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sault lui-même, ont tourné autour de ce vers, vraiment énigmatique, et personne, à ce que je crois, n'a encore trouvé le mot de l'énigme. Du temps de. Domitien, le temple de la Concorde, où le sénat s'assemblait souvent, fut abandonné; car ce prince convoquait presque toujours les sénateurs dans son palais d'Albe. Sous les règnes de Nerva, de Trajan, même abandon ; les cigognes vinrent donc faire leur nid dans ce temple presque inhabité. Juvénal ne fait-il pas illusion à l'abandon de ce temple, où l'on n'entend plus les amis de la liberté ? Ce temple n'eûtil pas rappelé aux tyrans de tristes souvenirs? La cicogne revient tous les ans saluer ce temple où se trouve son nid, et les sénateurs Romains n'y viennent plus; telles étaient mes réflexions, quand j'ai lu le vocabularium ad Juvenalem de la Bibliothéque royale, et j'ai vu avec plaisir que l'opinion de l'auteur ne différait presque en rien de la mienne.

NOTE 32, P. 16.

Quadrans. Quatrième partie de l'as, correspondant à deux deniers et demi de notre monnaie; c'est ce qu'aurait dû ajouter M. Noël dans son dictionnaire extrait de Facciolati. Car, d'après lui, on croirait que le quadrans valait trois deniers Romains; ce qui serait une erreur grossière, tandis que l'as n'en était que la dixième partie, et le quadrans la quatrième partie.

NOTE 33, ibid.

Callidus arte notá. M. Dussault traduit arte notá, dont le stratagéme est dévoilé. Dans cette version, le mot callidus serait insignifiant; il ne serait pas ironique, et il doit l'être : vous étes vraiment rusé, le stratagême est nou

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veau. Tel est le sens ironique du passage, tout ce petit tableau dramatique semble annoncer que telle est l'intention de l'auteur.

NOTE 34, P. 18.

Arabarches. Quelques éditions portent Alabarches, signifiant Publicain, ou plutôt chef des Publicains; mais le plus grand nombre porte Arabarches, chef d'Arabes, de brigands ou d'usuriers. Jouvency prétend qu'il s'agit ici de Crispinus ou de quelque autre favori de Domitien auquel ce prince aurait fait élever une statue au Champ de Mars, où étaient toutes les statues des Romains qui avaient reçu les honneurs du triomphe ou de l'ovation. En effet, Néron donna le commandement de l'Arabie à ce fameux Crispinus. D'autres prétendent que Juvénal désigne ici l'historien Josephe, que Vespasien fit receveur général des impôts en Egypte ; enfin, un troisième assure que le poëte avait en vue un certain Tibérius Alexandre qui gouverna quelque temps l'Egypte et l'Arabie du temps de Juvénal. M. Dussault ayant trouvé dans Suétone que l'empereur Claude avait donné le gouvernement de la Judée à Félix, frère de l'affranchi Pallas, il en conclut que l'Arabarches de Juvénal pourrait bien être ce Félix. Je ne sais si la nature m'a privé de sagacité, mais je ne conçois rien à cette manière de raisonner.

NOTE 35, ibid.

Toris. Avant la seconde guerre Punique, les Romains s'asseyaient pour prendre leurs repas sur des bancs de bois. Scipion l'Africain fut le premier qui apporta ces petits lits nommés puniciani. Grâce au menuisier Archias, ces lits furent bientôt en vogue. Le plus grand cérémonial était

de n'avoir que trois lits autour d'une table appelée triclinium. Le luxe s'en empara, et l'ébène, l'or, l'argent, l'ivoire, l'écaille, furent prodigués pour embellir ces tables. (Voyez Dussault, note 36.)

NOTE 36, p. 18.*

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Nam de tot pulchris. Lubin trouve ces vers obscurs et se borne à interpréter le mot orbes qui, presque partout dans Juvénal, signifiant plats, est pris dans le sens de tables rondes: voilà toute la difficulté. A quoi bon tant de tables si riches, si larges, si recommandables par leur antiquité? Sur une seule, votre patron sait dévorer un patrimoine. Je ne vois là ni difficulté, ni exagération. Xiphilin assure que Sénèque avait cinq cents tables du bois citrum avec les trois pieds en ivoire, et le prix de chacune de ses tables, dit Pline, aurait suffi pour acheter un vaste domaine.

