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Quum hos sibi quæstus constituisset, magnos atque uberes, ex his causis, quas ipse instituerat in consilio, hoc est, cum sua cohorte, cognoscere tum infinitum genus invenerat ad innumerabilem pecuniam corripiendam.

XII. Dubium nemini est, quin omnes omnium pecuniæ positæ sint in eorum potestate, qui judicia dant, et eorum, qui judicant; quin nemo nostrum possit ædes suas, nemo fundum, nemo bona patria obtinere, si, quum hæc a quopiam vestrum petita sint, prætor improbus, cui nemo intercedere possit, det, quem velit, judicem; judex nequam et levis, quod prætor jusserit, judicet. Si vero illud quoque accedet, ut in ea verba prætor judicium det, ut vel L. Octavius Balbus judex, homo et juris et officii peritissimus, non possit aliter judicare; si judicium sit ejusmodi: L. OCTAVIUS JUDEX ESTO: SI PARET, FUNDUM CAPENATEM, QUO DE AGITUR EX JURE QUIRITIUM P. SERVILII ESSE, neque is funDUS Q. CATULO KESTITUETUR : non necesse erit L. Octavio judici cogere P. Servilium Q. Catulo fundum restituere, aut condemnare eum, quem non oporteat? Ejusdemmodi totum jus prætorium, ejusdemmodi omnis res judiciaria fuit in Sicilia per triennium, Verre prætore. Decreta ejusmodi SI NON ACCIPIT, QUOD TE DEBERE DICIS, ACCUSES; SI PETIT, DUCAS. C. Fuficium duci jussit petitorem, L. Suetium, L. Racillium. Judicia hujusmodi : Qui cives romani erant, si

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1 Nihil muta; sed intellige cum Hotomanno, tum damnetur Servilius. - 2 Al. petitur, petitor, patitur, etc.

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Tels étaient les gains énormes qu'offraient à sa cupidité les affaires dont il avait résolu de connaître avec son conseil, c'est-à-dire avec sa troupe de brigands; mais il avait imaginé une infinité d'autres manières de vendre la justice.

XII. Personne ne doute que toutes les fortunes des particuliers ne soient au pouvoir de ceux qui règlent les jugements et de ceux qui jugent; qu'aucun de nous ne peut posséder en paix ses maisons, ses terres, son patrimoine, si, lorsqu'ils nous sont disputés, un préteur injuste, qui ne trouve point d'opposant 15, donne le juge qu'il veut; et si ce juge, sans conscience et sans principes, prononce au gré du préteur. Que sera-ce si le préteur, en réglant l'instruction de la cause, emploie une formule telle, que même un Octavius Balbus 16, notre juge, cet homme si vertueux et si éclairé, ne puisse juger autrement que ne prescrit la formule ? Par exemple: L. OCTAVIUS SERA JUGE; S'IL APPARAÎT QUE LA TERRE DE CAPÈNE DONT IL S'AGIT APPARTIENT PAR LE DROIT QUIRITAIRE A P. SERVILIUS, ET QUE CETTE TERRE NE SOIT PAS RENDUE A Q. CATULUS..... N'est-il pas alors nécessaire que le juge L. Octavius oblige P. Servilius à rendre la terre à Q. Catulus, ou condamne celui qu'il ne devrait pas condamner? Telle a été sous Verrès la jurisprudence prétorienne; telle est la manière dont il a fait administrer la justice pendant trois ans. Voici ses ordonnances: SI LE CRÉANCIER NE VEUT PAS RECEVOIR LA SOMME QUE VOUS DITES LUI DEVOIR, ACcusez-le; s'IL DEMANDE PLUS, FAITES-LE MENER EN PRISON. Verrès n'a-t-il pas fait mener en prison C. Fuficius demandeur, et L. Suétius, et L. Racillius? Quant à la composition de ses tribunaux, il faisait juger des Sicilens par des citoyens romains, malgré le privilége de leurs lois, et des citoyens ro

* Siculi essent, quum Siculos eorum legibus dari oporteret; qui Siculi, si cives romani essent. Verum, ut totum genus complectamini judiciorum; prius jura Siculorum, deinde istius instituta cognoscite.

