Grands défenseurs de l'Espagne, Loin de fermer le passage 2 Quoi! leur seul aspect vous glace! Cependant l'effroi redouble Et sur les monceaux de piques, 1. Rivière près de Namur. (BOILEAU, 1713.) Boileau a remanié ces trois stances. Dans sa lettre du 6 juin 1693, il parle ainsi de son premier jet : « Trouvez bon que je vous prie encore ici de ne rien montrer à personne du fragment informe que je vous ai envoyé, et qui est tout plein des négligences d'un ouvrage qui n'est pas encore digéré. Le mot de voir y est répété jusqu'au dégoût. La stance, Grands défenseurs de l'Espagne, etc., rebat celle qui dit : Approchez, troupes altières, etc. Celle sur la plume blanche du roi est un peu encore en maillot, et je ne sais pas si je la laisserai avec Mars et sa sœur la Victoire. J'ai déjà retouché à tout cela, mais je ne veux pas l'achever que je n'aie reçu vos remarques... » 2. Dans sa lettre du 6 de juin 1693, Boileau dit à Racine: «< Mandez-moi vous croyez que je doive parler de M. de Luxembourg. Vous n'ignorez pas combien notre maître est chatouilleux sur les gens qu'on associe à ses louanges: cependant j'ai suivi mon inclination. »> 3. Rivère qui passe à Belgrade en Hongrie. (BOILEAU, 1713.) Où le duc de Bavière, l'un des chefs ennemis, s'était signalé contre les Turcs. (BROSSETTE.) 4. M. de Vimbergue, vieillard de quatre-vingts ans. De corps morts, de rocs, de briques, C'en est fait. Je viens d'entendre Battre un signal pour se rendre. Pour moi, que Phébus anime 1. " Boileau, dans son ode sur Namur, semble l'avoir employé (le mot gracieux) d'une manière impropre, pour signifier moins fier, abaissé, modeste.» (VOLTAIRE, Dict. philos., au mot Gracieux.) -Boileau emploie ce mot dans le sens de doux, courtois et civil. Voi ce qu'en pensait Vaugelas : « Ce mot ne me semble pas bon, quelque signification qu'on luy donne; la plus commune et la meilleure est de signifier doux, courtois, civil, et de fait, quand on dit gracieux, on le met d'ordinaire après doux: doux et gracieux, courtois et gracieux, et en cette compagnie il passe plus aisément. Un de nos plus célèbres écrivains a dit ils lui avaient apporté des réponses les plus gracieuses du monde, pour dire les plus honnestes, les plus civiles. Je ne voudrais pas m'en servir. Il y a de certaines provinces où l'on s'en sert pour dire qu'une personne a bonne grâce à faire quelque chose: Il est gracieux, disent-ils, quand il fait ce conte-là. Mais il ne vaut rien du tout et ce n'est point parler français. On dit bien malgracieux, comme vous estes bien malgracieux, qui est opposé au premier et au vray sens de gracieux, et qui veut dire rude, mais il est bas, et je ne le voudrais pas écrire dans le style noble. » Ménage est d'avis contraire: Monsieur de Vaugelas a condamné ce mot en toutes ses significations, il est tres bon; et MM. de la Motte le Vayer et Dupleix ont raison de blåmer en cela M. de Vaugelas. Tous nos bons auteurs s'en sont servis, et en prose et en vers: Malherbe, dans son ode à M. de Bellegarde : Donne m'en d'un clin de tes yeux Un témoignage gracieux; le père Bouhours dans son entretien du Bel-Esprit : Je ne say quel air tendre et gracieux, qui charme les connaisseurs. J'ay dit aussi dans mon Eglogue pour la reine de Suede : Pour moi de qui le chant n'a rien de gracieux. »> (Obesrvations sur la langue française, p. 226.) Et des sources inconnues A l'auteur du Saint-Paulin.1 ODE SUR UN BRUIT QUI COURUT, EN 1656, QUE