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NOTES

SUR

L'ART POÉTIQUE DE BOILEAU

NOTES

SUR

L'ART POÉTIQUE DE BOILEAU.

NOTES SUR LE CHANT PREMIER.

NOTE I.

BOILEAU, page 61, vers 12:

Et consultez longtemps votre esprit et vos forces.

HORACE, S 3:

Versate diu quid ferre recusent,

Quid valeant humeri.

Auteurs, voyez quel poids vos reins peuvent porter
Afin d'y mesurer le sujet à traiter.

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Aimez donc la raison que toujours vos écrits Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.

BOILEAU a dit encore, page 67, vers 10:

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.

HORACE, S 16:

Scribendi recte sapere est et principium et fons.

De l'art le vrai principe et la source certaine,

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Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant;
L'esprit rassasié le rejette à l'instant.

HORACE, S 18:

Omne supervacuum pleno de pectore manat.

...

Quand la maxime est claire

Et concise, l'esprit la recueille avec soin;

Mais ce qu'on dit de trop, il le rejette au loin.

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Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire Un vers étoit trop faible, et vous le rendez dur. J'évite d'être long et je deviens obscur.

L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue, L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue. Voulez-vous du public mériter les amours,

Sans cesse en écrivant variez vos discours.

Heureux qui, dans ses vers, sait, d'une voix légère,
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère!
Son livre, aimé du ciel et chéri des lecteurs,
Est souvent chez Barbin entouré d'acheteurs.

HORACE a dit d'abord, § 2:

Decipimur specie recti: brevis esse laboro,
Obscurus fio; sectantem levia nervi
Deficiunt animique; professus grandia turget;
Serpit humi tutus nimium timidusque procellæ.
Qui variare cupit rem prodigialiter unam,
Delphinum silvis appingit, fluctibus aprum :
In vitium ducit culpæ fuga, si caret arte.
Quelle déception attend et désespère

Le malheureux poëte! Il tâche d'être court,
Il est obscur; ailleurs, lorsque son esprit court
Après la grâce, adieu la vigueur; s'il s'élève,
Il arrive à l'enflure et le nuage crève.
L'un craint trop la tempête, il rampe tristement;
L'autre, pour varier son sujet dignement,

Y joint le merveilleux : dans la forêt profonde
Il nous montre un dauphin, un sanglier dans l'onde.

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