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Irritat, mulcet, falsis terroribus impler Ut magus. Hor.

PRINCIPES

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CE Traité sera divisé en trois Parties." La premiere aura pour objet la Poésie Dramatique en général. Dans la seconde, il sera question de la Tragédie; et de la Comédie dans la troisieme.

Tome III.

A

PREMIERE PARTI E.

DE LA

POÉSIE DRAMATIQUE

EN GÉNÉRAL.

CHAPITRE

I

Sur quoi est fondé le goût des hommes pour les Drames.

L'HOMME 'HOMME est né spectateur. L'appareil de tout l'Univers, que le Créateur semble étaler pour être vu et admiré nous le dit assez clairement. Aussi de tous nos sens, n'y en a-t-il point de plus vif, ni qui nous fournisse plus d'idées que celui de la vue. Mais plus ce sens est actif, plus il a besoin de changer d'objets. Aussitôt qu'il a transmis à l'esprit l'image de ceux qui l'ont frappé, son activité le porte à en chercher de nouveaux : et s'il en trouve, il ne manque point de les saisir avidement. C'est de là que sont venus les spectacles, établis chez presque toutes les nations. Il

en faut aux hommes, de quelqu'espece que ce soit. Et s'il est vrai que la Nature dans ses effets, la Société dans ses événemens, ne leur en fournissent de piquans que de loin à loin, ils auront grande obligation à quiconque aura le talent d'en créer pour eux; ne fût-ce que des fantômes, ou des ressemblances sans réalité.

Les grimaces, les prestiges d'un char latan monté sur des treteaux, quelque animal rare, ou instruit à quelque manége extraordinaire, attirent tout un peuple, l'attachent, le retiennent comme malgré lui, et cela dans tout pays. La Nature étant la même par-tout, et dans tous les hommes savans et ignorans grands et petits, peuple et non peuple il n'étoit pas possible qu'avec le tems, les spectacles de l'art n'eussent pas lieu dans la société humaine. Mais de quelle espece devoient-ils être pour faire la plus grande impression du plaisir?

On peut présenter les effets réels de la Nature, une riviere débordée, des rochers escarpés, des plaines, des forêts, des animaux. Mais ces objets qui n'ont qu'un rapport éloigné avec notre être, qui ne nous menacent d'aucun mal, ni ne nous promettent aucun bien, sont de pure curiosité. Ils ne frappent

que la premiere fois, parce qu'ils sont nouveaux. S'ils plaisent quand on les revoit, ce n'est que par l'art heureusement exécuté.

Il faut donc nous donner quelqu'autre objet plus intéressant. Quel sera cet objet? Nous-mêmes. Qu'on nous fasse voir dans d'autres hommes ce que nous sommes; c'est de quoi nous intéresser, nous attacher, nous remuer vivement.

Mais l'homme étant composé d'un corps et d'une ame, il s'ensuit qu'il y a deux sortes de spectacles qui peuvent l'intéresser.

Les nations qui ont cultivé le corps plus que l'esprit, ont donné la préférence aux spectacles, où la force du corps et la souplesse des membres se montroient. Celles qui ont cultivé l'esprit plus que le corps, ont préféré les spectacles, où on voit les ressources du génie et les ressorts des passions. Les Grecs ont cultivé l'un et l'autre également, et les specta cles des deux especes ont été également en honneur chez eux.

Mais il y a cette différence entre ces deux sortes de spectacles, que dans ceux qui ont rapport au corps, il peut y avoir réalité, c'est-à-dire, que les choses peuyent s'y passer sans feinte et tout de bon comme dans les spectacles des

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