Je peindrai le carnage inondant les sillons, Le vieux roi Latinus dans une paix profonde Et le temps pour l'hymen a mûri sa beauté. Au milieu du palais, de ses rameaux touffus Ipse ferebatur Phoebo sacrasse Latinus, Laurentesque ab eâ nomen posuisse colonis. Continuò vates: Externum cernimus, inquit, Præterea, castis adolet dum altaria tædis, Et juxta genitorem adstat Lavinia virgo, Visa (nefas) longis comprendere crinibus ignem, Aux lieux où de Laurente on fondoit les remparts, De Latinus, dit-on, il frappa les regards; Lui-même au dieu du jour consacra son feuillage : Laurente en prit son nom. Tel qu'un bruyant nuage, Un jour vint se poser sur l'un de ses rameaux Un essaim dont les pieds en mille et mille anneaux L'un par l'autre attachés à la branche pliante Montrèrent tout à coup une grappe pendante. Un prêtre saint alors fait entendre sa voix : « Mon dieu parle, dit-il, il m'inspire. Je vois » Des lieux d'où cet essaim guide sa colonie » Un peuple belliqueux marcher vers l'Ausonie: » Ils viennent; et bientôt, successeur de nos rois >> Leur chef au Latium dispensera des lois. » C'est peu dans tout l'éclat de sa pompe royale, Un jour auprès du roi, de sa main virginale, Sa fille présentoit l'encens aux immortels; ô terreur ! s'élançant des autels Le feu sacré saisit sa belle chevelure, De son auguste front embrase la parure, Son bandeau, sa couronne, éclatans de rubis, Parcourt en petillant ses superbes habits, D'un brûlant tourbillon l'embrasse toute entière, Et le temple étonné resplendit de lumière. L'augure est consulté: « Ce présage certain » Annonce, répond-il, un illustre destin; » Mais ce feu merveilleux, propice à Lavinie, » D'un vaste embrasement menace l'Ausonie. » Tout à coup, At rex, sollicitus monstris, oracula Fauni Fatidici genitoris adit, lucosque sub altâ Consulit Albuneâ, nemorum quæ maxima sacro Fonte sonat, sævamque exhalat opaca mephitim. Hinc Italæ gentes, omnisque OEnotria tellus, In dubiis responsa petunt. Huc dona sacerdos Cùm tulit, et cæsarum ovium sub nocte silenti Pellibus incubuit stratis, somnosque petivit, Multa modis simulacra videt volitantia miris, Et varias audit voces, fruiturque deorum Colloquio, atque imis Acheronta affatur Avernis. Hic et tum pater ipse petens responsa Latinus Centum lanigeras mactabat ritè bidentes, Atque harum effultus tergo stratisque jacebat Velleribus. Subita ex alto vox reddita luco est: Ne pete connubiis natam sociare Latinis, O mea progenies, thalamis neu crede paratis : Externi venient generi, qui sanguine nostrum Nomen in astra ferant, quorumque ab stirpe nepotes Omnia sub pedibus, quà sol utrumque recurrens Adspicit oceanum, vertique regique videbunt. Hæc responsa patris Fauni, monitusque silenti Latinus s'épouvante; au temple paternel Quand son corps assoupi presse leurs peaux sanglantes, Le roi pénètre au sein de ces forêts antiques, << Mon fils, chez les Latins ne choisis point un gendre; >> Portera jusqu'au ciel notre nom glorieux, >> Dont les fiers descendans vaincront plus de contrées » Que l'astre étincelant des voûtes azurées » N'en découvre sous lui, quand du trône des airs |