L'ORATEUR, dont nous publions ici la traduction, est, de tous les ouvrages de Cicéron sur l'art oratoire, celui qui réunit le plus de suffrages, et qui passe pour son chef-d'œuvre. Dans tous les autres Traités, Cicéron s'est contenté de donner des préceptes d'après les maximes des anciens rhéteurs; ici il parle d'après lui-même; et c'est sur le beau idéal, dont il s'est formé le modèle, qu'il établit ses principes. Cicéron a conçu son plan d'une manière trèsélevée. Il trace le portrait d'un orateur parfait. Il ne va point le chercher dans les orateurs grecs et romains, il le prend en lui-même. Il examine avec soin ce qui constitue le véritable orateur; et il ne le trouve ni dans l'invention, ni dans la disposition, ni même dans l'action: toutes ces parties peuvent se rencontrer séparément dans des orateurs très-médiocres; aussi, passant légèrement sur ces articles, il réunit toutes les lumières de son génie sur l'élocution, qui constitue le véritable orateur. En effet, on peut imaginer un sujet, on peut en ordonner convenablement toutes les parties, on peut même, jusqu'à un certain point, faire illusion par un débit heureux, une pro |