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XXVIII. 6o. J'ai prouvé. On peut supposer que les premiers mots de cette récapitulation de la cause sont perdus comme les derniers mots du chapitre qui précède, et qui contenait la fin de la confirmation. C'est sans doute dans cette lacune que se trouvaient ces mots cités par Ulpien, comme appartenant à ce plaidoyer: Turpis occultatio sui. « Il est honteux de se cacher. »

XXX. 61. D'un Gallonius. P. Gallonius, surnommé le Gouffre, crieur public, digne collègue de Névius. Il était si gourmand, que sa voracité semblait faire oublier ses autres vices. C'est de lui que Lélius le sage, cité par le poète Lucilius, disait qu'il n'avait jamais su faire un bon souper. Cicéron parle de ce personnage au liv. 11, ch. 8, de Finibus. Horace (Satire 2, liv. 11, v. 47) nous apprend que ce fut chez Gallonius que le premier turbot parut sur la table d'un citoyen romain.

XXXI. 62. Sans avoir entendu son accusateur. Tout ce passage offre une suite d'antithèses du plus mauvais goût. (Voyez le sommaire de ce discours, page 177.) « L'auditeur, dit le sage Rollin, prévient la réponse, et est fatigué de cette espèce de refrain qui « est toujours sur le même ton. »

63. Le choix de ses moyens. Le droit romain autorisait plusieurs sortes d'actions pour une seule cause, et le défendeur en avait l'option. Ainsi, en cas de vol, il pouvait simplement revendiquer la chose, rei vindicatione, ou poursuivre criminellement le vol, conditione furtiva. (Consultez, sur ce point, BEAUFORT, République romaine, tome iv, pages 134 et suivantes.)

DISCOURS

POUR Q. ROSCIUS LE COMÉDIEN

TRADUCTION NOUVELLE

PAR M. CH. DU ROZOIR.

APRÈS avoir gagné la cause de Publius Quintius, Cicéron, vers le

commencement de l'année 674, défendit une femme d'Arretium en Toscane, à qui l'on contestait le droit de cité en vertu d'une loi de Sylla. Notre jeune orateur osa encore se charger d'une cause aussi délicate; il dut, pour établir les droits de sa cliente, s'élever de nouveau contre l'injustice d'une disposition émanée du dictateur; et ce fut après avoir pour la seconde fois fait triompher la faiblesse opprimée par la puissance, qu'il partit, vers la fin de l'été de l'année 675, pour la Grèce, où il résida environ dix-huit mois.

De retour à Rome, l'an 677, il demeura une partie de l'année éloigné des affaires et du barreau. Cette inaction parut si déplacée, que, par dérision, on ne l'appelait plus à Rome que le Grec et le sophiste. Enfin, les remontrances de son père et de ses amis le ramenèrent à l'activité, et les heureux fruits de deux années de nouvelles et profondes études ne furent plus perdus pour sa patrie : il reparut au barreau vers le milieu de l'année 677. De toutes les causes qu'il plaida alors, il ne nous reste que son plaidoyer pour le comé– dien Q. Roscius, encore ne nous est-il pas parvenu tout entier.

Dans cette cause, il s'agissait de savoir si le comédien Roscius devait de l'argent à un citoyen nommé C. Fannius Cherea, qui lui avait confié un de ses esclaves pour le former à l'art dramatique. Panurge, c'est le nom de cet esclave, donnait les plus belles espérances, lorsqu'il fut tué par un certain Flavius de Tarquinies. Le meurtrier, poursuivi devant les juges par Cherea et par Roscius, transigea avec ce dernier, en lui abandonnant un petit domaine. Roscius en prit possession, après avoir donné une certaine somme à Cherea pour lui tenir lieu de dédommagement. Celui-ci prétendit être lésé. L'affaire fut portée devant la justice. Le préteur nomma juge de cette affaire C. Pison, qui avait déjà servi d'arbitre entre les deux parties. M. Perpenna, personnage consulaire, fut l'assesseur de Pison. Cicéron plaida la cause de Roscius, et la gagna.

Son discours nous est parvenu tellement mutilé, qu'il n'est pas susceptible d'analyse. « Nous n'en avons ni l'exorde, ni la narration, ni la péroraison, dit M. Gueroult dans une note que nous

avons retrouvée; ce qui nous reste n'est guère remarquable que par un bel éloge de Roscius. »

Cicéron ne manque jamais de parler de Roscius avec la plus haute estime pour son talent comme pour son caractère. Dans le Traité de l'Orateur, il dit de lui que son jeu était tellement admirable, que, pour exprimer la supériorité d'un artiste dans tout autre genre, on avait pris l'habitude de l'appeler un Roscius (liv. 1, ch. 26). Ailleurs, Cicéron se fait honneur d'avoir été l'élève de ce grand comédien pour la partie de l'orateur que Démosthène disait être la première, la seconde et la troisième, et que Roscius appelait l'éloquence du corps, pour l'action, en un mot, sans laquelle l'orateur le plus parfait tombe dans le rang des plus médiocres, et avec laquelle l'orateur médiocre s'élève au degré des plus parfaits. (Orat., liv. 111, ch. 56.) Dans une autre circonstance, Cicéron, au rapport de Macrobe (Saturn., liv. 11, ch. 10), ne craignit pas de reprocher au peuple romain assemblé d'avoir troublé le spectacle quand un pareil acteur occupait le théâtre. Nam illam orationem quis est qui non legeret in qua populum romanum objurgat quod, Roscio gestum agente, tumultuaverit. Ici Macrobe fait allusion au discours que Cicéron, étant consul, adressa au peuple, qui s'était soulevé à cause de la loi du tribun Roscius Othon, qui avait assigné au théâtre une place distinguée aux chevaliers romains. (Voyez le sommaire du premier discours sur la loi Agraire, tome x de notre édition.)

Bien que Cicéron eût environ trente-un ans lorsqu'il plaida cette cause, l'oraison pour Quintius Roscius le comédien offre les mêmes défauts que les deux précédentes : toujours un grand luxe d'antithèses, et les formes interrogatoires trop multipliées. Quelques plaisanteries ne sont pas de bon goût. Il y a de la recherche dans certaines phrases; mais en général le style est d'une clarté et d'une élégance remarquables, et l'on peut surtout admirer l'ordre et la lucidité avec lesquels l'orateur dispose ses preuves. Sous le rapport du fond, les argumens qu'il oppose aux prétentions de Cherea ne sont pas toujours très-convaincantes. Par exemple, il est permis de croire que Cicéron établissait un principe contesté, même à Rome, quand il supposait qu'un associé avait le droit de transiger pour son compte et en son nom, sans rapporter à la masse commune la somme qu'il avait perçue. Enfin, la lecture de ce

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