61

suite à la nomination du juge, et enfin le judicium ainsi constitué, la litis contestatio s'accomplissait. Il semble qu'à l'origine toutes ces formalités s'exécutaient immédiatement; plus tard, il y eut un délai de trente jours pour que le préteur rédigeât à loisir la formule. La litis contestation accomplie, les deux parties, à moins de délais donnés par le préteur pour faire la preuve ou pour quelque autre raison légitime 62, devaient se présenter devant le juge le troisième jour, nommé dies perendinus, dies comperendinus “3. C'est à ce moment qu'au temps des legis actiones se donnaient peutêtre ces cautions (vades, subvades ) dont parle la loi des Douze Tables 64; mais à coup sûr on ne les donnait plus à l'époque

61 GAIUS, IV, 15, 18 (sup., c. 3, n. 35). (Ascon.) in Verr., I, 9. SERVIUS, ad En., VI, 431 (sup., n. 39).

cá L. 7, 10, de Feriis, II, 12. Ì. 36, pr. 1. 45, pr. D., de Judic., V, 1. 1. 1-4. C., de Dilat., III, 11.

63 GAIUS, IV, 15... Istæ omnes actiones... quando negas sacramento...

ad judicem accipiendum venirent; postea vero reversis dabatur..... XXX judex.; idque per legem Pinariam factum est ante eam autem legem..... dabatur judex. Illud ex superioribus intellegimus, si de re minoris quam M æris agebatur quinquagenario sacramento, non quingenario eos contendere solitos fuisse. Postca tamen quam judex datus esset, comperendinum diem, ut ad judicem venirent, denuntiabant. Deinde cum ad judicem venerant, antequam apud eum [causam] perorarent, solebant breviter ei et quasi per indicent rem exponere, quæ dicebatur causæ collectio, quasi causæ suæ in breve coactio. - Ctc., pro Muren., 12 (sup., c. 3, n. 15). FESTUS. Res comperendinata significat judicium in diem tertium constitutum. — GELLIUS, X, 24. (Ascon.) in Verr., I, 9, a eu certainement le Gaius sous les yeux Comperendinatio est ab utrisque litigatoribus invicem sibi denunciatio in perendinum diem. Namque cum in rem aliquam agerent litigatores, et poena se sacramenti peterent, poscebant judicem, qui dabatur post trigesimum diem : quo dato inter se comperendinum diem, ut ad judicium venirent, denunciabant. Quo cum esset ventum, antequam causa ageretur, quasi per indicem rem exponebant: quod ipsum dicebatur causæ conjectio, quasi causæ suæ in breve coactio.

C4 GELLIUS, XVI, 10. VARRO, de Ling. lat., V, 7. Sponsor et Præs et Vas neque idem, neque res a quibus ii, sed dissimiles. Itaque Præs qui a magistratu interrogatus in publicum ut præstet; a quo cum respondet dicitur Præs. Vas appellatus qui pro altero vadimonium promittebat.

de la procédure formulaire . Il y avait seulement certains cas exactement déterminés dans lesquels on devait donner caution pour l'exécution du judicatum, et dans cette garantie se trouvait naturellement compris l'engagement de comparaître in judicio “.

67

Voici maintenant quelle était la marche de la procédure engagée devant le judex. On exposait d'abord l'affaire en bref, ce qui se nommait causæ conjectio ou causæ collectio; c'était en quelque sorte des conclusions posées; puis on plaidait en détail. Il n'y avait point de procédure spéciale pour la preuve : cette preuve mêlée aux procédures se faisait sans forme particulière. C'était aux patroni de montrer leur talent en produisant ou récusant à propos les témoins amis ou adverses 70. Les témoins étaient communément interrogés en personne, mais on pouvait aussi produire leur déposition écrite ". Les témoins fortifiaient leur déposition

71

Consuetudo erat cum reus parum esset idoneus, inceptis rebus, ut pro se alterum daret a quo caveri postea lege cœptum est ab his qui prædia venderent: vades ne darent. Ab eo scribi cœptum in lege mancipiorum: Vadem ne posceret, nec dabitur.

6(Ascon.) in Verr., I, 9 (sup., n. 64).

