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Je me repais de sang, et je trouve ma vie

Dans les bras de celui qui recherche ma mort.

Vers pour mettre au-devant de la Macarise, roman allégorique de l'abbé d'Aubignac, où l'on expiiquoit toute la morale des Stoïciens.

LACHES partisans d'Epicure,

Qui, brûlant d'une flamme impure,

1

Du portique fameux fuyez l'austérité,
Souffrez qu'enfin la raison vous éclaire.
Ce roman plein de vérité

Dans la vertu la plus sévère

Vous peut faire aujourd'hui trouver la volupté.

Sur un portrait de Rossinante, cheval de don
Quichotte.

TEL fut ce roi des bons chevaux,

Rossinante, la fleur des coursiers d'Ibérie,

Qui, trottant jour et nuit et par monts et par vaux,
Galopa, dit l'histoire, une fois en sa vie.

Vers à mettre en chant.

Voici les lieux charmants où mon ame ravie
Passoit à contempler Sylvie

Ces tranquilles moments si doucement perdus.
Que je l'aimois alors ! que je la trouvois belle !
Mon cœur, vous soupirez au nom de l'infidèle:
Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus ?
C'est ici que souvent, errant dans les prairies,
Ma main des fleurs les plus chéries

L'école de Zénon.

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Lui faisoit des présents si tendrement reçus.
Que je l'aimois alors ! que je la trouvois belle!
Mon cœur, vous soupirez au nom de l'infidèle :
Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus ?

Chanson à boire, que je fis au sortir de mon cours de philosophie, à l'âge de dix-sept ans.

PHILOSOPHES rêveurs, qui pensez tout savoir,
Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir :
Vos esprits s'en font trop accroire.
Allez, vicux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.

S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin,
Un docteur est alors au bout de son latin :
Un goinfre en a toute la gloire.

Allez, vieux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.

Chanson à boire, faite à Baville, où étoit të
P. Bourdaloue.

QUE Båville me semble aimable,

Quand des magistrats le plus grand

Permet que Bacchus à sa table
Soit notre premier président !
Trois muses, en habit de ville,
Y président à ses côtés :
Et ses arrêts par Arbouville
Sont à plein verre exécutés.

› Gentilhomme, parent de M. le premier president.

Si Bourdaloue un peu sévère
Nous dit, Craignez la volupté;
Escobar, lui dit-on, mon père,
Nous la permet pour la santé.

Contre ce docteur authentique
Si du jeûne il prend l'intérêt,
Bacchus le déclare hérétique,
Et janséniste, qui pis est.

'Sur Homère.

QUAND, la dernière fois, dans le sacré vallon,
La troupe des neuf sœurs, par l'ordre d'Apollon,
Lut l'Iliade et l'Odyssée ;

Chacune à les louer se montrant empressée
Apprenez un secret qu'ignore l'univers,
Leur dit alors le dieu des vers:

Jadis avec Homère, aux rives du Permesse,
Dans ce bois de lauriers où seul il me suivoit,
Je les fis toutes deux, plein d'une douce ivresse.
Je chantois, Homère écrivoit.

Vers pour mettre sous le buste du roi, fait par M. Gi rardon l'année que les Allemands prirent Belgrade.

C'EST ce roi si fameux dans la paix, dans la guerre,
Qui seul fait à son gré le destin de la terre.
Tout reconnoît ses lois, ou brigue son appui.
De ses nombreux combats le Rhin frémit encore,
Et l'Europe en cent lieux a va fuir devant lui
Tous ces héros si fiers que l'on voit aujourd'hui
Faire fuir l'Ottoman au-delà du Bosphore.

Vers pour mettre au bas d'un portrait de monseigneur le duc du Maine, alors encore enfant, et dont on avoit imprimé un petit volume de lettres, au-devant desquelles ce prince étoit peint en Apollon, avec

une couronne sur la tête.

QUEL est cet Apollon nouveau

Qui, presque au sortir du berceau, Vient régner sur notre Parnasse? Qu'il est brillant ! qu'il a de grace! Du plus grand des héros je reconnois le fils : Il est déjà tout plein de l'esprit de son père;

Vers

Et le feu des yeux de sa mère

A passé jusqu'en ses écrits.

pour mettre au bas du portrait de mademoiselle de Lamoignon.

Aux sublimes vertus nourrie en sa famille,

Cette admirable et sainte fille

Eu tous lieux signala son humble piété;
Jusqu'aux climats où, naît et finit la clarté 1
Fit ressentir l'effet de ses soins secourables;
Et, jour et nuit pour Dieu pleine d'activité,
Consuma son repos, ses biens et sa santé,
A soulager les maux de tous les misérables.

A madame la présidente de Lamoignon, sur le portrait du P. Bourdaloue qu'elle m'avoit envoyé.

Du plus grand orateur dont la chaire se vante
M'envoyer le portrait, illustre présidente,

1. Mademoiselle de Lamoignon, soeur de M. le premier président, faisoit tenir de l'argent à beaucoup de missionnaires jusque dans les Indes orientales et occidentales.

C'est me faire un présent qui vaut mille présents.
J'ai connu Bourdaloue; et dès mes jeunes ans
Je fis de ses sermons mes plus chères délices.
Mais lui, de son côté, lisant mes vains caprices,

Des censeurs de Trévoux n'eut point pour moi les yeux.
Ma franchise sur-tout gagna sa bienveillance.

Enfin, après Arnauld, ce fut l'illustre en France
Que j'admirai le plus et qui m'aima le mieux.

Vers pour mettre au bas du portrait de Tavernier, le célèbre voyageur.

DE Paris à Delli, du couchant à l'aurore,
Ce fameux voyageur courut plus d'une fois :
De l'Inde et de l'Hydaspe 2 il fréquenta les rois;
Et sur les bords du Gange on le révère encore.
En tous lieux sa vertu fut son plus sûr appui ;
Et, bien qu'en nos climats de retour aujourd'hui
En foule à nos yeux il présente

Les plus rares trésors que le soleil enfante 3,
Il n'a rien rapporté de si rare que lui.

Vers pour mettre au bas du portrait de mon père, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris.

CE greffier doux et pacifique

De ses enfants au sang critique

1 Ville et royaume des Indes.

2 Fleuve du même pays.

3 Il étoit revenu des Indes avec près de trois millions en pierreries.

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