L'ART POÉTIQUE DE BOILEAU. CHANT PREMIER. C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur O vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse, La nature, fertile en esprits excellents, L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme; L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme; Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime, La plupart, emportés d'une fougue insensée, Ils croiroient s'abaisser, dans leurs vers monstrueux, S'ils pensoient ce qu'un autre a pu penser comme eux. Évitons ces excès: laissons à l'Italie De toux ces faux brillants l'éclatante folie. Tout doit tendre au bon sens; mais pour y parvenir Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie. Un auteur quelquefois trop plein de son objet Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire. ་་ Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire: Un vers étoit trop faible, et vous le rendez dur : |