XIII. Siculi hoc jure sunt, ut, quod civis cum cive agat, domi certet suis legibus ; quod Siculus cum Siculo non ejusdem civitatis, ut de eo prætor judices ex P. Rupilii decreto, quod is de decem legatorum sententia statuit, quam legem illi Rupiliam vocant, sortiatur. Quod privatus a populo petit, aut populus a privato; senatus ex aliqua civitate, qui judicet, datur, quum alternæ civitates rejectæ sunt. Quod civis romanus a Siculo petit, Siculus judex datur; quod Siculus a cive romano, civis romanus datur ceterarum rerum selecti judices civium romanorum ex conventu proponi solent. Inter aratores et decumanos, lege Frumentaria, quam Hieronicam appellant, judicia fiunt. Hæc omnia isto prætore non modo perturbata, sed plane et Siculis et civibus romanis erepta sunt : primum 3 suæ leges; quod civis cum cive ageret, aut eum judicem, quem commodum erat, præconem, aruspicem, medicum suum dabat; aut, si legibus erat judicium constitutum, et ad civem suum judicem venerant, libere civi judicare non licebat. Edictum enim hominis cog

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Priscian., p. 766, ed. Putsch., habet civi. 2 Vulg. hic ordo verborum est, ex conventu civium romanorum. Nos cum Jac. Gronovio, Verburg., Olivet., Lallem., Ernest., sententiam sequimur J. F. Gronovii. 3 Schütz delet suæ leges, quæ verba putat e marginis nota in textum immigrasse. Videant docti.

mains par des Siciliens. Mais pour vous faire embrasser tout son plan judiciaire, voyez d'adord quelle est la jurisprudence des Siciliens; vous verrez après cela quelles étaient ses ordonnances.

XIII. Voici la jurisprudence des Siciliens : Si deux citoyens de la même ville ont un procès, ils y seront jugés d'après leurs lois. Si un Sicilien plaide contre un Sicilien qui ne soit pas de la ville, le préteur (en vertu du décret de Rupilius, porté de l'avis des dix '7 députés, décret appelé par les Siciliens loi Rupilia ) tirera des juges au sort. Si un particulier fait des demandes contre un peuple, ou un peuple contre un particulier, on choisira pour les juger le sénat d'une ville tierce, quand les sénats des deux parties seront récusés. Si un citoyen romain poursuit un Sicilien, on donnera un juge sicilien ; et un juge romain, si c'est un Sicilien qui poursuit un citoyen romain: pour les autres affaires, on choisit ordinairement des juges parmi les citoyens romains établis dans le lieu même. Les agriculteurs et les fermiers du dixième sont jugés d'après la loi Frumentaria, qu'on appelle loi d'Hiéron. Sous la préture de Verrès, toutes ces formes ont été, non seulement bouleversées, mais anéanties: Siciliens et citoyens romains se sont vus dépouillés de leurs priviléges. D'abord, dans le procès de deux citoyens de la même ville, ou les lois n'arrêtaient pas Verrès, et il nommait un juge à son gré, un de ses crieurs, de ses aruspices, de ses médecins; ou, si le jugement était réglé selon les lois, si les parties avaient un de leurs concitoyens pour juge, ce juge n'était pas libre. Écoutez l'ordonnance du préteur, par laquelle il disposait de tous les jugements: SI QUELQU'UN JUGE MAL, J'EN PRENDRAI CONNAISSANCE, ET JE SÉVIRAI CONTRE LE

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noscite, quo edicto omnia judicia redegerat in suam potestatem: SI QUI PERPERAM JUDICASSET

SE COGNITURUM; QUUM COGNOSSET, ANIMADVER

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SURUM: idque quum faciebat, nemo dubitabat, quin, quum judex alium de suo judicio 'putaret judicaturum, seque in eo capitis periculum aditurum, voluntatem spectaret ejus, quem statim de capite suo putaret judicaturum. Selecti e conventu, aut propositi ex negotiatoribus judices. nulli: hæc copia, quam dico, judicum, cohors, non Q. Scævolæ, qui tamen de cohorte sua dare non solebat; sed C. Verris. Cujusmodi cohortem putatis hoc principe fuisse? sicuti videtis edictum. SI QUID PERPERAM JUDICARIT SENATUS. Eum quoque ostendam, si quando sit datus, coactu istius, quod non senserit, judicasse. Ex lege Rupilia sortitio nulla, nisi quum nihil intererat istius. Lege Hieronica judicia plurimarum controversiarum, sublata uno nomine omnia : de conventu ac negotiatoribus nulli judices. Quantam potestatem habuerit, videtis: quas res gesserit, cognoscite.

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XIV. Heraclius est Hieronis filius, Syracusahomo in primis domi suæ nobilis, et ante hunc prætorem vel pecuniosissimus Syracusanorum; nunc nulla alia calamitate, nisi istius avaritia atque injuria, pauperrimus. Huic hereditas facile ad H-S tricies venit testamento propinqui sui, Heraclii; plena domus cælati argenti optimi, multæque stragulæ vestis, pretiosissimorumque I Putet. Spectet. 3 Putet. 4 Ernest. conj. sicuti videtis ipsum; Schütz, de Siculis v. e.

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