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PART II.

In which 1s. Silent Letters are printed in Italics; and 2d. Con necting Letters are joined by a Curve

LV.

Faiblesse du Pouvoir de l'Homme contre celui de la Nature.

Nous ne voyons

l'ordre que* dans les lieux où nous avons mis la main. L'habitude que nous avons de resserrer* dans des digues le canal de nos rivières, de sabler nos grands chemins, d' aligner les allées de nos jardins, d' en tracer les bassins au cordeau, d'équarrir nos parterres et même nos arbres, nous_accoutume à considérer tout ce qui s'écarte de notre équerre, comme livré à la confusion. Mais c'est dans ces lieux mêmes que on voit souvent un véritable désordre. Nous faisons jaillir des jets d'eau sur des montagnes; nous plantons des peupliers et des tilleuls sur des rochers; nous mettons des vignobles dans des vallées, et des prairies sur des collines. Pour peu que ces travaux soient négligés, tous ces petits nivellements sont bientôt confondus sous le

ין

As the pupil is supposed now to be sufficiently familiar with Rule 10, the u, when preceded by q, will hereafter be printed in Roman.

For a similar reason (see Rule 18), r final when preceded by e, as in resserrer, will hereafter be printed in Roman.

niveau général des continents, et toutes ces cultures_ humaines disparaissent sous celle de la nature. Les pièces d'eau se changent_en marais, les murs de charmilles se hérissent d'herbes, tous les berceaux s' obstruent, toutes les_avenues se ferment, les végétaux naturels à chaque sol font la guerre aux végétaux_étrangers; les chardons étoilés et les vigoureux verbascums* étouffent sous eurs larges feuilles les gazons anglais; des foules_ épaisses de graminées_et de trèfles se réunissent_autour des arbres de Judée; les ronces du hien y grimpent_ avec leurs crochets, comme si elles_y montaient_à l' assaut; des touffes d'orties s'emparent de l'urne des Naïades, et des forêts de roseaux, des forges de Vulcain; des plaques verdâtres de minium* rongent le visage de Vénus, sans respecter sa beauté. Les arbres mêmes assiégent le château; les cerisiers sauvages, les_ormes, les érables montent sur ces combles, enfoncent leurs longs pivots dans ces frontons élevés, et dominent_enfin sur ces coupoles orgueilleuses. Les ruines d' un parc ne sont pas moins dignes des réflexions du sage que celles des_empires: elles montrent également combien le pouvoir de l'homme est faible quand_il lutte contre celui de la nature. Bernardin de Saint-Pierre.

LVI.

Lever du Soleil.

On le voit s' annoncer de loin par les traits de feu qu'il lance au-devant de lui. L'incendie augmente, l'orient paraît tout en flammes: à leur éclat, on attend l'astre long-temps avant qu'il se montre; à chaque instant_on

When the letters um terminate a word, they are always pro nounced om thus, verbascom, miniom.

croit le voir paraître: on le voit enfin. Un point brillant part comme un éclair et remplit_aussitôt tout l'espace; le voile des ténèbres s'efface et tombe; l'homme reconnaît son séjour, et le trouve embelli. La verdure a pris, durant la nuit, une vigueur nouvelle; le jour naissant qui l' eclaire, les premiers rayons qui la dorent, la montrent couverte d'un brillant réseau de rosée, qui réfléchit_à l'œil ! lumière et les couleurs. Les oiseaux en chœur se réunissent et saluent de concert le père de la vie en ce moment pas un seul ne se tait. Leur gazouillement, faible encore, est plus lent_et plus doux que dans le reste de la journée: il se sent de la langueur d'un paisible réveil. Le concours de tous ces_objets porte aux sens une impression de fraîcheur qui semble pénétrer jusqu'à l'âme. Il y a là une demi heure d' enchanterent auquel nul homme ne résiste: un spectacle si grand, si beau, s délicieux n' en laisse aucun de sang froid.

J. J. Rousseau.

LVII.

Les Ruines de Palmyre.

