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immodéré des bains. Il n'était pas rare de voir des gens périr d'apoplexie pour s'être baignés imprudemment au sortir de table.

V. 106. Hesterni, capite induto, etc. - Les esclaves, affranchis par le testament du défunt, avaient sur la tête un bonnet. symbole de leur nouvelle liberté. Ils suivaient le corps, ou le portaient au bûcher sur leurs épaules.

V. 110. Candida vicini, etc. Ce vers charmant en rappelle un autre non moins gracieux de Properce:

Risit, et arguto quiddam promisit ocello.

SATIRE IV.

Cette satire a beaucoup de rapport avec un dialogue de Platon, intitulé le Second Alcibiade. Sous le nom de Socrate, Perse gourmande un jeune présomptueux qui ose se mêler du gouvernement de la république. Il est à peu près certain que, dans la personne d'Alcibiade, le poëte a voulu représenter Néron jeune encore, commençant à donner des signes de sa perversité naturelle.

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Dans cette satire allégorique, Perse flétrit l'ignorance, la folle présomption et les débauches du jeune empereur, qui prélude par des vices aux crimes dont il va bientôt se souiller. Mais lorsque Perse écrivait cette satire, Néron n'était encore ni fratricide ni parricide.

Ceux qui ne voudraient pas voir dans ces vers une allégorie contre Néron doivent pourtant faire quelque attention à certains mots jetés çà et là, Vectidius,Curibus, Puteal, et surtout Quirites, qui ne permettent pas de douter que la scène ne se passe à Rome. Le pupille du grand Périclès ne peut être que le disciple de Sénèque.

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V. 3. Pupille Pericli. Alcibiade, fils de Clinias et de Dinomaque.

V. 6. Ergo, ubi commota, etc. C'est une fort belle imitation du magnifique passage de l'Enéide (livre I, vers 147):

Ac veluti magno in populo quum sæpe coorta est
Seditio, etc., etc.

V. 8. Quirites. - Perse oublie à dessein que la scène est dans Athènes, et il se sert du mot Quirites, fils de Romulus.

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V. 13. Theta. Le théta est la première lettre du mot Bávaros, la mort. Chez les Grecs, quand on prononçait une condamnation capitale, le nom du coupable était marqué d'un thêta.

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V. 16. Anticyras. Mot à mot, tu ferais mieux de boire des anticyres toutes pures. Anticyros est le nom de deux îlots, situés près des côtes de Thessalie: ils produisaient beaucoup d'ellébore, plante dont on faisait un grand usage en médecine.

V. 18. Cuticula sole. - Les Romains, par hygiène, mais plus souvent par mollesse, se frottaient le corps d'essences, exposés au soleil. C'est ce qu'ils appelaient insolatio.

Nous voyons, dans Pline, que Néron n'avait pas de plus agréables passe-temps.

V. 20. Dinomaches. — Alcibiade, qui prétendait, suivant Plutarque, descendre d'Ajax par sa mère, ne vante ici que sa noblesse maternelle. Mais ce trait piquant retombe sur Néron, qui ne tenait à la famille des Césars, à la famille Claudia, que par sa mère Agrippine, fille de Germanicus.

V. 25. Vectidi. - Quel est ce Vectidius? Les commentateurs ne donnent là-dessus aucune lumière. Qu'il nous suffise de savoir que Perse a voulu mettre en scène quelque riche d'une avarice sordide.

V. 26. Quantum non milvus. - Juvénal, sat. IX, v. 55, dit de même:

Tot milvos intra tua pascua lassos.

V. 28. Jugum pertusa ad compita. - Il y avait, dans les carrefours, des autels et de petites chapelles à quatre faces ou à quatre ouvertures (pertusa ). Il était d'usage, chez les anciens, de suspendre, aux jours de fêtes, les instruments de labourage à l'autel du carrefour. On nommait ces fêtes Compitales.

V. 35. Penemque, etc. Je n'ai pas cru avoir le droit d'omettre ces détails, malgré leur obscénité. Le traducteur doit reproduire scrupuleusement son original, ou ne pas y toucher.

V. 42. Cædimus. Horace, liv. II, épît. II, v. 97:

Cædimur, et totidem plagis consumimus hostem.

V. 44. Cæcum vulnus habes. Expression métaphorique qui veut dire Tu caches tes vices sous des dehors brillants. Mais peut-être ce langage doit-il se prendre au propre, et désigner Néron, qui, dans ses courses nocturnes, maltraitait les passants, et se faisait souvent maltraiter lui-même.

V. 49. Vibice flagellas. - Suétone, dans la vie de Néron, s'étend beaucoup sur les violences auxquelles cet empereur se livrait dans les rues de Rome. Mais comme, dans ces honteuses

expéditions, il avait plusieurs fois manqué de périr, il ne sortait plus, la nuit, qu'avec une nombreuse escorte, toujours prête à lui porter secours.

V. 52. Supellex. Cette expression figurée, l'ameublement de l'âme, de l'esprit, est très-usitée chez les auteurs latins. Cicéron, de Amicitia : « Amicos parare, optimam et pulcherrimam a vitæ supellectilem.

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SATIRE V.

Cette satire, qui est la plus importante et la plus belle de Perse, traite de la vraie liberté. C'est une discussion de morale, fondée entièrement sur les principes du Portique. L'homme vraiment libre est celui qui est maître de ses passions, et non celui que la baguette du préteur affranchit de l'esclavage. Cet ouvrage, en forme de dialogue, est adressé au philosophe stoïcien Cornutus, gouverneur et ami de Perse.

V. 1. Vatibus hic mos est. - Virgile, au sixième chant de l'Enéide, dans la description des enfers:

Non, mihi si linguæ centum sint, oraque centum.

