Hommes et choses, Volume 3

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Popular passages

Page 371 - ... tous vos maux : remède héroïque, remède infaillible, et dont le résultat serait immédiat si tous les soldats de France, tous les soldats d'Europe, tous les soldats du monde, bref tous les mannequins, tous les imbéciles, tous les ânes bâtés d'un uniforme, que les dogues font sauter et cabrioler pour leur agrément, voulaient, non pas précisément jeter leurs armes au nez de leurs officiers, il faut être poli tout âne qu'on est, mais les déposer gracieusement à leurs pieds, en leur...
Page 163 - L'étendard sanglant est levé. Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Egorger vos fils, vos compagnes ! Aux armes, citoyens ! formez vos bataillons, Marchons ! ... qu'un sang impur abreuve nos sillons.
Page 46 - La souveraineté (lu peuple, m'ont-ils dit, est un emblème agréable, une sorte de diadème de carton dont on a décoré le front de la déesse de la liberté pour l'embellir, et qu'on a jeté ensuite sur celui de la nation, à peu près comme on jette le voile sur les yeux de la mariée que l'on mène à l'autel et dont l'époux est vieux et laid; or, le pouvoir n'est jamais beau pour celui qui en fait les frais. On dit donc au peuple qu'il est souverain pour le façonner à obéir et comme on...
Page 189 - ... n'éclaire pas. Il en est de même dans beaucoup de nos prosateurs écrivains ou orateurs : ils peuvent tout penser et ne savent rien méditer. Les matériaux ne leur manquent pas, mais ils ne s'occupent pas à les assortir, et leur produit n'est qu'un pêle-mêle. La méditation, base et cause réelle de tout ce qu'il y a de beau et de grand dans le ciel et sur la terre, devient aussi le préservatif du mal ou sa punition. C'est la méditation ou la réflexion qui arrête celui qu'entraîne...
Page 368 - TOUS portez vous-mêmes ? Mais, en conscience, sont-ce là des raisons? Leur sang n'est-il pas rouge comme le nôtre? Leur cœur est-il fait autrement, et ne bat-il pas de même? Vos besoins et vos souffrances ne sont-ils pas semblables? Enfin, d'hommes qu'ils étaient comme vous, ne sont-ils pas , comme vous , devenus de misérables brutes, pauvres roquets pelés , rogneux, galeux, battus, pillés, mordus par des dogues semblables à ceux qui vous mordent? Enfin, la nation , puisque vous vous nommez...
Page 44 - ... elle ne pourra se diriger elle-même. Or, de quoi se compose un peuple ? D'individus. Analysez ce peuple, prenez un à un ces individus, sondezleur doucement la conscience , et vous y trouverez que si chacun admet la souveraineté du peuple , c'est à la condition qu'il n'y aura de peuple que lui et ses amis, et que le reste de la nation sera sa vache à lait, son domaine privé , sa liste civile. En ceci , d'un peuple à un autocrate , il ya peu de différence. Mais allez lui dire que riche...
Page 370 - ... que les dogues étaient les maîtres : or , comment les dogues font-ils battre les roquets? Autrefois, en leur mettant à l'épaule une lance et un bouclier, ou un arc et des flèches; aujourd'hui, en leur offrant un fusil et sa baïonnette. Eh! bien, vous n'avez qu'une chose à faire , c'est de vous croiser les pattes ; et ni pour or, ni pour argent, ni par promesses, ni par menaces , de ne toucher ni à ce fusil ni à sa baïonnette. Là -dessus, on vous enverra les gendarmes; laissez venir...
Page 369 - ... plus laids, plus bêtes, plus galeux que jamais. Seulement, les dogues étaient changés : au lieu d'être blancs, ils étaient rouges, au lieu d'avoir deux crocs à chaque mâchoire, ils en avaient quatre ; au lieu de se contenter de manger votre soupe, ils voulaient encore vous mettre dedans pour rendre le bouillon meilleur ; et il en sera toujours ainsi tant que vous ferez comme vous avez fait, c'est-à-dire tant que vous en viendrez aux armes, parce qu'il y en aura toujours qui, après les...
Page 232 - C'est-à-dire n'ayons ni pain, ni feu, ni vêtement. Cette absurde croyance, ce funeste préjugé qui paralyse la volonté , n'existe pas uniquement dans les classes infimes; si le pauvre ne veut rien faire contre le mal qui le ronge, et cela, parce qu'il ne le voit pas, le riche, le philosophe même ne veut pas faire davantage, parce qu'il ne croit pas au remède...
Page 506 - Quant à la société , qu'at, elle gagné à cela ? D'un homme qui ne demandait qu'un peu de pain , d'un homme à peu près inoffensif, elle a fait un être dangereux qui, toute sa vie, sera en hostilité contre elle. Maintenant, supposez qu'au lieu de ce pandœmonium, de cette légion de démons au milieu desquels il a été jeté par la loi à la cour d'assises, ce voleur de pain fût tombé dans un cercle d'anges ou seulement d'hommes qui se...

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