NOTE 37, ibid.

Plaudendum funus. Ce passage a été différemment interprété, la colère des captateurs et les applaudissemens du peuple, qui se réjouit de la mort de cet égoïste : voilà le sens qui me paraît naître de cette construction, funus plaudendum ducitur amicis iratis. M. Dussault pense le *contraire; je me suis permis de ne pas adopter son sens, et Achaintre paraît de mon avis.

NOTE 38, P. 20.

Cujus. Il me semble que M. Dussault avec Grangée se trompe, quand il assure avec le commentateur que le dialogue doit être coupé après le mot simplicitas. Les rai

sons sur lesquelles il appuie son opinion ne sont pas de la dernière évidence qu'on lise la note 4°. pour s'en convaincre. Ce serait Juvénal qui dirait: cujus, etc. Quelle pusillanimité dans cet aveu ! quelle coupe brusque de ce relatif en rapport avec simplicitas! Elle serait tout au plus supportable si l'auteur allant émettre une grande pensée eût arrêté, suspendu le cours des observations de son interlocuteur. Je prie les savans d'examiner avec attention ce passage, et je suis persuadé qu'un moment de réflexion leur suffira pour rejeter l'opinion de M. Dussault.

NOTE 39, P. 20.

Tædá lucebis. Sulpitius, que cite M. Dussault, a tiré de Tacite la description de ce supplice, il a même employé les expressions de ce grand historien. (Voyez Tacite, Ann. liv. xv, chap. 4.)

que

NOTE 40, ibid.

Et latum. L'édition de Barbou, 1754, porte deducit arená; dans celle d'Elzévir, 1671, on lit aussi deducit. Quelques autres portent deducis, et les commentateurs qui ont développé le texte avec ce dernier mot sont tombés dans le ridicule; n'en parlons plus. J'avoue que ce dernier vers est un des plus difficiles de Juvénal. Pour moi, je pense le texte est altéré, que le sens finit à fumant, et que les copistes ont omis un ou deux vers qui liaient la phrase précédente à la subséquente, et dans lesquels vers se trouvaient ces mots corpus tractum unco; car il s'agit d'une autre espèce de supplice, la chose est évidente, et ce supplice était d'être traîné dans les rues de Rome avec un croc et ensuite jeté dans le Tibre. (Voyez Suétone, le supplice de Séjan.) A quoi bon donc tant de commentaires et des notes si longues!

SATIRE II.

NOTE I, P. 24.

Ultrà Sauromatas. Les anciens comprenaient, sous le nom de Sarmates, tous les peuples qui habitaient les ré gions boréales depuis l'Oder jusqu'à la mer Baltique. Les Sarmates n'avaient ni habitations, ni boucliers; mauvais piétons, ils étaient toujours à cheval ou dans leurs chariots. Les Polonais sont les seuls peuples de l'Europe chez lesquels l'inondation des barbares au 4°. et 5o. siècles n'ait point laissé de traces : ils sont encore tous Sarmates.

NOTE 2, ibid.

même que

vi

Bacchanalia vivunt. Cet idiotisme est le, vere vitam que l'on trouve fréquemment dans Térence Cicéron et autres auteurs latins. Les Bacchanales tirent leur origine d'Egypte; Mélampus les introduisit dans la Grèce du temps de Prétus, roi d'Argos. ( Voyez la description des grandes Dionysiaques, Ant. vol. 1, chap. 16. ) Un aventurier grec en infecta la Toscane; la contagion se glissa dans Rome, d'où elle se répandit dans toute l'Italie, à l'aide de quelques imposteurs qui avaient conjuré la perte des mœurs et de l'Etat.

NOTE 3, ibid.

Indocti. Quelques misérables rhéteurs ont accusé Juvénal d'être l'ennemi de la philosophie; il ne l'était que des soi-disant philosophes. Il était l'ennemi des tartufes

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