Cette hyperbole, que n'ont point dédaignée les plus grands poetes, Homère lui-même, n'est ici condamnée par le bon goût de l'auteur que parce qu'elle est usée et rebattue.

V. 8. Procnes. - Procné ou Progné, fille de Pandion, roi d'Athènes, pour se venger de Térée, son époux, lui servit, dans un repas, les membres de son fils Itys.

V. 9. Glyconi. - Ce Glycon était, suivant le vieux scoliaste, un mauvais comédien, affranchi de Néron.

V. 18. Plebeiaque prandia. main.

Perse veut qu'on reste Ro

V. 19. Bullatis ut mihi nugis. · C'est ce qu'Horace, dans son Art poétique, appelle nugæ canoræ, des bagatelles sonores.

V. 25. Quid solidum crepet. - Lorsqu'on achète un vase de terre, on le frappe légèrement, pour juger, d'après le son, s'il n'est pas fêlé.

V. 30. Purpura. - Les enfants, jusqu'à l'âge de puberté, portaient la prétexte, espèce de robe bordée de pourpre, assez semblable à celle des magistrats.

V. 32. Suburra.

Suburre était le quartier le plus populeux

de Rome, celui où se tenaient principalement les femmes publiques.

V. 33. Candidus umbo. - Ce candidus umbo était, suivant Farnabe, un petit bouclier uni qu'on donnait aux enfants, lorsqu'ils venaient de quitter la robe prétexte. Ce bouclier, vide encore et sans insignes, ils devaient le couvrir d'emblèmes et de glorieuses devises, témoignage de leur valeur dans les combats.

Mais il est plus vraisemblable que Perse emploie ici une expression métaphorique pour désigner la robe virile, qui était toute blanche, tandis que la prétexte était bordée d'une frange de pourpre. La toge des Romains formait sur la poitrine une réunion de plis qu'on appelait umbo; comme on nommait clavus le nœud sur l'épaule gauche.

V. 45. Non equidem hoc dubites. Tout ce passage astrologique est imité d'Horace, qui dit presque la même chose en parlant de lui et de Mécène, liv. II, ode XVII.

Les anciens croyaient que plusieurs astres, surtout la constellation des Gémeaux et celle de la Balance, faisaient naître cette mystérieuse sympathie. La constellation de Saturne était funeste, autant que celle de Jupiter était favorable.

V. 52. Mille hominum species. - Perse imite dans ce vers Horace, qui lui-même imitait Térence. Horace avait dit :

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Quot homines, tot sententiæ: suus cuique mos est.

V. 55. Pallentis grana cumini. — C'est une plante originaire d'Égypte. Le cumin, selon Pline, rend pâles ceux qui le prennent en infusion.

V. 66. Cras hoc fiet, etc. Cette marche inflexible du temps est exprimée d'une manière non moins saisissante dans le Macbeth de Shakspeare:

To-morrow, and to-morrow, and to-morrow,
Creeps in this petty pace from day to day,

To the last syllable of recorded time.

Demain, demain, demain, se glisse ainsi à petits pas d'un jour sur un autre, jusqu'à la dernière syllabe du temps qui " nous est écrit. »

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V. 73. Velina. Le nom de la tribu Véline vient du lac Velinum, dans la campagne de Rome.

V. 74. Tesserula. - La tessère était une marque, un chiffre

inscrit sur une petite plaque de bois ou de métal; et, moyennant cette marque, une certaine quantité de froment était remise à celui qui en était porteur.

V. 76. Vertigo facit. Lorsqu'un maître voulait affranchir son esclave, il le conduisait devant le préteur; là, il le faisait pirouetter sur les talons, et le renvoyait avec ces mots sacramentels HUNc esse liberuM VOLO; Je veux que cet homme soit libre.

V. 79. Marcus Dama Dama est un nom d'esclave. Le prénom de Marcus est un des plus nobles de Rome.

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V. 82. Pilea. Le pileum ou bonnet était l'emblème de la liberté. On le mettait sur la tête de l'esclave au moment de l'affranchissement; puis le préteur le frappait de sa baguette vindicta, et l'esclave était libre.

V. 86. Stoicus. - Dans ce syllogisme, le stoïcien admet la proposition générale, c'est-à-dire, la majeure; mais il nie l'application, ou la mineure.

V. 90. Masuri rubrica.

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Masurius, jurisconsulte célèbre sous le règne de Tibère, et auteur de trois livres sur le Droit civil.

V. 103. Melicerta.

vigation.

-

Mélicerte, dieu de la mer et de la na

V. 119. Digitum exere. Suivant la doctrine rigoureuse du Portique, toutes les fautes, même les plus insignifiantes en apparence, sont égales de la part de l'homme vicieux.

V. 126. Crispini. — Peut-être est-il ici question du Crispinus dont Tacite et Juvénal parlent si souvent et en si mauvaise part.

V. 132. Mane piger stertis. Boileau a imité ce beau passage dans sa huitième satire; mais il me semble que l'avantage est resté au poëte latin.

V. 135. Coa. L'île de Cos, dans la mer Egée.

V. 149. Quincunce modesto. - Ce passage est curieux pour l'intérêt de l'argent chez les Romains à cette époque. Les effets sur la place de Rome ne rapportaient guère que moitié des effets du commerce à l'étranger, du commerce avec l'Asie.

(NOTE de M. Perreau. )

Cet admirable vers est

V. 153. Hoc, quod loquor, inde est. imité d'Horace; mais ici l'imitateur a réellement surpassé son modèle par l'énergique rapidité du style. Voici le vers d'Horace :

Dum loquimur, fugerit invida

Etas.

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