66 GAIUS, IV, 88-91 (sup., c. 3, n. 17), 96-102. Satisdat., IV, 11. Cic., pro Quint., 7, 8.

- Pr., §1. Inst., de

67 L. 5, § 2, D., judicat. solvi, XLVI, 7. 1. 6, ibid. Judicatum solvi stipulatio tres clausulas in unum collatas habet, de re judicata, de re defendenda, de dolo malo. l. 13, ibid.

68 GELLIUS, V, 10. (Ascon.) in Verr., I, 9 (sup., n. 63). l. 1, D., de R. J. 1. 17. Regula est quæ rem quæ est breviter enarrat. Non ex regula jus sumatur, sed ex jure quod est regula fiat. Per regulam igitur brevis rerum narratio traditur, et ut ait Sabinus quasi causæ conjectio est, quæ simul cum in aliquo vitiata est perdit officium suum. GAIUS, IV, 15 (sup., n. 63).

69 Cic., pro Rosc. comad., 14; pro Quintio, 18.-FERRATIUS, Epist., I, 3, a cru d'après un discours de Cicéron (pro Cæcina, c. 9, 10), que les témoins étaient entendus avant la plaidoirie; mais ce discours ne peut servir de preuve, puisque la plaidoirie pour Cæcina avait lieu par suite d'une ampliatio.

70 QUINTIL., Inst. orat., V, 7.

7 QUINTIL., Inst. orat., V, 7, § 1. Cic., pro Rosc. comed., 14.

73

par une prestation de serment "2. Jusqu'au règne de Justinien on ne fut pas forcé de déposer en matière civile; ce fut ce prince qui introduisit ce changement ". Les autres moyens de preuves étaient les titres, la notoriété publique et les aveux arrachés par la torture". Ce moyen infâme, et que dans des questions civiles nul prétexte apparent ne pouvait justifier, était employé contre les esclaves en certains cas déterminés, lorsqu'il s'agissait par exemple des biens dépendant d'une succession 7. Le judex pouvait faire compléter par le serment une preuve qu'il jugeait incomplète 76, et probablement aussi une partie pouvait devant le judex, comme devant le préteur, déférer le serment à son adversaire ". Après les plaidoyers en règle on récapitulait les points principaux dans une vive discussion où les deux parties se pressaient d'interrogations et de réponses", puis le jugement était prononcé. Quand il y avait plusieurs judices, c'était la majorité qui déci

77

13, § 4, D., de Testib., XXII, 5. Gabinio quoque Maximo idem princeps (Hadrianus) in hæc verba rescripsit: Alia est auctoritas præsentium testium, alia testimoniorum quæ recitari solent, tecum ergo delibera ut si retinere eos velis, des iis impendia.

72 Cic., pro Rosc. comad., c. 15. QUINTIL., Inst. orat., V, 7, § 5. 73 QUINTIL., Inst. orat., V, 7, § 9. l. 16. 1. 17, C., de Testib., IV, 20. 74 QUINTIL., Inst. orat., V, 1-5.

75 PAUL, Sent., V, 15, § 6. In re pecuniaria tormenta, nisi cum de rebus hereditariis quæritur, non adhibentur. Alias autem jurejurando aut testibus explicantur.-V, 16, § 2, ibid.— 1. 2, D., de App. rec., XLIX, 5.

76 DENYS, II, 75. l. 31, D., de Jurej., XII, 2. Solent enim sæpe judices in dubiis causis exacto jurejurando secundum eum judicare qui juraverit.-1. 3, C., de Reb. cred., IV, 1. In bonæ fidei contractibus, nec non in cæteris causis, inopia probationum, per judicem jurejurando causa cognita res decidi oportet.

77 L. 25, § 3, D., de Probat., XXII, 3. In omnibus autem visionibus, quas præposuimus, licentia concedenda est ei, cui onus probationis incumbit, adversario suo de rei veritate jusjurandum inferre, prius ipso pro calumnia jurante, ut judex juramenti fidem secutus ita suam sententiam possit firmare jure referendæ religionis ei servando.

