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vez le nier : j'ai contre vous votre propre témoignage, celui que vous avez rendu devant Néron; j'ai la lettre que vous lui avez écrite. Lisez cet endroit de la déposition: DÉPOSITION DE C. VERRES CONTRE ARTEMIDORE. Lisez cet endroit de la lettre de Verrès à Néron : LETTRE DE C. VERRÈS A C. NERON. BIENTÔT, DANS LA MAISON OÙ J'ÉTAIS.... La cité de Lampsaque songeaitelle donc à faire la guerre au peuple romain, à se révolter contre nous, à se soustraire à notre empire? J'apprends, en effet, par l'histoire et par la tradition, que si, dans le sein d'une ville, un envoyé du peuple romain s'est vu, je ne dis pas assiégé, je ne dis pas attaqué par le fer, par le feu, par des troupes armées, mais seulement insulté de quelque manière, et que cette ville n'en ait pas fait une satisfaction publique, l'usage est de déclarer et de faire la guerre à ces rebelles. Quel fut donc le motif qui porta toute la cité de Lampsaque à déserter, comme vous l'écrivez vousmême, la place d'assemblée, et à courir à votre maison? Car, ni dans votre lettre à Néron, ni dans votre déposition devant lui, vous ne dites pas un mot de ce qui a pu causer ce tumulte. Vous dites que vous avez été assiégé dans votre maison; qu'on y a apporté du bois et du fen; que votre licteur a été tué; que vousmême n'avez pas eu la liberté de sortir de chez vous; et vous faites un secret de ce qui vous a mis dans une position si terrible. Si Rubrius avait commis quelque violence envers les habitants, de son chef, et non par vos ordres et pour servir votre passion, ils seraient venus vous porter plainte contre Rubrius, et non vous assiéger vous-même. Ainsi, nos témoins* ayant expliqué la cause de cet attroupement tumultueux, et Verrès l'ayant dissimulée, faut-il autre chose pour confir* Dans la première Action.

dixerint, ipse celarit; nonne causam hanc, quam nos proposuimus, tum illorum testimonia, tum istius taciturnitas perpetua confirmat?

XXXII. Huic homini parcetis igitur, judices, cujus tanta peccata sunt, ut ii, quibus injurias fecerit, neque legitimum tempus exspectare ad ulciscendum, neque vim tantam doloris in posterum differre potuerint? Circumsessus es: a quibus? a Lampsacenis, barbaris hominibus, credo, aut iis, qui populi romani nomen contemnerent. Imo vero ab hominibus, et natura, et consuetudine, et disciplina lenissimis; porro autem populi romani, conditione sociis, fortuna servis, voluntate supplicibus ut perspicuum sit omnibus, nisi tanta acerbitas injuriæ, tanta vis sceleris fuisset, ut Lampsaceni moriendum sibi potius, quam perpetiendum putarent, nunquam illos in eum locum progressuros fuisse, ut vehementius odio libidinis tuæ, quam metu legationis moverentur. Nolite, per deos immortales, cogere socios atque exteras nationes, hoc uti perfugio : quo, nisi vos vindicatis, utentur necessario. Lampsacenos in istum nunquam ulla res mitigasset, nisi eum pœnas Romæ daturum credidissent. Etsi talem acceperant injuriam, quam nulla lege satis digne persequi poterant; tamen incommoda sua 1 nostris committere legibus et judiciis, quam dolori suo permittere maluerunt. Tu mihi, quum circumsessus a tam illustri civitate sis propter tuum scelus atque flagitium; quum coegeris ho

Vestris. Multi codd. nostrum tuentur. Et sic infra, nostris legibus et j.

mer ce que j'ai dit, que leur déposition et l'opiniâtreté de son silence?

