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PROCLAMATIONS du Président d'Haïti, Boyer, promul guées après la mort de l'Empereur Christophe.-Octobre, 1820. (1),-Proclamation au Peuple et à l'Armée de l'Artibonite et du Nord. JEAN PIERRE BOYER, Président d'Haïti.

CITOYENS! SOLDATS!

L'HORRIBLE despotisme sous lequel vous avez gémi pendant 14 ans, et la misère que vous avez soufferte, paraissent toucher à leur fin. L'exemple du premier effort fait pour votre liberté vous est donné par Saint-Marc, qui vient de se ranger sous les bannières de la République. Ce n'était rien, mes chers Compatriotes, que d'avoir combattu les Français pour conquérir notre indépendance nationale, si une sage organisation et un Gouvernement bien représenté n'étaient venus assurer non seulement à la génération présente, mais encore à nos enfans, les bénéfices de l'Eglise et l'égalité de droits, et garantir en définitive une longue existence aux Haitiens régénérés. C'est l'objet des travaux des Représentans du Peuple, tandis que le Général Christophe ne consultait que son ambition et ses passions. II abusa de l'autorité qui avait vaincu nos anciens Tyrans, entra comme un Brigand dans cette Ville où était réunie l'Assemblée Constitutionnelle, et commença la guerre civile, parce que notre Corps Législatif avait jugé convenable de limiter l'autorité du Magistrat sur le Peuple. Dieu n'a pas permis que cet homme orgueilleux réussit dans son projet: sa tentative fut repoussée. Le Gouvernement de cette République fut organisé d'après la Constitution émanée de la volonté générale, et l'Etat a constamment marché d'un pas lent mais sûr vers la solidité et la prospérité, tandis qu'une catastrophe a renversé le fantôme de pouvoir qu'avait usurpé le Général Christophe. La verge de fer qu'il tenait suspendue sur vos têtes s'est brisée dans ses mains.

Citoyens! Soldats! Je ne vous répéterai pas toutes les horreurs commises par le Chef du Nord et ses Agens. Elles répugnent à mon cœur, et je me hâte de les bannir de ma mémoire; mais je vous rappelerai cette vérité incontestable: lorsque la vertu est aux prises avec le vice, le triomphe de celui-ci ne peut durer; telle est la volonté du Très-Haut.

Ainsi que mon Prédécesseur Pétion, Fondateur de cette République, j'ai toujours calculé, qu'avec votre secours nous briserions un jour le joug de fer de l'oppresseur, qui a si fréquemment violé les droits personnels et accumulé toutes sortes de maux sur Haïti. Suivez l'exemple de la 8 Brigade et de la Garnison de Saint-Marc! Imitez ces braves gens! Tous les militaires qui se rangeront sous les Lois de la République seront amplement recompensés; à ces jours de peines et de douleurs succéderont ceux de l'union et de l'amitié.

Habitans de l'Artibonite et du Nord! Soldats de tout grade, mes Compagnons d'armes ! Les Haïtiens ne peuvent plus avoir entre eux de

querelles suffisantes pour faire couler le sang. Remercions le Tout-Puissant, oublions tout ce qui s'est passé, et souvenons-nous des infortunes. L'Armée Républicaine que vous voyez à Saint-Marc, à la Commune des Berettes, aux Cayes, à Saint-Raphaël, à la Grande-Rivière, à la Valière, n'est placée dans ces lieux que pour le maintien de la tranquillité publique et pour protéger vos familles, vos fortunes, et vos droits; elle ne violera aucun de ceux-ci, et tout ce qu'elle pourra prendre sera scrupuleusement payé.

Ainsi, mes amis, réunissons-nous pour replanter l'arbre de la liberté renversé par vos tyrans. Ralliez-vous autour de lui: partagez toutes les jouissances qu'il procure; mais évitez tout reproche de la part de vos frères. La République ne veut point de sanglantes conquêtes. Elle n'ambitionne que celle du cœur et de ces plus douces affections. Si quelqu'un péche, les lois le puniront. Oubliez, je vous le répète, tout ce qui c'est passé, et ne songez qu'à l'avenir. Venez, comme des enfans, jouir du bienfait de vos Lois.

