SATIRE II. DES HYPOCRITES. PAR delà le Sarmate et l'Océan glacé, Je fuirais loin de Rome, et d'un pas empressé, Un Cléanthe archetype ornant leur cabinet. Oh! que la face trompe! En tous quartiers abonde Cette race au visage austère, au cœur immonde. Tu gourmandes le vice, ô monstre de dégoût, Du bourbier socratique abominable égout! Ces membres négligés, qu'un poil épais enferme, Semblent promettre une âme et vigoureuse et ferme ; Cæduntur tumidæ, medico ridente, mariscæ. Rarus sermo illis, et magna libido tacendi, 16 Atque supercilio brevior coma. Verius ergo Et magis ingenue Peribonius: hunc ego fatis Imputo, qui vultu morbum incessuque fatetur. Horum simplicitas miserabilis; his furor ipse Dat veniam sed pejores qui talia verbis : 20 Herculis invadunt, et de virtute locuti Clunem agitant. Ego te ceventem, Sexte, verebor? Infamis Varillus ait: quo deterior te? Loripedem rectus derideat, Æthiopem albus. Quis tulerit Gracchos de seditione querentes? 25 Quis cœlum terris non misceat et mare cœlo Si fur displiceat Verri, homicida Miloni, Clodius accuset moechos, Catilina Cethegum? In tabulam Sullæ si dicant discipuli tres? Qualis erat nuper tragico pollutus adulter 30 Concubitu, qui tunc leges revocabat amaras Omnibus, atque ipsis Veneri Martique timendas, Mais de ton flanc poli, qui dénonce tes mœurs, Je plains ce furieux que sa fureur excuse!... Suis-je plus vil que toi? dit Varille à Sextus : Crois-tu m'intimider? » De l'homme aux pieds tortus, Celui qui marche droit peut rire, je l'avoue; Du noir Éthiopien, que l'homme blanc se joue. Mais qui pourrait souffrir sans indignation Les Gracques se plaignant de la sédition, Verrès blåmant le vol, Clodius, l'adultère? Qui ne voudrait confondre océan, ciel et terre, Si Milon, tout sanglant, du meurtre s'étonnait, Si contre Céthégus Catilina tonnait; Et si les triumvirs, à l'implacable histoire, De leur maître Sylla dénonçaient la mémoire ? Comme cet empereur, monstre abhorré du jour, Qui naguère, souillé d'un exécrable amour, Renouvelait des lois effrayantes, capables D'épouvanter Vénus et Mars, ces dieux coupables; Quum tot abortivis fecundam Julia vulvam Solveret, et patruo similes effunderet offas. Nonne igitur jure ac merito vitia ultima fictos 35 Contemnunt Scauros, et castigata remordent? Non tulit ex illis torvum Lauronia quemdam Clamantem toties: Ubi nunc, lex Julia? dormis ? Ad quem subridens Felicia tempora, quæ te Moribus opponunt! habeat jam Roma pudorem! 40 Tertius e cœlo cecidit Cato. Sed tamen unde Hæc emis, hirsuto spirant opobalsama collo Quod si vexantur leges ac jura, citari Ante omnes debet Scantinia. Respice primum 45 Et scrutare viros faciunt hi plura; sed illos Defendit numerus, junctæque umbone phalanges. Magna inter molles concordia: non erit ullum Exemplum in nostro tam detestabile sexu. Tædia non lambit Cluviam, nec Flora Catullam : Tandis que Julia, dans ses avortements, De ses flancs trop féconds arrachait, tout fumants, Lauronia ne put tolérer la bassesse D'un pareil sycophante; il s'écriait sans cesse : « Hélas! où donc es-tu, loi Julia? tu dors? » a Siècle heureux! lui dit-elle en souriant alors, Oui, bien heureux d'avoir pour censeur un tel homme! Grâce à toi, la pudeur va renaître dans Rome! Un troisième Caton nous est tombé des cieux. Mais d'où vient ce parfum rare et délicieux Que ton épaisse barbe exhale? Quel portique De ton marchand d'essence enferme la boutique? Puisque vous réveillez les lois et les édits, Commencez par la loi Scantinia!... Je dis Qu'on ferait mieux, d'abord, de réformer les hommes. Ils sont plus dépravés cent fois que nous ne sommes ; Mais eux, forts de leur nombre, ils se tiennent liés « Comme des bataillons joignant leurs boucliers. « Une étroite concorde enchaîne ces infâmes : Moins de perversité règne parmi les femmes. - Tædia, Cluvia, telles que deux amants, |