Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin, Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant: unne Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire 3. 60 unecessarily Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire: Un vers était trop faible, et vous le rendez dur; J'évite d'être long, et je deviens obscur; L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue; Sans cesse en écrivant variez vos discours. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme. 70 variety 75 1. Pour réhabiliter un peu ce palais si décrié, il convient d'en citer quelques vers, tirés de la description de l'escalier : D'un marbre blanc et pur cent nymphes bien rangées, 2. llorace, Art poélique, vers 337 : Omne supervacuum pleno de pectore manat. 5. Voltaire complète cette pensée par un vers analogue, et qui a eu, comme celui de Boileau, le privilége de devenir proverbe en naissant, discours vi, vers 171: Le secret d'ennuyer est celui de tout dire. 1. Tous ces vers sont imités de l'Art poélique d'llorace: Obscurus fio; sectantem lævia, nervi Deticiunt animique; professus grandia turget; Serpit humi, tutus nimium timidusque procellæ. (Vers 28). 5. Le chant des psaumes ou psalmodie est sur un seul ton. Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci. Est souvent chez Barbin entouré d'acheteurs'. Quoi que vous écriviez, évitez la bassesse : kets Du clerc et du bourgeois passa jusques aux princes; Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs Et, jusqu'à d'Assouci, tout trouva des lecteurs*. 1. Horace, Art poétique, vers 345: Hic meret æra liber Sosiis. 80 85 90 95 2. Boileau a poursuivi le burlesque à outrance. Il le détestait si cordialement, qu'il lui est arrivé deux fois, devant Louis XIV et madame de Maintenon, de maugréer contre ce misérable Scarron. Cependant Scarron n'était pas si misérable: il a su traiter le burlesque avec esprit et finesse. Plusieurs traits du Virgile travesti sont d'un excellent comique, et quelques-uns sont des critiques justes et plaisantes du modèle. Mais comme ce travestissement, si ingénieux qu'il soit, est une atteinte réelle à la dignité du modèle, que le souvenir qu'il laisse corrompt toujours l'impression morale du beau sur les esprits, Boileau l'a toujours considéré comme un attentat littéraire, et presque comme un sacrilége. 3. Tabarin, auteur de quolibets et de farces qu'on a recueillis, et vendeur d'orviétan, avait ses tréteaux sur le pont Neuf. 4. Tout trouva est dur, et le paraissait surtout à d'Assoucy, qui ne put le digérer. Ce méchant auteur, homme de mauvaises mœurs, avait quelque talent pour la musique, et passait pour un compagnon assez agréable. Moliere, pendant ses courses à travers la province, l'hébergea assez longtemps. Chapelle et Bachaumont le rencontrèrent dans leur voyage à Montpellier, fort en peine des suites d'une mauvaise affaire. Avant de recevoir les coups de la férule de Boileau, d'Assoucy avait eu à essuyer les brutales apostrophes de Cyrano de Bergerac. On I appelait le singe de Scarron. Au reste, ce misérable auteur avait bien mérité toutes les avanies qu'il eut à subir. 5. Le Typhon ou la Gigantomachie est le début de Scarron dans le genre burlesque. Boileau a vouait que les premiers vers de ce poëme sont assez plaisants. Le Parisien Boileau aime à railler les goûts de la province. C'est dans le même esprit qu'il dira, au cinquième chant du Lutrin, vers 162: ...La Pharsale aux provinces si chère. Imitons de Marot l'élégant badinage,| place where all Et laissons le burlesque aux plaisants du pont Neuf. quacks & render Mais n'allez point aussi, sur les pas de Brébeuf1, Même en une Pharsale, entasser sur les rives D De morts et de mourants cent montagnes plaintives. 100 N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire. I Que toujours dans vos vers le sens, coupant les mots, 105 110 1. Brébeuf ne mérite pas toute cette colère de Boileau; s'il y a des excès d'enflure dans sa traduction de la Pharsale, on peut dire qu'il les a expiés par l'élévation et la pureté de quelques-unes de ses poésies chrétiennes. On ignore généralement que Brébeuf, cédant à la conta gion qui régnait, essayà de travestir Lucain avant de le traduire. On dit qu'il avait eu l'intention de traduire Virgile pendant que Segrais avait des vues sur Lucain, et qu'un échange à l'amiable se fit entre les deux poëtes. Ce n'est pas Lucain qui a été le plus maltraité. 