Vive la République d'Haïti! vive l'Indépendance! vive la liberté et l'égalité?

Donné au Palais National de Saint-Marc, le 16 Octobre 1820, l'an 17 de notre Indépendance.

Par le Président,

Le Secrétaire-Général, B. INGINAC.

BOYER.

(2.)-Proclamation au Peuple d'Haïti. Le 26 Octobre, 1820.

HAITIENS,

LES jours de discorde et de division ont fait place à celui de la réconciliation et de la concorde, et ce jour est le plus agréable de ma vie. Enfans de la même famille, vous vous êtes tous ralliés à l'ombre de l'arbre sacré de la liberté. La Constitution de l'Etat est reconnue dans tout Haïti, depuis le nord jusqu'au midi, depuis l'est jusqu'à l'ouest. La République compte sur ses Citoyens comme sur des hommes dévoués à son service et à son indépendance.

Je ne vous rappelerai pas l'histoire de vos malheurs. Il ne faut s'en souvenir que pour en éviter de semblables à l'avenir. Quand nous prenions les armes pour détruire l'esclavage auquel nous étions soumis depuis des siècles; quand nous versions notre sang, et que nous faisions les plus grands sacrifices pour notre patrie, nous n'imaginions pas que nous deviendrions les victimes de ces hommes ambitieux, qui, dans les révolutions, perdent de vue le bien public pour penser à leur propre agrandissement.

Vous connaissez des hommes dont la fatale renommée n'a attiré que des maux sur la Nation, et n'a laissé pour héritage à leurs familles que l'exécration de leur mémoire. Vous voyez maintenant le tableau du Gouvernement inique de Christophe, qui n'agissait que par caprice.

La Constitution de la République, œuvre des Représentans de tous les Départemens, a établi des sauvegardes contre le despotisme. Si

pendant 14 ans, elle a rendu heureux ceux qui lui sont restés fidèles, elle fera surement le bonheur de ceux que Christophe a égarés. Mais, pour y parvenir, il faut, Haïtiens, que nous nous dépouillions de toute prétention particulière, et que, dédaignant tous les avantages qui résultent de l'intrigue et de la faveur, nous apportions tous notre tribut en

commun.

N'oublions pas ces braves Patriotes qui n'ont jamais cessé de combattre contre le despotisme; ceux qui, dans les derniers évènemeus, ont aidé le Peuple à recouvrer la liberté, sont aussi dignes de la reconnaissance de la Nation. Je regrette qu'il y ait eu du sang versé le 18 de ce mois: mon Ordre du 17, renvoyé par exprès au Cap, n'est pas arrivé à temps pour épargner le Fils de Christophe et quelques Officiers qui s'étaient fait remarquer dans l'exécution de leurs ordres barbares.

Haïtiens, je demande solennellement que les évènemens passés soient oubliés. Ouvrez vos cœurs à la confiance, et hâtez-vous d'agir d'un commun accord avec le Gouvernement pour consolider l'indépendance de la Nation.

Le Président d'Haïti, à qui est confiée la tranquillité publique ainsi que les propriétés, n'épargnera rien pour faire son devoir. Puissent les Citoyens suivre son exemple; et les plaies de la guerre civile seront bientôt cicatrisées.

Haitiens, rendons grâce à l'Etre Suprême, qui a permis notre réunion; prions-le de nous inspirer des idées de paix et de sagesse, afin de laisser à nos enfans une existence assurée, une Patrie libre et indépendante.

Vivent la République et la Constitution! Vivent la liberté et l'égalité !

Donné au Palais National du Cap Haïti, le 26 Octobre, 1820, le 17me. année de notre indépendance.

BOYER.

PROCLAMATION of the Regency of Portugal, relative to the Political Events at Oporto.-29th August, 1820.

PORTUGUESE !

(Translation.)

THE horrible crime of Rebellion against the lawful power and authority of our August Sovereign, the King our Lord, has just been committed in the City of Oporto.

A few evil-intentioned Persons have succeeded in deluding the Chiefs of the Troops of that City; and have persuaded them to cover themselves with shame, by violating, as they did on the 24th Instant, their Oath of Fidelity to their King and to their Banners; and by daring, of their own authority, to constitute in that City a Government which they call the Supreme Government of the Kingdom. [1819-20.]

