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le pays de Guipuscoa, la Biscaye, les Asturies & la Navarre : ils étoient très-belliqueux & défendirent long-tems leur liberté. Cantaber serâ domitus catena. Hor. Le Metellus dont il s'agit fut joint à Pompée pour combattre Sertorius, environ l'an 670 de Rome: Juvénal lui donne l'épithète d'ancien pour le distinguer de ses descendans.

24 Déjà le Breton a reçu du Gaulois des leçons d'éloquence, &c. v. 111. Il est certain que les Gaulois avoient alors, & même depuis plus d'un siècle, des écoles assez florissantes de Poëtes & d'Orateurs : mais on ne voit pas que ceux-ci eussent jamais été fort estimés à Rome. Cicéron dit, au contraire, dans son Öraison Pro Fonteio, que le plus illustre des Gaulois ne mérite pas, à cet égard, d'être comparé avec le moindre des Romains: Non modò cum summis civitatis nostra viris, sed cum infimo cive Romano quisquam amplissimus Gallia comparandus est. Quand les Gaulois, du tems de Jules-César & de Claude, furent introduits dans le Sénat, on se plaignit, disent Tacite & Suétone, de ce qu'il étoit inondé de Barbares: effusa est in Curiam omnis Barbaries. Cependant Ausone affirmoit, quel ques siècles après, que la Gaule disputoit le prix de l'élo quence au Latium :

Emula te Latiæ decorat facundia linguæ.

Voyez Sat. I, not. 13, p. 23.

J'ai écrit dans un ou deux endroits les Britons en parlant de ceux que nous nommons aujourd'hui Anglois ou Habitans de la Grande-Bretagne : mais on m'a fait remarquer qu'il étoit plus usité de dire les Bretons, quoique le mot Latin soit Britones.

25 Et l'on parle dans Thulé, &c. v. 112. On lit dans la Géographie ancienne de M. d'Anville « L'opinion de » ceux qui prennent l'Islande pour Thulé, ne peut se sou

tenir contre une analyse des circonstances qui sont don» nées sur Thulé, &c. &c. On apprend de Tacite, que la flotte Romaine qui fit le tour de la Bretagne & soumis

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les Orcades, eut en même tems la vie de Thulé, ce qui ne peut avoir de rapport qu'avec les ifles de Shetland »

M. le Chevalier de Keralio a lu à l'Académie des Belles. Lettres, le 12 Janvier 1781, un Mémoire sur la connoissance que les Anciens ont eue des pays du Nord de P'Europe, dans lequel il a discuté les deux principales optnions des Savans sur la position de l'ancienne Thulé: son résultat est le même que celui de M. d'Anville; mais il à prouvé de la manière la plus satisfaisante, ce que ce grand Géographe n'avoit, pour ainsi dire, que conjecturé.

26 Etoient-ils assiégés & investis par des troupes armées ? v. 120. J'ai dit, dans la note 18, qu'il paroissoit que les Ombites étoient arrivés tumultuairement & sans armès; ce vers en est la preuve.

27 L'Agathyrse impitoyable,&c. v. 125. Les Agathyrses, peuples de la Sarmatie d'Europe, dont Hérodote, Virgile & Saint Jérome ont fait mention. Virgile a dit qu'ils se peignoient le visage; Saint Jérome, qu'ils étoient riches sans être avares ; & Hérodote, qu'ils étoient efféminés. M. d'Anville les soupçonne d'avoir été antropophages.

28 Voguant dans ses canots d'argile, &c. v. 127. Ces tanots étoient faits, selon Strabon, Lib. xvII, avec les coquillages ou la terre cuite dont les Égyptiens de l'ifle du Delta, & non de Della comme on le voit dans les Varios rum, se servoient pour naviguer dans les deux grandes branches que le Nil forme avant d'arriver à la mer : ils s'en servoient sur-tout pour communiquer ensemble dans l'intérieur du Delta, où ils avoient creusé plusieurs canaux.

Grangeus renvoye à Sénèque, Quast. Natural. Lib. 111, Cap. 25, pour savoir comment des barques d'argile peu vent surnager. Voici le passage: « Il y avoit en Sicile, & » il y a encore en Syrie un étang sur lequel surnage la » brique, & dans lequel les corps les plus pesans ne peuvent s'enfoncer. »

Ce passage ne prouve rien. Sénèque parle d'une eau biru mincuse & sulphureuse, au lieu que celle du Nil étoit douce

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& limpide. On sait qu'un vaisseau, de quelque matière qu'il soit, peut surnager lorsqu'il présente assez de surface pour que l'eau le soutienne.

29 La nature, en nous donnant des larmes, prouve bien qu'elle nous créa sensibles. v. 132. Le proverbe Grèc disoit, Boni viri lacrymabiles, tandis que l'on donnoit aux autres l'épithète d'illacrymabiles. On lit dans Horace, Ode Xiv:

Illacrymabilem Plutona.

