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il employait ses revenus à marier les filles qui n'avaient point de dot.

Ce fut pour établir, autant qu'il lui était possible, Diog. Laert. l'égalité entre les habitants d'Agrigente, qu'il fit casser le conseil composé de mille citoyens choisis entre les plus riches. Il le rendit triennal, de perpétuel qu'il était ; et fit en sorte qu'on en accordât l'entrée à ceux du peuple, ou au moins à ceux qui étaient dans la disposition de favoriser le gouvernement démocratique.

p. 620.

Lorsque Empédocle allait aux jeux olympiques, on Ibid. ne parlait que de lui. Ses louanges faisaient le sujet ordinaire des conversations. C'était un usage ancien Athen. 1. 14, de chanter en public les vers des grands poètes, comme ceux d'Homère, d'Hésiode, d'Archiloque, de Mimnerme, de Phocylide, et d'autres. On fit cet honneur à ceux d'Empédocle. Le chantre Cléomène chantait aux jeux olympiques ses Purifications1, poème moral de trois mille vers hexamètres, composé par notre philosophe sur les devoirs de la vie civile, le culte des dieux, et les préceptes de morale. On appelait ainsi ce poème, parce qu'il contenait des maximes qui enseignaient le moyen de purifier l'ame et de la perfectionner. On croit que les vers dorés faisaient partie de Carm.aur. ce poème.

Empedocle était en même temps philosophe, poète, Ibid. historien, médecin, et même, selon quelques-uns, magicien. Il

1

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y bien de l'apparence que sa magie n'était autre chose que la connaissance profonde qu'il avait acquise de tout ce qu'il y a de plus secret dans la nature. On attribuait à la magie le service important

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Laert.

Lib. 2,

qu'il avait rendu aux Agrigentins, en faisant cesser certains vents réglés, qui par leur souffle violent causaient un grand dommage aux fruits de la terre; et à ceux de Sélinonte, en les guérissant de la peste causée par la puanteur des eaux d'un fleuve qui passait dans leur ville. Sa magie était, pour le premier fait, d'avoir bouché une ouverture de montagne d'où sortaient des exhalaisons infectes qu'un vent du midi poussait vers le territoire d'Agrigente; et pour le second fait, d'avoir fait entrer à ses frais dans le fleuve de Sélinonte deux petites rivières qui en adoucirent les eaux, et qui leur ôtèrent leur mauvaise qualité.

Le plus merveilleux effet de la magie d'Empedocle, et qui le fit regarder comme un dieu, est la résurrection prétendue d'une femme d'Agrigente, nommée Lib.6, c. 52. Panthia. Pline en parle, aussi-bien qu'Origène. Hercontr. Cels. mippus, qui se contente de dire que cette femme, ayant été abandonnée des médecins, et apparemment tenue pour morte, fut guérie par Empédocle, réduit ce miracle à sa juste valeur; et Galien paraît entrer dans ce sentiment.

De Locis affect. 1. 6.

Diog. Laert.

I

On dit qu'Empedocle, afin de confirmer les peuples dans l'opinion où ils étaient de sa divinité en disparaissant tout d'un coup, alla se précipiter dans le gouffre du mont Etna. Mais cette extravagance a bien l'air d'être de l'invention de ceux qui se sont fait un plaisir, soit de jeter du merveilleux dans la vie de ces philosophes, soit au contraire de les rendre ridicules. Des

Deus immortalis haberi

Dum cupit Empedocles, ardentem frigidus AEtnam

Insiluit.

(HORAT. de Arte poet. [v. 465.])

auteurs plus sensés nous apprennent qu'il se retira dans le Péloponnèse, où il mourut à l'âge de soixante ans, comme le dit Aristote, vers le commencement de la 88 olympiade.

AN. M. 3576.

ARTICLE II.

Division de la secte italique en quatre sectes.

La secte italique de Pythagore se divise en quatre autres celle d'Héraclite, qui porta son nom; l'éléatique, qui eut pour chef Démocrite; la sceptique, dont Pyrrhon fut le fondateur; et l'épicurienne, qu'Épicure établit.

§ I. Secte d'Héraclite.