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XXXII. Épargnerez-vous donc, sénateurs, homme dont les délits sont si graves, que ceux qu'il a maltraités n'ont pu attendre le moment légal de la vengeance, ni contenir pour un temps la violence de leur douleur? Vous avez été assiégé! Par qui? par les Lampsacéniens; par des barbares, sans doute, ou par une nation accoutumée à mépriser le nom romain? Non; mais par des hommes chez qui le naturel, les mœurs, l'éducation, n'annoncent que la douceur, et qui, de plus, sont alliés du peuple romain par leur gouvernement, ses sujets par les chances de la fortune, ses suppliants par le prix qu'ils attachent à sa protection; en sorte qu'il est de toute évidence que, si la cruauté de l'outrage et l'atrocité du crime n'avaient réduit les Lampsacéniens au point d'aimer mieux mourir que de supporter plus long-temps de tels excès, jamais ils n'en seraient venus jusqu'à suivre plutôt les mouvements de leur haine pour le tyran, que leur respect pour le magistrat romain. Au nom des dieux immortels, ne forcez pas les alliés et les nations étrangères à recourir à cette dernière ressource, dont ils useront nécessairement si vous ne les vengez vousmêmes. Rien n'eût été capable d'apaiser les habitants de Lampsaque animés contre Verrès, s'ils n'eussent été assurés qu'il trouverait à Rome sa punition. Quoiqu'il n'y eût point de loi assez sévère, en vertu de laquelle ils pussent se procurer une vengeance égale à l'injure, ils ont mieux aimé confier leurs sujets de plainte à nos lois et à nos tribunaux, que de se faire justice au gré de leur douleur. Et vous cependant, Verrès, après vous être fait assiéger par une illustre

mines miseros et calamitosos, quasi desperatis nostris legibus et judiciis, ad vim, ad manus, ad arma confugere; quum te in oppidis et civitatibus amicorum non legatum populi romani, sed tyrannum libidinosum crudelemque præbueris; quum apud exteras nationes, imperii nominisque nostri famam tuis probris flagitiisque violaris; quum te ex ferro amicorum populi romani eripueris, atque e flamma sociorum evolaris hic tibi perfugium speras futurum? Erras: ut huc incideres, non ut hic conquiesceres, illi te vivum exire passi sunt.

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XXXIII. Et ais, judicium esse factum, te injuria circumsessum esse Lampsaci, quod Philodamus cum filio condemnatus sit. Quid? si doceo, si planum facio, teste homine nequam, verum ad hanc rem tamen idoneo, te ipso, inquam, teste 'doceo, te hujus circumsessionis tuæ causam et culpam in alios transtulisse? neque in eos, quos tu 3 insimularas, esse animadversum? ¡am nihil te judicium Neronis adjuvat. Recita, quas ad Neronem litteras misit: EPISTOLA C. VERRIS AD NERONEM THEMISTAGORAS ET THESSALUS.... Themistagoram et Thessalum scribis populum concitasse. Quem populum? qui te circumsedit; qui te vivum comburere conatus est. Ubi hos persequeris ? ubi accusas? ubi defendis jus nomenque legati? In Philodami judicio dices id actum. Cedo mihi ipsius Verris testimonium : videamus, quid idem 'Docebo. 2 Lambin. ex Asconio, contulisse. 3 Iidem, insimularis.

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ville, à cause de vos infâmes attentats; après avoir forcé un malheureux peuple à recourir à la force, aux voies de fait, aux armes, comme n'espérant plus rien de nos tribunaux et de nos lois; après vous être comporté dans les villes et les cités de nos amis, non en magistrat du peuple romain, mais en tyran licencieux et cruel; après avoir avili chez les nations étrangères, par votre conduite infâme et scandaleuse, l'empire et le nom romain; après avoir échappé au glaive de nos amis, et vous être sauvé des flammes de nos alliés, vous espérez trouver ici un asile! vous vous trompez : ils vous ont laissé sortir vivant de leurs mains, pour que vous vinssiez chercher à Rome, non pas un port tranquille, mais un funeste écueil.

XXXIII. Un jugement, dites-vous encore, a pro-noncé que le peuple de Lampsaque vous avait injustement assiégé, puisque Philodamus et son fils ont été condamnés comme auteurs de cette émeute. Mais si je prouve, si je démontre par le témoignage d'un homme fort méprisable, mais pourtant d'un grand poids dans cette affaire, je veux dire de Verrès, oui, de vousmême, que c'est à d'autres que vous avez imputé la cause et le délit de cet attroupement, et que ceux que -vous en avez accusés n'ont point été punis, dès lors vous ne pouvez tirer avantage du jugement de Néron. Qu'on lise la lettre qu'il a écrite à Néron: Lettre de C. VERRÈS A NÉRON, THÉMISTAGORAS ET THESSALUS.... Vous lui mandez que le peuple a été soulevé par Thémistagoras et Thessalus. Quel peuple? celui qui vint vous assiéger; celui qui voulut vous brûler tout vif. Où les prenez-vous à partie? où les accusez-vous? où défendez-vous contre eux les droits et l'honneur de la dignité dont vous étiez revêtu? Vous direz que ces points ont été traités dans le procès de Philodamus.

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