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soixante-sept fois dans ce Discours cette expression de peuple romain, qui était alors, dit-il, bien plus imposante qu'aujourd'hui. Ce traducteur eût mieux fait de compter ses contre-sens. Nous avons revu l'ouvrage de Binet avec le même soin que ses traductions précédentes; et nous croyons du moins que, dans cette nouvelle édition, le sens est toujours respecté.

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. IN C. VERREM

ACTIO SECUNDA.

LIBER PRIMUS.

DE PRÆTURA URBANA.

I. NEMINEM

ORATIO SEXTA.

EMINEM vestrum ignorare arbitror, judices, hunc per hosce dies sermonem vulgi, atque hanc opinionem populi romani fuisse, C. Verrem altera actione responsurum non esse, neque ad judicium affuturum. Quæ fama non idcirco solum emanarat, quod iste certe statuerat ac deliberaverat non adesse; verum etiam, quod nemo quemquam tam audacem, tam amentem, tam impudentem fore arbitrabatur, qui tam nefariis criminibus, tam multis testibus' evictus, ora judicum adspicere, aut os suum populo romano ostendere auderet. Est idem Verres, qui fuit semper; ut ad audendum projectus, sic paratus ad audiendum : præsto est; respondet; defenditur. Ne hoc quidem sibi reliqui facit, ut in rebus turpissimis, quum manifesto teneatur, si reticeat, et absit, tamen impudentiæ

'Scholiast. anon. et quidam scr. libr., convictus.

SECONDE ACTION

CONTRE VERRÈS.

LIVRE PREMIER.

SUR SA PRÉTURE DE ROME, etc.

DISCOURS SIXIÈME.

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I. PERSONNE de vous, juges, n'ignore sans doute le bruit répandu ces jours derniers, et la persuasion où était le peuple romain que Verrès ne se présenterait pas une seconde fois devant ce tribunal pour me répondre. Ce bruit avait circulé, non seulement parce que Verrès avait, en effet, pris ce parti après une mûre délibération, mais aussi parce qu'on n'imaginait pas qu'un homme convaincu, par une foule de témoins, de tant de forfaits abominables, eût encore assez d'audace, de démence et d'effronterie pour soutenir la vue des juges, et se montrer au peuple romain. Verrès est aujourd'hui ce qu'il a toujours été : prêt à tout entendre comme à tout oser. Le voici donc ; il répond; on le défend. Pris sur le fait dans les plus honteuses actions, s'il gardait le silence et ne reparaissait plus, on croirait au moins qu'il cherche encore à effacer l'impudence de sa vie par quelque reste de pudeur; mais non, il rejette tout ce qui peut l'honorer. Eh bien! sénateurs, je ne suis point fàché de

suæ pudentem exitum quæsisse videatur. Patior, judices, et non moleste fero, me laboris mei, vos virtutis vestræ fructum esse laturos. Nam si iste id fecisset, quod primo statuerat, ut non adesset; minus aliquanto, quam mihi opus esset, cognosceretur, quid ego in hac accusatione comparanda constituendaque elaborassem: vestra vero laus tenuis plane atque obscura, judices, esset. Neque enim hoc a vobis populus romanus exspectat, neque eo potest esse contentus, si condemnatus sit is, qui adesse noluerit; et si fortes fueritis in eo, quem nemo sit ausus defendere. Imo vero adsit, respondeat; summis opibus, summo studio potentissimorum hominum defendatur; certet mea diligentia cum illorum omnium cupiditate; vestra integritas cum istius pecunia; testium constantia cum illius patronorum minis atque potentia : tum demum illa victa videbuntur, quum in contentionem certamenque venerint. Absens si iste esset damnatus, non tam ipse sibi consuluisse, quam invidisse vestræ laudi videretur.

II. Neque enim salus ulla reipublicæ major hoc tempore reperiri potest, quam populum romanum intelligere, diligenter rejectis ab accusatore judicibus, socios, leges, rempublicam, senatorio consilio maxime posse defendi : neque tanta fortunis omnium pernicies potest 'accedere, quam opinione populi romani rationem veritatis, integritatis, fidei, religionis, ab hoc ordine abjudicari. Itaque mihi videor magnam, et maxime ægram,

* Ruhnken., ad Rutil. Lup., p. 3, accidere, quod habebant jam quædam edd.

voir que je ne perdrai point le fruit de mes peines, ni vous, celui de votre incorruptible équité. Car si Verrès s'en fût tenu à sa première résolution de ne point comparaître, on ne verrait pas, aussi bien que je le désirais, combien il m'en a coûté de travaux pour disposer et pour établir mon accusation; et vousmêmes, sénateurs, vous n'auriez ici qu'une gloire faible et douteuse. Non, ce n'est point là ce qu'attend de vous le peuple romain, et il ne serait point satisfait, si vous eussiez condamné un accusé qui n'aurait pas voulu comparaître; courage trop facile contre un misérable que personne n'aurait osé défendre. Ah! plu- ' tôt, qu'il se présente, qu'il réponde; qu'il soit défendu par tout le zèle et tout le crédit des hommes les plus puissants; que mon activité soit aux prises avec leur avengle passion, votre intégrité avec tout l'or de Verrès, la fermeté des témoins avec les menaces et le pouvoir de ses défenseurs : ce n'est qu'après une lutte, un combat, qu'il nous sera permis de nous croire vainqueurs. Si Verrès eût été condamné par défaut, il eût moins paru se dérober à votre justice, que vous envier la gloire d'avoir été justes.

II. Oui, le plus grand service à rendre à la république, pour la sauver du péril où nous sommes, est de faire connaître au peuple romain qu'avec l'attention de l'accusateur à choisir ses juges, nos alliés, nos lois, la république elle-même, ne peuvent trouver de plus sûrs gardiens que dans l'ordre des sénateurs : rien de plus funeste, au contraire, aux intérêts de tous, que de voir cet ordre condamné sans retour par l'opinion du peuple romain, comme indigne de respecter jamais l'intégrité, la bonne foi, l'honneur, la religion. Aussi me semble-t-il que je suis venu au secours de la république dans une partie d'elle-même, la plus im

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