30 C'est elle qui nous fait déplorer & le sort d'un ami plaidant sa propre cause sous un habit conforme à sa détresse, &c. V. 134. L'édition de Baskerville porte, caussam lugentis amici: celle de Sandby, casum lugentis amici; & l'Éditeur s'autorise de ce vers de Virgile:

Et casum insontis mecum indignabar amici.

Pour moi je m'en tiens à la leçon des manuscrits, caussam dicentis amici - squalloremque rei; car les deux corrections précédentes ne sont pas fondées. Il paroît, au contraire, que ceux qui les ont faites, n'ont pas senti que Juvénal peignoit l'une des plus grandes calamités de Rome, ces délations odieuses & ces accusations continuelles, qui forçoient des hommes considérables à plaider leurs propres causes & à paroître en Justice comme des coupables. Les exemples en sont fréquens dans Tacite & dans les autres Écrivains du même tems.

31 Quand la terre reçoit le corps d'un enfant trop petit pour le bûcher. v. 139. Pline, Lib. vii, Cap. 16, dit qu'il n'est pas d'usage de brûler les enfans à qui il n'a point encore percé de dents: Hominem priusquam genito dente cremari, mos gentium non est.

La coutume de brûler les corps étoit presque générale chez les Grecs & les Romains. Elle a précédé, chez les premiers, le tems de la guerre de Troye. Il ne faut pourtant pas s'imaginer que cette coutume ait été la plus ancienne, même chez ces peuples. « La première manière d'inhumer,

dit Cicéron, est celle de Cyrus dans Xénophon; le corps

» est ainsi rendu à la terre, & il est couvert du voile de » sa mère. Sylla, vainqueur de Caius Marius, le fit exhu

mer & jeter à la voirie. Ce fut peut-être par la crainte » d'un pareil traitement, qu'il ordonna que son corps fût » brûlé. C'est le premier des Patrices Cornéliens à qui on » ait élevé un bûcher. » L'usage de brûler les corps & celui de les inhumer ont subsité à Rome dans le même tems. « Celui de les brûler n'est pas, dit Pline, fort ancien

dans la ville, il doit son origine aux guerres que nous » avons faites dans des contrées éloignées; comme on y » déterroit nos morts, nous prîmes le parti de les brûler ». Cette coutume dura jusqu'au tems du grand Théodose.

32 Est-il un homme digne, au jugement de la Prêtresse de Céres, &c. v. 141. La Prêtresse choisissoit, parmi les gens de bien, un Inspecteur que l'on appeloit Epopta. Cet Inspecteur étoit chargé de plusieurs fonctions relatives à ces mystères d'où l'on avoit soin d'écarter les impies. Néron, voyageant dans la Grèce, n'osa pas se présenter à ceux d'Éleusis: Feregrinationem quidem Gracia Eleusinis sacris, quorum initiatione impii & scelerati voce praconis submoventur interesse non ausus est. Sueton. in Neron.

33 Pendant les mystères secrets de la Déesse, &c. v. 140. Il n'étoit pas permis, dit Tibulle, Lib. 111, Eleg. s, de révéler même aux Dieux les mystères de Cérès :

Non ego tentavi nulli temeranda Deorum

Audax laudande facra docenda Dex.

Horace, Carm. 111, Od. 2, témoigne beaucoup d'horreur pour ceux qui violoient ce secret :

Vetabo, qui Cereris sacrum

Vulgarit arcanæ, sub iisdem

Sit trabibus, fragilemque mecum

Solvat phaselum.

Voyez sur les mystères de Cérès, Sat. vi, not. 9, p. 237.

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34 Et qui ne se permit pas l'usage de toutes sortes de

légumes. v. 174. Voyez Sat. 111, not. 42, p. 111.

SATIRA XVI.

MILITIA COMMO DA.

QUIS

FRAGMENTUM.

UIS numerare queat felicis præmia, Galle, Militia? Nam si subeantur prospera castra, Me pavidum excipiet tironem porta secundo Sidere plus etenim fati valet hora benigni, 5 Quam si nos Veneris commendet epistola Marti, Et Samiâ genitrix quæ delectatur arenâ.

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·COMMODA tractemus primùm communia; quorum Haud minimum illud erit, ne te pulsare togatus Audeat ; immo &, si pulsetur, dissimulet, nec 10 Audeat excussos Prætori ostendere dentes, Et nigram in facie tumidis livoribus offam, Atque oculos, medico nil promittente, relictos, Eardaicus judex datur hæc punire volenti Calceus, & grandes magna ad subsellia suræ, 15 Legibus antiquis castrorum & more Camilli Servato, miles ne vallum litiget extra,

Et procul à signis, Justissima Centurionum
Cognitio est igitur de milite; nec mihi deerit

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