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Diog. Laert.

Il appréhendait extrêmement de mourir. Cependant, ayant appris qu'Antipater, son antagoniste, philosophe de la secte stoïcienne, s'était empoisonné, il lui prit une saillie de courage contre la mort, et il s'écria: Donnez-moi donc aussi... Et quoi? lui demanda-t-on. Du vin miellé, répondit-il, s'étant bien ravisé. Diogène Laërce le raille de cette pusillanimité, et lui reproche d'avoir mieux aimé souffrir les langueurs d'une phthisie que de se donner la mort: car c'était une gloire chez les païens, quoique les plus sages parmi eux pensassent autrement. Il mourut la quatrième année Av. J.C. 133. de la 162° olympiade, âgé de quatre-vingt-cinq ans.

AN. M. 3871.

Plut. deFort.

Cic. Tusc.

Quæst. 1. 3,

n. 54.

CLITOMAQUE.

Clitomaque, disciple de Carnéade, lui succéda. Il Alex. p. 328. était Carthaginois, et se nommait Asdrubal dans la langue punique. Il composa plusieurs livres, qui étaient fort estimés, dont l'un avait pour titre Consolation. Il l'adressa à ses concitoyens après la prise et la ruine de Carthage, pour les consoler de l'état de captivité où ils se trouvaient.

Id. ibid.

PHILON. ANTIOCHUS.

Philon succéda à Clitomaque son maître. Il enseilib. 2, n. 9. gnait dans un temps la philosophie, et dans un autre

la rhétorique. Cicéron fréquenta son école, et profita de ses doubles leçons.

Il reçut aussi celles d'Antiochus, disciple et successeur de Philon. Antiochus était d'Ascalon : c'est le dernier des philosophes académiciens dont l'histoire soit Plut. in Cic. connue. Cicéron, dans le voyage qu'il fit à Athènes,

pag. 862.

fut enchanté de sa manière de parler, qui était douce, coulante, et pleine de grace: mais il n'approuvait pas le changement qu'il avait introduit dans la méthode de Carnéade; car Antiochus, après avoir soutenu longtemps avec force les dogmes de la nouvelle académie, qui rejetait tout rapport des sens, et même de la raison, et qui enseignait qu'il n'y avait rien de certain, avait embrassé tout d'un coup les sentiments de la vieille académie, soit qu'il eût été désabusé par l'évidence des choses et par le rapport des sens; soit, comme quelques-uns le pensaient, que la jalousie et l'envie contre les disciples de Clitomaque et de Philon l'eussent porté à prendre ce parti.

Luculle, ce fameux Romain, autant connu par son goût merveilleux pour les sciences que par son habileté dans le métier de la guerre, s'était déclaré ouvertement pour la secte des académiciens, non de la nouvelle académie, quoiqu'elle fût alors très - florissante par les écrits de Carnéade que Philon expliquait, mais pour celle de la vieille académie, dont l'école était tenue alors par Antiochus. Il avait recherché l'amitié de ce philosophe avec un empressement extrême : il le logeait chez lui, et il s'en servait pour l'opposer aux disciples de Philon, parmi lesquels Cicéron tenait le premier rang.

Plut. in Lucullo, p.51get 520.

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Diog. Laert.

J'ai déja remarqué qu'après la mort de Platon, ses disciples se partagèrent en deux sectes, dont l'une demeura dans l'école même où Platon avait enseigné, qui était l'académie; et l'autre passa dans le Lycée, lieu agréable, situé dans un faubourg d'Athènes. La dernière eut pour chef et fondateur Aristote.

Il était de Stagire, ville de Macédoine. Il naquit la AN. M. 3620. première année de la 99o olympiade, quarante ans environ après Platon. Son père, appelé Nicomaque, était médecin, et florissait sous Amyntas, roi de Macédoine, père de Philippe.