Le soleil venait de se coucher; un bandeau rougeâtre marquait encore sa trace à l' horizon lointain des monta de la Syrie: la pleine lune, à l'orient, s'élevait sur un fond bleuâtre vers les planes rives de l' Euphrate; le ciel était pur, l' air calme et serein; l'éclat mourant du jour tempérait l'horreur des ténèbres; la fraîcheur naissante ue la nuit calmait les feux de la terre embrasée; les pâtres avaient retiré leurs chameaux; l'œil n'apercevait plus aucun mouvement sur la plaine monotone et grisâtre; un silence profond régnait sur le désert; seulement, à de 'ongs intervalles, on entendait les lugubres cris de

quelques oiseaux de nuit et de quelques chacals. L'ombre croissait, et déjà, dans le crépuscule, mes regards ne distinguaient plus que les fantômes blanchâtres des colonnes

et des murs. - Ces lieux solitaires, cette soirée paisible, cette scène majestueuse, imprimèrent à mon esprit un recueillement religieux. L'aspect d' une grande cité déserte, la mémoire des temps passés, la comparaison de l'état présent, tout_éleva mon cœur à de hautes pensées. Je m' assis sur le tronc d'une colonne; et là, le coude appuyé sur le genou, la tête soutenue sur la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m' abandonnai à une rêverie profonde.

ހ

Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente; ici fut le siége d' un_empire puissant. Oui, ces lieux maintenant si déserts, jadis_une multitude vivante animait leur enceinte, une foule active circulait dans ces routes_auourd'hui solitaires: en ces murs, où règne un morne silence, retentissaient sans cesse le bruit des arts et les cris d'allégresse et de fêtes; ces marbres_amoncelés formaient des palais réguliers; ces colonnes abattues ornaient la majesté des temples; ces galeries écroulées dessinaient les places publiques! Là, pour les devoirs respectables de son culte, pour les soins touchants de sa subsistance, affluait un peuple nombreux. Là, une industrie créatrice de jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l' on voyait s'échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Cachemire pour les tapis fastueux de la Lydie, l' ambre de la Baltique pour les perles et les parfums d'Arabie, l'or d' Ophyr pour l'étain de Thulé!

Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puissante, un lugubre squelette! Voilà ce qui reste d' une vaste domination, un souvenir obscur et vain! Au concours bruyant qui se pressait sous ces portiques, a succédé une solitude de mort. Le silence des tombeaux s est substitué

au murmure des places publiques. L' opulence d'une cité de commerce s'est changée en_une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le repaire des betes fauves; les troupeaux parquent au seuil des temples, et les reptiles_immondes habitent le sanctuaire des dieux! — Ah! comment s'est éclipsée tant de gloire! se sont anéantis tant de travaux !—Ainsi donc périssent les ouvrages des hoinines! Ainsi s'évanouissent les empires et les nations!

LVIII.

comment

Volney.

Aspect Physique et Moral de Constantinople.

Constantinople, et surtout la côte d'Asie, étaient noyées dans le brouillard : les cyprès et les minarets que j' apercevais à travers cette vapeur, présentaient l' aspect d'une forêt dépouillée. Comme nous approchions de la pointe du sérail, le vent du nord s'éleva, et balaya, en moins de quelques minutes, la brume répandue sur ce tableau; je me trouvai tout-à-coup au milieu des palais du commandeur des croyants. Devant moi le canal de la mer Noire serpentait entre des collines riantes, ainsi qu' un fleuve superbe j'avais à ma droite la terre d' Asie et la ville de Scutari: la terre d' Europe était à ma gauche: elle formait, en se creusant, une large baie pleine de grands navires à l'ancre, et traversée par d' innombrables petits bateaux. Cette baie, renfermée entre deux coteaux, présentait en regard et en_amphithéâtre Constantinople et Galata. L'immensité de ces trois villes étagées, Galata, Constantinople et Scutari; les cyprès, les minarets, les mâts des vaisseaux qui s'élevaient et se confondaient de toutes parts; la verdure des arbres, les couleurs des maisons blanches et rouges; la mer qui étendait sou ces objets sa nappe bleue, et le ciel qui déroulait _au

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