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Faits pour les habitants des cieux !,
Ouvrir une bouche effroyable,

S'agiter, se tordre les mains;

Il me semble en lui voir le diable,
Que Dieu force à louer les Saints.

XVIL

Sur la Fontaine de Bourbon, où l'auteur étoit attė prendre les eaux, et où il trouva un poëte médiocre qui lui montra des vers de sa façon.

Il s'adresse à la Fontaine.

Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
Rendre le mouvement au corps paralytique,
Et guérir tous les maux les plus invétérés.
Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés,
il me paroît, admirable Fontaine,

Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène.

XVIII

L'amateur d'horloges.

SANS cesse autour de six pendules,
De deux montres, de trois cadrans,
Lubin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules.

Mais à ce métier, s'il vous plaît,

A-t-il acquis quelque science?

Sans doute; et c'est l'homme de France
Qui sait le mieux l'heure qu'il est.

Il a fait des hymnos latines à la louange des saints.

XIX.

Sur ce qu'on avoit lu à l'Académie des vers contre
Homère et contre Virgile.

CLIO vint l'autre jour se plaindre au dieu des vers
Qu'en certain lieu de l'univers

On traitoit d'auteurs froids, de poëtes stériles,
Les Homères et les Virgiles.

Cela ne sauroit être, on s'est moqué de vous,
Reprit Apollon en courroux :
Où peut-on avoir dit une telle infamie?
Est-ce chez les Hurons, chez les Topinambous?
C'est à Paris. C'est donc dans l'hôpital des fous ?
Non, c'est au Louvre, en pleine Académie.

X X.

Sur le même sujet.

J'AI traité de Topinambous

Tous ces beaux censeurs, je l'avoue;

Qui, de l'antiquité si follement jaloux,

Aiment tout ce qu'on hait, blâment tout ce qu'on loue:

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Et l'Académic, entre nous,

Souffrant chez soi de si grands fous,

Me semble un peu Topinamboue.

X X I.

Sur le même sujet.

Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère,
Virgile, Aristote, Platon.

Il a pour lui monsieur son frère,

G... N... Lavau, Caligula, Néron,
Et le gros Charpentier, dit-on.

XXII.

A M. Perrault, sur les livres qu'il a faits contre les anciens.

POUR quelque vain discours sottement avancé
Contre Homère, Platon, Cicéron on Virgile,
Caligula par-tout fut traité d'insensé,
Néron de furieux, Adrien d'imbécile.

Vous donc qui, dans la même erreur,
Avec plus d'ignorance et non moins de fureur,
Attaquez ces héros de la Grèce et de Rome,
Perrault, fussiez-vous empereur,

Comment voulez-vous qu'on vous nomme?
XXIII

Sur le même sujet.

2

D'où vient que Cicéron, Platon, Virgile, Homère,
Et tous ces grands auteurs que l'univers révère,
Traduits dans vos écrits nous paroissent si sots
Perrault, c'est qu'en prêtant à ces esprits sublimes
Vos façons de parler, vos bassesses, vos rimes,
Vous les faites tous des Perraults.

XXIV.

Au même.

TON oncle, dis-tu, l'assassin

M'a guéri d'une maladie :

La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin,
C'est que je suis encore en vie.

X X V.

Au même.

Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars,
Apollon, le dieu des beaux-arts,

Les Ris mêmes, les Jeux, les Graces et leur mère,
Et tous les dieux enfants d'Homère,
Résolus de venger leur père,

Jettent déjà sur vous de dangereux regards.
Perrault, craignez enfin quelque triste aventure.
Comment soutiendrez-vous un choc si violent?
Il est vrai, Visé 1 vous assure

Que vous avez pour vous Mercure;
Mais c'est le Mercure galant.

XXVI.

Parodic burlesque de la première ode 2 de Pindare, à la louange de M. Perrault.

MALGRÉ Son fatras obscur,
Souvent Brébeuf étincelle.
Un vers noble, quoique dur,
Peut s'offrir dans la Pucelle.
Mais, & ma lyre fidèle!

Si du parfait ennuyeux
Tu veux trouver le modèle,
Ne cherche point dans les cieux
D'astre au soleil préférable;
Ni, dans la foule innombrable
De tant d'écrivains divers
Chez Coignard rongés des vers,
Un poëte comparable

■ Auteur du Mercure galant.

2 J'avois résolu de parodier l'ode; mais dans ce tempslà nous nous raccommodâmes M. Perrault et moi. Ainsi il n'y eut que ce couplet de fait.

A l'auteur inimitable

De Peau-d'âne mis en vers.

XXVII.

Sur la réconciliation de l'auteur et de M. Perrault.

TOUT le trouble poétique
A Paris s'en va cesser;.
Perrault l'anti-pindarique
Et Despréaux l'homérique
Consentent de s'embrasser.
Quelque aigreur qui les anime,
Quand, malgré l'emportement,

Comme eux l'un l'autre on s'estime,

L'accord se fait aisément.

Mon embarras est comment

On pourra finir la guerre

De Pradon et du parterre.

XXVIII.

Aux RR. PP.Jésuites, auteurs du journal de Trévoux.

MES révérends Pères en Dieu,

Et mes confrères en satire,

Dans vos écrits, en plus d'un lieu,

Je vois qu'à mes dépens vous affectez de rire.
Mais ne craignez-vous point que, pour rire de vous,
Relisant Juvénal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma satirique audace?

Grands Aristarques de Trévoux,

* M. Perrault dans ce temps-là avoit rimé le conte de Peau-d'ane.

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