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pour cela que l'usufruit n'est possible que sur les

choses quæ usu non consumuntur. Cependant un sénatus-consulte, sous Tibère, décida qu'un rapport semblable à l'usufruit pouvait être établi quant aux choses quæ usu consumuntur. Ce droit, appelé quasi ususfructus, n'est pas un véritable jus in re aliena, mais seulement un droit de créance, garanti par une caution analogue à la cautio usufructuaria, et imitant, d'ailleurs, autant que possible, l'ususfructus. L'ususfructus et l'usus constituent les deux formes régulières de servitudes personnelles. Mais les Romains admirent, en outre, qu'on pouvait, par des dispositions spéciales, établir des servitudes personnelles, particulièrement modifiées, plus restreintes dans leur objet. Deux de ces modifications reçurent plus tard un nom technique et des règles propres : ce sont l'habitatio et les operæ servorum (vel animalium).

Ususfructus est jus alienis rebus utendi fruendi, salva rerum substantia.

Constituitur autem ususfructus non tantum in fundo et ædibus, verum etiam in servis et jumentis et ceteris rebus, exceptis iis, quæ ipso usu consumuntur. Nam hæ res neque naturali ratione, neque civili recipiunt usumfructum. Quo in numero sunt vinum, oleum, frumentum, vestimenta, quibus proxima est pecunia numerata; namque ipso usu, assidua permutatione quodammodo extinguitur. Sed utilitatis causa senatus censuit, posse etiam earum rerum usumfructum constitui: ut tamen eo nomine heredi utiliter caveatur. Itaque si pecuniæ ususfructus legatus sit, ita datur legatario, ut ejus fiat, et legatarius satisdet heredi, de tanta pecunia restituenda, si morietur, aut capite minuetur.... Ergo senatus non fecit quidem earum rerum usumfructum (nec enim poterat), sed per cautionem quasi usumfructum constituit. Pr. et § 2, I., II, 4, De usufructu.

Minus autem juris est in usu, quam in usufructu. Nam is, qui fundi nudum habet usum, nihil ulterius habere intelligitur, quam ut oleribus, pomis, floribus, fœno, stramentis, et lignis ad usum

quotidianum utatur; in eoque fundo hactenus ei morari licet, ut neque domino fundi molestus sit, neque iis, per quos opera rustica fiunt, impedimento; nec ulli alii, quod habet, aut locare, aut vendere, aut gratis concedere potest, quum is, qui usumfructum habet, possit hæc omnia facere. §1, I., 11, 5, De usu et habitatione.

Sed si cui habitatio legata, sive aliquo modo constituta sit, neque usus videtur, neque ususfructus, sed quasi propriuni aliquod jus; quamquam habitationem habentibus, propter rerumn utilitatem, secundum Marcelli sententiam, nostra decisione promulgata permisimus, non solum in ea degere, sed etiam aliis locare. § 5, I., eod.

Si cujus rei ususfructus legatus sit, æquissimum prætori visum est, de utroque legatarium cavere et usurum se boni viri arbitratu, et, quum ususfructus ad eum pertinere desinet, restituturum, quod inde exstabit. ULPIAN., fr. 1, pr., D., vi, 9, Usufructuarius quemadmodum caveat,

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Etablissement et extinction des servitudes.

Dig., lib. vi, tit. 4, Quibus modis ususfructus vel usus amittitur.
Dig., lib. vm, tit. 6, Quemadmodum servitutes amittuntur.

I. Par une conséquence évidente de la nature propre des servitudes, qui une fois établies sont inséparablement liées au sujet auquel elles appartiennent, leur acquisition est toujours originaire et ne peut jamais être dérivée.

Le mode d'établissement le plus naturel et le plus fréquent consiste en un acte de la volonté du propriétaire, qui détache certaines parties intégrantes de sa propriété, pour les transporter à d'autres, et qui aliène ainsi partiellement sa chose. Dans l'ancien droit romain, cela s'opérait par l'in jure cessio, et aussi, pour les servitutes prædiorum rusticorum, par la mancipatio. Dans le nouveau droit, depuis la disparition de l'in jure cessio et de la mancipatio, faut-il, outre

la convention, quelque chose de plus, une sorte de tradition? et en quoi consiste-t-elle ? C'est une question très-controversée1..

Les servitudes peuvent être établies aussi par des dispositions testamentaires; ce qui arrive surtout fréquemment pour les servitudes personnelles.

Une servitude peut encore être établie par prescription. Il ne faut pas confondre avec ce cas celui où quelqu'un acquiert par usucapion la propriété d'un immeuble; car, bien qu'alors il acquière par cela même les servitudes qui appartiennent déjà au fonds, ce n'est point là une prescription de la servitude, comme telle, mais seulement du fonds, et les servitudes qui compètent à ce fonds partagent seulement, comme accessiones, la destinée juridique du fonds prescrit. Mais une servitude peut aussi être prescrite par elle-même, comme un droit indépendant. Pendant quelque temps, on paraît avoir appliqué aux servitudes, du moins à certaines espèces de servitudes, les principes de l'usucapio ordinaire, tels qu'ils étaient établis dès l'origine pour la propriété. · Mais une lex Scribonia, d'une époque inconnue, le défendit. En remplacement, il se forma peu à peu, sous le nom de longa quasi possessio ou diuturnus usus, une nouvelle sorte de prescription applicable à toutes les servitudes et qui leur est propre. Elle repose sur ce principe, que celui qui exerce sans interruption, per longum tempus, nec vi, nec clam, nec precario, comme son droit, une servitude qui ne lui appartient pas, se place par là dans la même position que s'il eût acquis le droit même de servitude.

