le père nourricier et le gouverneur de Bacchus. Un marbre antique du Louvre le représente regardant avec tendresse son divin nourrisson, qu'il

tient dans ses bras.

4. Ex noto. Il s'agit sans doute de la forme, du langage. Horace conseille une langue (carmen) qui n'emploie que les mots de la conversation ordinaire (ex noto), mais qui soit arrangée (fictum) avec un art délicat, consistant surtout dans l'enchainement et l'association de ces mots (series juncturaque). Le poête semble ici révéler le secret de son propre

Lettre à cad., 5: « Je veux un su5. Speret idem. Voy. Fénelon, blime si nilier, si doux, si simple, que chacun soit d'abord tenté de croire qu'il l'aurait trouvé sans peine, quoique peu d'hommes soient capables de le trouver. »

6. Fauni. Les Faunes italiens, fils de Faunus et de Fauna, furent identifiés avec les Satyres des Grecs, comme leur père avec le dieu Pan. Faunus (de faveo), fils de Picus, des-. cendant de Saturne, et ancien roi du Latium, était une divinité rustique, adorée encore sous les noms de Lupercus et de Fatuus. Voy. Od., III, XV (XVIII).

7. Triviis, les carrefours de Rome. Pæne forenses, ces gens qui passeraient leur vie sur le Forum.

8. Juvenentur; imité par Horace du grec veXVIEVEGOαt. Les Satyres doivent éviter les raffinements auxquels se complaît la jeunesse, aussi bien que les grossièretés de la populace.

9. Crepent. Voy. Sat., II, II, 33.

Offenduntur enim, quibus est equus et pater et res1,
Nec si quid fricti 2 ciceris probat et nucis emptor
Equis accipiunt animis donantve corona 3.

Syllaba longa brevi subjecta vocatur iambus,
Pes citus: unde etiam trimetris accrescere jussit 3
Nomen iambeis, cum senos redderet ictus 6
Primus ad extremum similis sibi : non ita pridem 7,
Tardior ut paulo graviorque veniret ad aures,
Spondeos stabiles in jura paterna recepit
Commodus et patiens, non ut de sede secunda
Cederet aut quarta socialiter. Hic et in Acci 10

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2. Fricti, frit, de frigere, se rapporte à ciceris et nucis. On rencontre chez Plaute frictas nuces (Pœn., 322).

3. Corona. Cette expression est, chez les Latins, une pure métaphore. Il n'y avait point de concours publics entre les auteurs dramatiques. A Athènes, le vainqueur recevait une couronne faite d'une branche de l'olivier sacré.

4. Syllaba; définition technique de l'ïambe et du vers ïambique.

5.Pes citus. Voy. Od., 1,xiv(xvi), 24: Celeres iambi.-Unde, à cause de cette brièveté. Jussit a pour sujet l'ïambe, personnifié dans tout ce passage. Construisez Jussit nomen trimetris accrescere iambeis. Iambeis semble devoir être pris substantivement comme le grec iaubetov, d'après lequel Horace l'a formé. Trimetris s'accorde avec iambei par l'attraction ordinaire. On peut cependant prendre iambeis comme syn. de iambicis et expliquer Jussit trimetris iambeis accrescere nomen (illud). Le nom de trimètre a été donné au vers ïambique du théâtre, parce que les six iambes y sont réunis deux par deux et forment trois mètres.

6. Cum, quoique. - Senos redderet

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ictus. Dans le vers ïambique, on bat six fois la mesure; il a six άpoels, par conséquent six pieds. De là son nom romain de senarius.

si

7. Similis sibi. On trouve, par exemple chez Catulle, des ïambiques purs, c.-à-d. composés exclusivement d'ïambes Phaselus ille quem videtis hospites. Voyez Grumbach et Waltz, Pros. et Metr. lat., p. 56. Non ita pridem... recepit, l'ïambe recueillit le spondée, il n'y a pas longtemps. Ces derniers mots sont difficiles à interpréter; car déjà dans les vers ïambiques d'Archiloque on rencontre des spondées; les tragiques et les comiques grecs les employaient régulièrement aux pieds impairs. Quant aux vieux poètes romains, Horace lui-même dira tout à l'heure quel abus ils en faisaient. L'explication la plus plausible semble être celle de M. L. Müller: « Respicit usum Alexandrinorum utique poetarum tempore ortum, quo præcipitur, ut trimetri iambici tragici, locis imparibus potissimum ponantur spondei, iambi quam maxime potest fieri excludantur. » Peut-être aussi le texte estil altéré.

8. Stabiles, par opposition à pes citus. V. Cic., Or., LXIV: Spondeus hebetior videtur et tardior, habet tamen stabilem quemdam et non expertem dignitatis gradum.

9. Ut, au point de.

10. Quarta. Horace ne parle pas du sixième pied, où l'ïambe fut toujours respecté, même par ceux qui admirent le spondée Fartout ailleurs.

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