Rome est de ces vautours le refuge ordinaire. sent défendues, cependant il était permis un père d'enfermer et de tenir chez lui en prison un fils incorrigible; un mari pouvait infliger la même punition à sa femme, et à plus forte raison le maître à l'esclave. Mais les prisons des esclaves étaient hors de Rome en plate campagne. On les appelait ergastules. b Aquin, cité des Volsques, dans la Campanie. D'après ce passage, point de doute qu'elle ne fût la patrie de Juvénal: elle existe encore et porte le nom d'Aquino, ville épiscopale de la terre de Labour dans le royaume de Naples. Elle est encore illustre dans les fastes de l'Eglise Romaine pour avoir donné la naissance à un docteur célèbre, S. Thomas, dont la Somme a causé tant de disputes théologiques. c. Cumes. Deux Grecs exilés de leur patrie bâtirent, non loin de Pouzol, sur les flancs d'une montagne, la ville de Cumes: ees Grecs se nommaient Mégisthène et Hypoclès. d Armé de pied en cap. (Voyez l'avant-dernière note sur le texte latin.) SATIRA IV. A libidine et luxuriâ Crispini, sumptâ occasione describendi ridiculum quoddam Domitiani super rhombo concilium, senatorum in hanc rem sententias lepidè et salsè exponit. Ad partes: monstrum nullâ virtute redemptum a Imitation. Gilbert, dans sa satire intitulée Mon Apologie, a imité ce début vif et énergique de Juvénal. Mais il reste bien au-dessous de son modèle : Le voilà; c'est ce monstre: oui, mon cœur le décèle. Comme ce dernier hémistiche est faible! Nous avons parlé de ce Crispinus dans la première satire; Juvénal le ramène sur le théâtre et le rend si hideux, qu'il est impossible de ne pas abhorrer le vice quand on a de pareils tableaux sous les yeux. Cependant il ne faudrait pas fouiller bien avant dans l'histoire pour trouver des Crispinus. © Aucun commentateurn'a bien interprété ce vers de Juvénal. Achaintre dit: Il méprise les veuves, parce que ce n'est pas par intérêt qu'il aime les femmes, mais par volupté; il ne fait point comme les pauvres citoyens qui courtisent les veuves avares pour se faire inscrire sur SATIRE IV. Après avoir amèrement reproché à Crispinus sa scélératesse, ses mœurs et son intempérance, Juvénal saisit cette occasion pour décrire le conseil ridicule tenu par Domitien, pour savoir à quelle sauce il mettrait un immense turbot. Les avis des sénateurs sont exposés d'une manière fine, piquante, et quelquefois fort gaie; dans cette satire Juvénal se montre le digne rival d'Horace, s'il ne lui est pas supérieur. QUOI! Cette satire fut écrite sous le règne de Trajan. LE TURBOT. uoi! sur la scène encor a ramener Crispinus! Sous son vaste portique il lasse cent chevaux ; Nul méchant n'est heureux. Serait-il plus tranquille, leurs testamens. En citant les vers d'Ovide, le moderne commentateur semble avoir pénétré le sens; mais pourquoi donc l'explication précédente? elle est inutile. Crispinus méprise les veuves, parce qu'il n'aurait pas avec elles le plaisir d'être adultère. Voilà le véritable sens, telle est la pensée de l'auteur; et, pour peu qu'on réfléchisse, on sentira tout le sel d'un pareil trait. d Nul méchant n'est heureux. Belle sentence que Sénèque développe avec un talent admirable dans son livre de la Providence. Incestus, cum quo nuper vittata jacebat 8 a Juvénal montre ici la plus vive indignation contre Domitien, qu'il désigne sous le nom de judex morum; car les empereurs avaient aussi réuni au titre d'imperator les droits de censure et de tribunat. Ce prince fit condamner à mort la vestale Cornelia Maximilla, quoique absente, et sans vouloir l'entendre, et battre de verges le chevalier Celer; Domitien, qui vécut si long-temps avec sa propre nièce Julie, fille de Titus son frère, et qui protégea toujours Crispinus, coupable d'avoir publiquement attenté à la pudeur d'une vessale! Ce ne fut donc pas pour rétablir l'ancienne discipline, comme l'assure Suétone, que ce prince fit punir Celer et enterrer vivante Maximilla, mais pour exercer une vengeance particulière. Voyez donc avec quelle précaution il faut lire l'histoire, surtout ce minutieux Suétone, toujours petit, toujours froid, mais le plus grand partisan des prodiges et des merveilles. b Va descendre au tombeau. On ignore si ce fut Numa ou Tarquin l'Ancien qui imagina le supplice affreux des vestales, qui n'observaient pas la rigoureuse loi de la continence. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce fut sous Tarquin que cette punition fut infligée pour la première fois; et la description de ce supplice se trouve dans Plutarque, Vie de Numa Pompilius. Une infinité de commentateurs, obéissant à la lettre, n'ont pas bien Lui qui d'une vestale outragea la pudeur «? Va descendre au tombeau"!... Mais de ton infamie, Et tout autre Romain du censeur rigoureux senti toute la force de ce vers: Nam quod turpe bonis, etc. L'homme probe, comme Titus ou Seius, aurait été puni pour un seul des crimes commis par Crispinus ; mais l'ami de Domitien, du censeur, pouvait impunément se souiller de tous les crimes. dIl achète un poisson. Il paraît que cette prodigalité n'était pas à Rome une chose inconnue; dans une de ses épigrammes, Martial attaque vivement aussi un certain Calliodore, qui, ayant vendu un esclave douze cents écus, avec cet argent acheta un magnifique surmulet. N'est-il pas permis de s'écrier, dit le poète, « Ce n'est pas un poisson << que tu manges, Calliodore; c'est un homme que tu vas dévorer. » · Frugal Apicius. Frugal s'entend en comparaison des Crispinus ct de tous les gourmands de l'époque. Il y eut à Rome trois Apicius, tous e |