2. Lucain s'était contenté de dire: Tot corpora fusa; et Brébeuf, sur ce texte, écrit ces deux vers: De mourants et de morts cent montagnes plaintiv Avouons que dans l'intervalle Corneille avait dit: Des montagnes de morts, des rivières de sang, et que Corneille imitait l'historien latin Aurélius Victor : « Stabant cadaverum acervi, montium similes; fluebat cruor fluminum mode. » Il faut faire la part de chacun dans ce délit poétique. 3. Tous ces vers sont des modèles de précision didactique et d'harmonie imitative. Regnier avait auparavant traité fort lestement ces scrupules et ces règles étroites que Malherbe imposait de son temps. Il disait, satire Ix, vers 55: Leur savoir ne s'étend seulement Qu'à regratter un mot douteux au jugement, Prendre garde qu'un qui ne heurte une diphthongue, Ne rend point à l'oreille un son trop languissant. 4. Cicéron, dont la prose harmonieuse caresse si agréablement l'oreille, fait la même remarque dans l'Orator: « Quamvis enim suaves gravesque sententiæ, tamen, si inconditis verbis efferuntur, offendunt aures. quarum judicium superbissimum. » history Durant les premiers ans du Parnasse françois, 4. 115 120 123 1. Du temps de Boileau, la finale de françois et de lois rendait encore un son identique. 2. Cette critique ne saurait atteindre que les longs poëmes narratifs et monorimes des trouvères: encore est-elle excessive; car s'il est vrai qu'on trouve peu d'ornements et point de nombre dans ces ébauches épiques, il est faux qu'il n'y ait point de césure. Cette règle est partout fidèlement observée, soit dans les vers de dix syllabes, soit dans les alexandrins, et la césure partout sensible est déjà à la place que nos poëtes lui ont gardée; seulement à cette place une syllabe muette n'a pas besoin d'être élidée pour ne pas compter. 3. Boileau entend par romanciers les écrivains de la langue romane d'oïl, et non les auteurs de romans ou de romances. Ces deux mots qui ont la même étymologie, ont gardé une acception restreinte, et désignent deux genres spéciaux. On sait ce qu'on entend aujourd'hui par roman et par romance.· Quant à Villon, il n'a rien débrouillé; l'on ne lui doit aucun progrès de forme. Son mérite est d'avoir été poëte, c'est-à-dire d'avoir consacré quelques sentiments vrais par des expressions vives et saillantes. 4. Il est faux que Marot ait trouvé pour rimer des chemins tout nouveaux; il n'a point innové. La ballade florissait avant lui, ainsi que le triolet, la mascarade et le rondeau. Même il n'a fait ni triolet, ni mascarade. Une seule de ses quinze ballades, celle du frère Lubin, est un chef-d'œuvre. Marot a excellé dans l'épître badine, le madrigal, l'épigramme et le coq-à-l'âne, dont Boileau ne parle pas. Voilà bien des inexactitudes en peu de vers. 5. Boileau constate le triomphe et la chute de Ronsard, qu'il exécute plutôt qu'il ne le juge. Ronsard enivra d'abord ses contemporains et s'égara de plus en plus sur la foi de leur admiration. Il a été trop loué et trop dénigré. C'était, comme l'a dit Balzac, le commencement d'un poëte. 11 en a eu l'enthousiasme et non le goût. S'il a échoué complétement dans l'épopée et l'ode pindarique, il faut reconnaitre aussi Juns a rencontré par intervalles la vraie noblesse du langage poétique quelques passages du Bocage royal, des Hymnes et des Discours sur les misères du temps. M. Sainte-Beuve, qui, de nos jours, End stumble. Ce poëte orgueilleux, trébuché de si haut, (Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, ; ele at end a revisé ce grand procès, a tout au moins prouvé, pièces en main, 1. Desportes (1552-1611) et Bertaut (1546-1606), tous deux disciples 2. Cet éloge de Malherbe est d'un ton presque lyrique. Il est digne du réformateur de la poésie et du législateur du Parnasse. Boilea a continue Malherbe, et il est juste qu'il le célèbre. D'ailleurs, to us les traits de cette peinture sont parfaitement exacts. Malherbe a to us les mérites dont Boileau le loue. La juste cadence, la place des mots, les règles du devoir, le tour heureux et la clarté, tout cela revient de droit à Malherbe. Mais ce poëte, sobre et vigoureux, plus gramm airien que poëte, laisse souvent désirer des images plus vives, plus de richesse dans l'expression, plus de variété dans les tours, plus d'entrain poétique et d'inspiration. Tel qu'il est, c'est encore un modèle et un maitre. 3. L'harmonie de ces deux vers charme l'oreille, et la charme si bien, qu'on ne remarque pas la hardiesse de la métaphore qui épure Toreille. Horace avait parlé de l'oreille épurée, mais sans métaphore, livre I, épître 1, vers 7: Est mihi purgatam crebro qui personet aurem. Et de l'oreille non épurée, livre épître 11, vers 55: Auriculæ collecta sorde dolentes. |