78 QUINTIL.. Inst. orat., VI, 4.

82

dait". Quand le juge n'était pas suffisamment éclairé par les plaidoiries, la cause était ajournée ( lis ampliata), et l'on recommençait une seconde et une troisième fois les plaidoiries . La sentence devait se prononcer de vive voix a1, s1, mais ordinairement elle était écrite avant le prononcé, et c'était sur la tabella qu'on la lisait.Si le défendeur faisait défaut au judicium, il était cité trois fois, soit par dénonciation orale (denunciatione) soit par dénonciation écrite (literis), soit par affiche (edictis) 5; après ces formalités, la procédure se continuait malgré son absence, et le jugement rendu avait la force d'un jugement contradictoire 4,

79 VAL. MAX., VII, 7, 1; 36, 38, pr., D., de Re jud., XLII, 1.

80 De là ces expressions de prima, secunda, tertia actio, que nous rencontrons dans CICERON, pro Flacc, 20; pro Cæcina, 2, 33. (Ascon.) in Verr., I, 9 (sup., n. 63), GELLIUS, XIV, 2.

81 L. 1, C., de Sententiis ex periculo recitandis, VII, 44. Arbitri nulla sententia est quam scriptam edidit litigatoribus, si non ipse recitarit.

* SUET., Claud., 15. De quodam etiam negɔtio, ita ex tabella pronuntiasse creditur: secundum eos se sentire qui vera proposuissent, propter quæ usque eo eviluit, ut passim ac propalam contemptui esset.-Orelli, Inscr., 3671.. decreto ex Tabulis recitato SPANGENBERG, Tab. neg., 81. Sententiam quam tulit L. Novius Rufus, Leg. Aug., Pr. Pr. V. C., inter compaganos Rivilorenses et al. Faventinum, descriptam el propositam pr. Non. novembr. inluster vir J. S. Rufus.., decretum ex tilia recitavit.

83 PAUL, Sent., V, 5a, § 7. Trinis literis vel edictis, aut uno pro omnibus dato, aut trina denunciatione conventus, nisi ad judicem a quo sibi denuntiatum est, aut cujus literis vel edicto conventus est, venerit, quasi in contumacem dieta sententia auctoritatem rerum judicatarum obtinet; quin imo nec appellari potest ab ea. 1. 68-71, D., de Judic., V, 1. 1. 72, ibid. Non nunquam autem hoc edictum (peremptorium, sc.) post tot numero edicta quæ præcesserint, datur; non nunquam post unum vel alterum, non nunquam stat'm, quod appellatur unum pro omnibus. Hoc autem æstimare oportet eum, qui jus dixit, et pro conditione causæ, vel personæ, vel temporis, ita ordinem edictorum vel compendium moderare. 1. 26, § 29, D., de Fideic. libert., XL, 5. 1. 7, 8, 9, C., Quomodo et quando judex, VII, 43,

34 L. 73, D., de Judic., V, 2. Et post edictum peremptorium impetra

CHAPITRE VII.

Des Changemens introduits sous les Empereurs.

Sous l'empire, les consuls conservèrent jusqu'au quatrième siècle quelque pouvoir judiciaire. La juridiction des préteurs dura plus longtemps. Mais le préfet de la ville prit une part importante de leurs fonctions *.

Hors de Rome, dans l'Italie et dans les provinces, la juridiction fut partagée entre les magistrats municipaux et les gouverneurs. L'empire, jaloux des franchises municipales, avait réduit de beaucoup la compétence des magistrats municipaux; la juridiction criminelle leur avait été complétement enlevée, et de la juridiction civile il ne leur était resté qu'une compétence fort étroite et bornée aux actes

tum, quum dies ejus supervenerit, tune absens citari debet, et sive responderit, sive non responderit, agetur causa et pronuntiabitur; non ulique secundum presentem, sed interdum vel absens, si bonam causam habuit,vincet.-Cod. Gregor., X, 1.—l. 1, 2, 25, C., Quomodo et quando judex, VII, 43.

' GAIUS, II, 278. Præterea legata per formulam petimus: fideicommissa vero Romæ quidem apud consulem, vel apud eum prætorem qui præcipue de fideicommissis jus dicit persequimur in provinciis vero apud præsidem provinciæ.

2 L. 17, C., de Appel., VII, 68.-1. 18, C., de Præd, min., V, 71.1. 16, C. Th., de Off. præt., VI, 4. SYMMACH., Epist., VIII, 21. Prætorem Symmachum novum mox urbanum tribunal accipiet, X, 39, Nov. 13, c. 1.

3 I.. 1, D., de Off. præf. urb., I, 12. l. 1, § 2. D., de Obseq. parent,, XXXVII, 15. WALTER, Histoire de la Constitution romaine, chap.

XXVIII,