Agé de dix-sept ans, il vint à Athènes, entra dans l'école de Platon, et y reçut ses leçons pendant vingt ans. Il en faisait tout l'honneur, et Platon l'appelait l'ame de son école. Il avait une si grande passion pour l'étude, qu'afin de résister à l'accablement du sommeil, il mettait un bassin d'airain à côté de son lit; et quand il était couché, il étendait hors du lit une de ses mains où il tenait une boule de fer, afin que le bruit de cette boule, qui tombait dans le bassin lorsqu'il voulait s'endormir, le réveillât sur-le-champ.

Après la mort de Platon, qui arriva la première anAN. M. 3656. née de la 108 olympiade, il se retira chez Hermias, tyran d'Atarne dans la Mysie, son condisciple, qui le reçut chez lui avec plaisir, et le combla d'honneurs.

Hermias ayant été condamné et mis à mort par le roi des Perses, Aristote épousa sa sœur Pithaïde, qui était demeurée sans biens et sans protection.

il

lib. 9, c. 3.

C'est dans ce temps-là que Philippe le choisit pour prendre soin de l'éducation d'Alexandre son fils, qui pouvait alors avoir quatorze ou quinze ans. Il y avait Aul. Gell. long-temps qu'il l'avait destiné pour cet important et glorieux emploi. Dès que son fils fut venu au monde, lui en apprit la nouvelle par une lettre qui ne fait pas moins d'honneur à Philippe qu'à Aristote. Je ne crains point de la rapporter encore ici. Je vous apprends, lui dit-il, que j'ai un fils. Je rends graces aux dieux, non pas tant de me l'avoir donné que de me l'avoir donné du temps d'Aristote. J'ai lieu de me promettre que vous en ferez un successeur digne de nous, et un roi digne de la Macédoine. Quintilien 1 dit expressément qu'Aristote enseigna à Alexandre les premiers éléments des lettres. Mais comme ce sentiment souffre quelque difficulté, je ne m'y arrête pas entièrement. Quand lé temps de prendre soin de l'éducation du prince fut arrivé, Aristote se transporta en Macédoine. On a vù ailleurs le cas que Philippe et Alexandre faisaient de son rare mérite.

I

Après un séjour de quelques années dans cette cour,. il obtint la permission de se retirer. Callisthène, qui l'y avait accompagné, prit sa place, et fut destiné pour suivre Alexandre dans ses campagnes. Aristote 2, qui

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Cic. de Orat. lib. 3, n. 141.

cap. 1.

avait joint à beaucoup de jugement un grand usage du monde, prêt à faire voile pour Athènes, avertit Callisthène de se rappeler souvent une maxime de Xénophane, qu'il jugeait absolument nécessaire aux personnes qui vivent à la cour. « Parlez rarement devant « le prince, lui dit-il; ou parlez-lui d'une manière qui « lui plaise, afin que votre silence vous mette en « sûreté, ou que vos discours vous rendent agréable. » Callisthène, qui avait de la dureté et de l'aigreur dans l'esprit, profita mal de ce conseil, qui dans le fond se sent plus du courtisan que du philosophe.

Aristote, n'ayant donc pas jugé à propos de suivre son élève à la guerre, pour laquelle son attachement à l'étude lui donnait beaucoup d'éloignement, après le départ d'Alexandre retourna à Athènes. Il y fut reçu avec toutes les marques de distinction dues à un philosophe célèbre par tant d'endroits. Xénocrate tenait alors l'école de Platon dans l'Académie: Aristote ouvrit la sienne dans le Lycée. Le concours des auditeurs y fut extraordinaire. Le matin ses leçons étaient sur la philosophie, l'après-midi sur la rhétorique : il les donnait ordinairement en se promenant, ce qui fit appeler ses disciples péripatéticiens.

Il n'enseignait d'abord que la philosophie; mais la grande réputation d'Isocrate, âgé pour-lors de quatrevingt-dix ans, qui s'était donné tout entier à la rhétorique, et qui y avait un succès incroyable, le piqua de jalousie, et le porta à en donner aussi des leçons. C'est peut-être à cette noble émulation, permise entre savants, quand elle se borne à imiter, ou même à sur

quo scilicet apud regias aures vel
silentio tutior, vel sermone esset

acceptior.» (VALER. MAX. lib. 7, cap. 2.)

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