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Voy. mon Exposé des principes généraux du droit romain sur la propriété et ses principaux démembrements, 2 édition, n. 75-85 et 109, p. 62-75 et 94. (Note du traducteur.)

Enfin une servitude, au moins l'usufruit, peut quelquefois être acquise ipso jure, d'elle-même, en vertu d'une disposition de la loi : nous en rencontrerons des exemples plus loin, à l'occasion d'autres théories auxquelles ils se rattachent.

II. Les servitudes s'éteignent nécessairement, comme tous les jura in re, par l'anéantissement de leur objet, la chose assujettie, mais encore,. comme tous les jura in re aliena, par confusio, lorsque la chose asservie cesse d'être res aliena relativement à celui à qui compétait la servitude. Elles s'éteignent en outre par certains modes qui leur sont tout à fait propres. C'est ce qui arrive quand le sujet (personne ou chose), auquel appartient la servitude, vient à périr, parce que la servitude lui est inséparablement attachée pour sa durée. Enfin elles s'éteignent par le non usus, c'està-dire parce qu'elles n'ont pas été exercées une seule fois pendant un certain temps, per longum tempus'. Cependant, à ce non-usage doit se réunir, pour les servitutes prædiorum urbanorum, une certaine usu. capio libertatis.

Jura prædiorum urbanorum in jure tantum cedi possunt; rusticorum vero etiam mancipari possunt.

Ususfructus in jure cessionem tantum recipit....

Sed hæc scilicet in italicis prædiis ita sunt, quia et ipsa prædia mancipationem et in jure cessionem recipiunt. Alioqui in provincialibus prædiis, sive quis usumfructum, sive jus eundi, agendi, aquamve ducendi, vel altius tollendi ædes, aut non tollendi, ne luminibus vicini officiatur, cæteraque similia jura constituere velit, pactionibus et stipulationibus id efficere potest; quia ne ipsa quidem prædia mancipationem aut in jure cessionem recipiunt. GAI., II, S 29-31.

Sine testamento vero, si quis velit usumfructum constituere,

Dans l'ancien droit, ce n'était pas per longum tempus, mais per kiennium pour les immeubles, et per annum pour les meubles. (Note du traducteur.)

pactionibus et stipulationibus id efficere debet. § 1, I., 1, 4, De usufructu.

Hoc jure utimur, ut servitutes per se nusquam longo tempore capi possint, cum ædificiis possint. ULPIAN., fr. 10, S1, D., XLI, 3, De usurpationibus et usucap.

Si quis diuturno usu et longa quasi possessione jus aquæ ducendæ nactus sit, non est ei necesse, docere de jure, quo aqua constituta est, veluti ex legato, vel alio modo, sed utilem habet actionem, ut ostendat, per annos forte tot usum se, non vi, non clam, non precario possedisse. ULPIAN., fr. 10, pr., D., vш, 5, Si servit, vindicetur.

Finitur autem ususfructus morte fructuarii et duabus capitis deminutionibus, maxima et media, et, non utendo per modum et tempus. § 3, I., 11, 4, De usufr.

Hæc autem jura (prædiorum urbanorum) similiter, ut rusticorum quoque prædiorum, certo tempore, non utendo pereunt; nisi quod hæc dissimilitudo est, quod non omnino pereunt non utendo, sed ita, si vicinus simul libertatem usucapiat. Veluti si ædes tuæ ædibus meis serviant, ne altius tollantur, ne luminibus mearum ædium officiatur, et ego per statutum tempus fenestras meas perfixas habuero, vel obstruxero, ita demum jus meum amitto, si tu per hoc tempus ædes tuas altius sublatas habueris; alioqui, si nihil novi feceris, retineo servitutem. Item, si tigni immissi ædes tuæ servitutem debent, et ego exemero tignum, ita demum amitto jus meum, si tu foramen, unde exemtum est tignum, obturaveris et per constitutum tempus ita habueris. Alioqui, si nihil novi feceris, integrum jus meum permanet. GAI., fr. 6, D., vш, 2, De servitutibus præd. urban.

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Actions pour protéger les servitudes, ou pour protéger la liberté contre des servitudes prétendues.

Dig., lib. vn, tit, 6, Si ususfructus petatur, vel ad alium pertiner negetur.

Dig., lib. vi, tit. 5, Si servitus vindicetur, vel ad alium pertinere negetur.

Comme il y a pour le dominium une rei vindicatio, de même il y a pour la servitus, afin de pro

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