3 S

The perverse Individuals who planned that Conspiracy, knew well that the only means by which they could succeed in seducing the hearts of the Portuguese, was, by concealing, under colour of an illusive Oath of Fidelity to their Sovereign, the first and tremendous step which they have induced them to take towards the abyss of Revolution; the consequences of which may be, the subversion of the Monarchy, and the subjection of a Nation, always jealous of its Independence, to the ignominy of a Foreign yoke.

Be not then deceived, faithful and valorous Portuguese, by such appearances. The contradiction is manifest, that, whilst the revolted profess obedience to the King Our Lord, they withdraw themselves from the authority of a Government lawfully established by His Majesty, and propose, (according to the declaration of the Intruders, who have constituted themselves, under the Title of the Supreme Government of the Kingdom,) the calling together of the Cortes, (an Assembly which will be always illegal so long as it shall not have been convoked by the Sovereign ;) and they announce, at the same time, various changes and alterations, the petitioning for which should have been the utmost extent of their proceedings, inasmuch as such changes can alone emanate, in a lawful and permanent manner, from the Royal Authority.

Our Sovereign has never failed to give his attention to all just solicitations, the object of which has been the welfare and prosperity of his Subjects.

Even at this moment, by the Ship of War which yesterday entered the Port of this Capital, Documents have been received which will shortly be published, manifesting the truly paternal solicitude with which His Majesty deigns to attend to the welfare of this Kingdom :-this will add, if possible, to the horror which the crime committed in the City of Oporto cannot fail every where to excite.

The Governors of the Kingdom are taking, and will continue to take, all the precautions which such circumstances imperiously dictate; and which are prescribed to them by the most sacred duties of their station.

When, however, any just grounds of complaint, or of remonstrance, shall be exposed to them, they will hasten to lay the same respectfully before the Royal Presence; and they flatter themselves, therefore, that the Individuals already involved in so criminal an insurrection, will reflect on the abyss into which they are about to precipitate them. selves; and will, repentantly, return to their obedience towards their Sovereign, confiding in the unalterable clemency of the most merciful of Monarchs.

The Governors of the Kingdom hope, meanwhile, that this most faithful Nation will constantly preserve that loyalty which was ever its most valued characteristic:-that the Army, whose heroism was

so lately the admiration of all Europe, will hasten to efface the stain with which their honour is threatened, by the error of the few Corps who have inconsiderately suffered themselves to be seduced; and that the greater part of the Portuguese Army will preserve, equally with the reputation of their unalterable valour, their no less distinguished virtue of fidelity.

Portuguese to preserve inviolate our obedience to the King Our Lord, is at once our most important duty and our evident interest. Let us then be steadfast in these principles; let all classes unite in the maintenance of public tranquillity; and you will soon see reestablished that order which the evil intentioned have rashly endeavoured to disturb.

This is what the Governors of the Kingdom, in the name of our adored Sovereign, recommend to you.

Given at the Palace of the Regency, at Lisbon, the 29th day of August, 1820.

THE CARDINAL PATRIARCH.

MARQUES DE BORBA.

CONDE DE PENICHE.

CONDE DE FEIRA.

ANTONIO GOMES RIBEIRO.

PROCLAMATION of the Regency of Portugal, for the Convocation of the Cortes of the Kingdom.-Lisbon, the Ist of September, 1820.

PORTUGUESE,

(Translation.)

THE Government, considering the imminent danger to which the Nation and the Monarchy are exposed, if the crisis threatened by the Insurrection of the Citizens of Oporto be not averted; and authorised by the extraordinary powers with which they are invested, especially in case of any event of national urgency;-with the consent, and by the advice of a majority of the Council and Magistracy, as well as of the leading persons among the several ranks of society-have determined to convoke the Cortes, in the name of Our Sovereign Lord the King; and have appointed a Committee for the purpose of taking the necessary steps for the immediate convocation of the said Cortes.

The Government trusts that this measure, so promptly taken, will convince the whole Nation of its determination to pay deference to the public wishes, and to draw them together to a common point, for a legitimate purpose; and that all the component parts of the body of

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