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Possim crematos excitare mortuos
Desiderique temperare pocula 1,

Plorem artis in te nil agentis exitum ??

1. Desideri temperare pocula, mé-| crits. Les textes varient également ad

langer (composer) des philtres.

vers précédent entre pocula et pocu

2. Exitum semble préférable à exi- | lum.

tus, donné par beaucoup de manus

CARMEN SÆCULARE

Le Carmen sæculare fut écrit en l'an 17 avant Jésus-Christ, deux ans environ après les premières Épîtres et quatre ou cinq ans avant la publication du quatrième livre des Odes. Voici à quelle occasion fut composé ce poème de circonstance. Auguste fit célébrer les Ludi sæculares la 10° année de son règne. L'origine de cette solennité remonte à des sacrifices particuliers, célébrés par la famille Valeria sur la partie du Champ de Mars appelée Terentum ou Tarentum, d'où Ludi Tarentini. D'après Varron, ils furent célébrés pour la première fois en 249, à l'occasion des prodiges qui accompagnèrent les défaites de la première guerre punique. La Sibylle ordonna qu'ils fussent renouvelés tous les siècles, c'est-à-dire, d'après Varron, tous les cent ans aussi a-t-on supposé des jeux antérieurs, en 348 et 449; de même les jeux suivants ont été placés à tort par les historiens Antias, Varron, Tite-Live, en 149 (605 U. C.). Des témoignages contemporains, cités par Censorinus, prouvent qu'ils ont eu lieu trois ans plus tard, en 146 (608). Les suivants auraient dû tomber en 49. Ils furent ajournés à cause des guerres civiles, et Auguste, qui recherchait toutes les occasions de fêtes publiques et toutes les consécrations religieuses de son pouvoir, les célébra en 17 (737). Pourquoi cette date? Les livres sibyllins avaient été recopiés et placés sous la statue d'Apollon, à la garde des quindécemvirs. Or ceux-ci annoncèrent que les jeux avaient lieu tous les cent dix ans, et non tous les cent ans (sæculum désignant l'espace de la plus longue vie humaine); qu'ils avaient été célébrés en 298, 408, 518, 628, et que, par conséquent, ils devaient avoir lieu en 16 ou 17.

Phlegon de Tralles, affranchi d'Adrien, et Sozime ont conservé le passage des vers sibyllins qui règle toute la cérémonie. Les renseignements qu'ils nous donnent sont complétés par le procès-verbal même qui fut gravé par ordre d'Auguste sur une colonne de marbre, récemment découverte à Rome, sur l'emplacement du Tarentum. La fête, précédée d'une annonce solennelle et de lectisternia, commença aux calendes de Juin et dura trois jours; elle comprenait : 1° un sacrifice de nuit au Champ de Mars, sur les bords du Tibre, en l'honneur des Parques, un sacrifice de jour à Jupiter; 2° la deuxième nuit, un sacri

fice à Ilithyia; le deuxième jour, un sacrifice de jour à Junon; 3o la troisième nuit, un sacrifice à la Terre; et le troisième jour, un sacrifice à Phœbus et Diane. Chaque sacrifice fut suivi de divers jeux et spectacles; les derniers durèrent sept jours. C'est le troisième jour que l'hymne fut chanté par un chœur de 27 garçons et 27 jeunes filles de familles nobles, ayant encore leurs pères et mères.

les

Horace fut chargé de composer l'hymne cette année 17: pareil honneur avait été fait autrefois à Livius Andronicus, qui composa le chant de triomphe pour la victoire de Sena (207), peut-être à Catulle (voy. la pièce Dianæ sumus in fide), et peut-être à Horace lui-même : l'ode Dianam teneræ dicite virgines a peut-être été écrite pour la fête d'Apollon, qui se célébrait en juillet, depuis la peste de 212. Il préluda au Carmen sæculare par la pièce Dive quem proles. Voy. Od., IV, v (vi). Plus tard, Claude prétendit qu'Auguste s'était trompé dans ses calculs; il fit remonter les Jeux séculaires à la fondation de Rome, célébra en 47 après Jésus-Christ (800 U. C.), c'est-à-dire 63 ans après ceux de l'an 17. Suétone raconte que des éclats de rire accueillirent le héraut, lorsque, selon la formule usitée, il invita les citoyens à des jeux, quos nec spectasset quisquam nec spectaturus esset; car il se trouvait des spectateurs qui avaient assisté aux jeux précédents et des histrions qui y avaient figuré. Domitien en usa aussi librement: il institua des Jeux séculaires en 88 après Jésus-Christ; Antonin les célébra cent ans après ceux de Claude, en 147; Septime Sévère revint au calcul d'Auguste, les deux Philippe à celui de Claude; il y eut aussi des jeux en 204, puis en 248; Dioclétien les célébra, pour la dernière fois, cinquante ans plus tard, en 298 (1051 U. C.).

Le Carmen sæculare, où le poèle mêle adroitement l'éloge de l'empereur à celui des dieux, comprend deux parties: la première, chantée au Palatin devant les statues d'Apollon et de Diane, est une prière adressée à ces divinités, dans laquelle s'intercale une invocation en l'honneur des trois divinités chthoniennes à qui la fête est en partie consacrée : les Parques, Ilithyia et la Terre (v. 1-36).

La deuxième partie, qui a neuf strophes comme la première, fut chantée au Capitole où le chœur s'était rendu par la Voie Sacrée. Il renferme une prière à Jupiter et Junon (v. 37-52); plus un chant d'allégresse et d'espérance adressé à la foule. Phoebus et Apollon y sont nommés les derniers, mais à la troisième personne (v. 53-72). Elleest suivie d'une sorte d'envoi en un couplet.

Phoebe silvarumque potens Diana,
Lucidum cæli decus 2, o colendi

1. Silvarumque. Sur la césure, voyez page 23. Potens. Voy. Od., I, II, 1: Sic te diva potens Cypri.

2. Decus, apposition à Phoebe et Diana. Voy. Od., IV, vII (VIII), 31 : Tyndarida clarum sidus.

Semper et culti, date quæ precamur
Tempore sacro,

Artemis du Louvre.

Quo Sibyllini monuere versus
Virgines lectas puerosque castoa

1. Semper se répète avec culti.

5

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1. Placuere, ont toujours plu, sens de l'aoriste. - Septem colles, c.-à-d. Rome

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