On sait peu de choses de ce philosophe. Il était d'Éphèse, et vivait vers la 59° olympiade. On dit qu'il AN.M.3460. n'eut point de maîtres, et qu'il devint savant par ses continuelles méditations.

Entre plusieurs traités qu'il composa, celui de la Nature, qui était un recueil de toute sa philosophie, fut le plus estimé. Darius, roi de Perse, fils d'Hystaspe, ayant vu cet ouvrage, écrivit une lettre fort obligeante à Héraclite pour le prier de venir à sa cour, où sa vertu et sa science seraient plus considérées que dans la Grèce. Le philosophe, peu sensible à des avances si gracieuses et si pleines de bonté, répondit grossièrement qu'il ne voyait parmi les hommes qu'injustice, que fourberie, qu'avarice, qu'ambition; et que, se contentant de peu, comme il faisait, la cour de Perse lui convenait mal. Il n'avait pas tort dans le fond. Il n'est

Laert.

pas étonnant qu'un Grec né libre, ennemi de la hauteur des rois barbares, des servitudes et des vices des courtisans, fasse un grand cas de la pauvreté jointe à l'indépendance, et l'estime infiniment plus que la grande fortune qu'il pouvait attendre d'un monarque vivant au milieu de la pompe, du faste, de la mollesse et des délices, dans une nation la plus décriée pour le luxe. Il aurait pu seulement accompagner son refus de manières plus honnêtes.

I

C'était un vrai misanthrope. Il n'était content de rien, tout lui déplaisait. Le genre humain lui faisait pitié. Voyant tout le monde se livrer à une joie dont il sentait le faux, il ne paraissait jamais en public sans verser des larmes, ce qui lui fit donner le surnom de pleureur. Démocrite, au contraire, qui ne voyait rien de sérieux dans ce qui occupe le plus sérieusement les hommes, ne pouvait s'empêcher de rire. L'un ne trouvait dans la vie que misères, l'autre que niaiseries et bagatelles. Ils avaient tous deux raison dans un certain

sens.

Héraclite, ennuyé et fatigué de tout, prit enfin les hommes en si grande aversion, qu'il se retira sur une montagne pour y vivre d'herbes dans la compagnie des bêtes sauvages. Une hydropisie que ce genre de vie lui causa l'ayant obligé de descendre à la ville, il y mourut` peu de temps après.

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§ II. Secte de Démocrite.

Démocrite, auteur de cette secte, l'un des plus Laert. grands philosophes de l'antiquité, était d'Abdère dans la Thrace. Xerxès, roi de Perse, ayant logé chez le père de Démocrite, lui laissa quelques mages, qui furent les précepteurs de son fils, et qui lui enseignèrent leur prétendue théologie et l'astronomie. Il reçut ensuite les leçons de Leucippe, et apprit de lui le système des atomes et du vide.

L'inclination extraordinaire qu'il eut pour les sciences le porta à voyager dans tous les pays du monde où il espéra de trouver d'habiles gens. Il vit les prêtres d'Égypte : il consulta les Chaldéens et les philosophes persans. On veut même qu'il ait pénétré jusque dans les Indes et dans l'Éthiopie pour conférer avec les nosophistes.

I

gym

Il négligea le soin de ses revenus 1, et laissa ses terres incultes, afin de s'occuper avec moins de distraction à l'étude de la sagesse. On a été jusqu'à dire, mais avec peu de vraisemblance, qu'il s'était crevé les yeux, dans l'espérance de méditer plus profondément, lorsque les objets de la vue ne feraient point diversion aux forces intellectuelles de son ame. C'était s'aveugler en quelque sorte que de s'enfermer dans un tombeau, comme on

I « Democritus verè falsòve dicitur oculis se privasse, ut quàm minimè animis a cogitationibus abduceretur. Patrimonium neglexit, agros deseruit incultos; quid quærens

Tome XI. Hist. anc.

(De

aliud, nisi beatam vitam ? »
Finib. lib. 5, n. 87.)
Miramur, si Democriti pecus edit agellos
Cultaque, dum peregrè est animus sine cor-
pore velox.
(HORAT. lib. I, ep. 12.)

29.

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