CROMWELL ET LES ANGLAIS ALLAIENT FAIRE LA GUERRE A LA FRANCE 2 Quoi! ce peuple aveugle en son crime, Qui, prenant son roi3 pour victime, Fit du trône un théâtre affreux, N'a pour lui ni foudres ni feux? 1. Poème héroïque de M. P*** (Perrault). (BOILEAU, 1713.) « C'est un labeur, dit Perrault, que de remarquer toutes les négligences de cette dernière stance. Phebus y est un peu Phebus. De ses transports les plus doux, comment cela s'accorde-t-il avec la sainte ivresse qui lui fait la ior, et avec ce qu'il a promis dans l'Avis aux lecteurs, où il dit qu'il va paraitre plutôt entraîné par le démon de la poésie que guidé par la raison ?... Y a t-il de la hardiesse à montrer qu'on sait un chemin ? Comme il est sur la fin de son ode, il devait dire qu'il a montré qu'il savait un chemin, et non pas qu'il le sait. Mais supposé qu'il y ait de la hardiesse à savoir des routes et des sources inconnues. peut-on ajouter que cette hardiesse est plus grande que celle des dix mille Alcides, qui ont défendu Namur avec tant de vigueur? Pour ce qui est du trait de satire contre l'auteur du Saint-Paulin, il a été désapprouvé de tout le monde... On sait qu'en ces sortes d'ouvrages, il faut qu'après que la lecture en est finie, on demeure dans une douce et agréable rèverie, que cause la grandeur des choses qu'on a lues: et ici on est invité à rire mal à propos par une plaisanterie hors de sa place. » L'Ode sur la prise de Namur a été traduite en latin par Rollin, par Pierre Lenglet et par l'abbé de Saint-Rémi. De toutes les œuvres de Boileau, c'est certainement celle qui a été le plus critiquée. Voltaire, dans le Temple du goût, suppose que Boileau revoit ses ouvrages, Et rit des traits manqués du pinceau faible et dur Quarante ans après, dans l'Épître à Boileau ou Mon Testament, il répète encore: On admira dans toi jusqu'au style un peu dur, 2. Je n'avais que dix-huit ans (il en avait dix-neuf ou vingt) quand je fis cette ode, mais je l'ai raccommodée. (BOILEAU, 1713.) Cette ode a paru pour la première fois dans le troisième volume de : Recueil de poésies chrétiennes et diverses..., par M. de La Fontaine, 1671, avec ce titre : A la France, durant les derniers troubles de l'Angleterre. 3. Charles [er, Déjà sa flotte à pleines voiles, Va céder l'empire des mers. Arme-toi, France; prends la foudre; Jadis on vit ces parricides, Mais bientôt le ciel en colère, Par la main d'une humble bergère 1. Pascal disait : « Cromwell allait ravager toute la chrétienté : la famille royale était perdue et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère. Rome même allait trembler sous lui; mais ce petit gravier s'étant mis là, il est mort, sa famille abaissée, tout en paix, et le roi rétabli. » Ou ne voit pas, dit M. Havet, que Cromwell ait eu de tels projets, ni contre la chrétienté, ni contre Rome. Mais on craignait tout de cet hérétique, de ce chef d'une république établie par le meurtre d'un roi. 2. Vengeait de tous les rois la querelle commune. (RACINE, Mithridate, acte I, scène 1.) Et venger avec moi la querelle des rois. (VOLTAIRE, Henriade, ch. I, v. 360.) 3. Dans le Recueil de 1671, après la première stance, O que la mer dans les deux mondes Va voir de morts parmi ses ondes Déjà Neptune, plein de joie, y a celle-ci : Dans le Recueil de 1671, les quatre derniers vers sont ainsi : De sang inonder nos guérets, 4. La Pucelle d'Orléans, Borna leurs succès et nos peines; 1 1 Et leurs corps, pourris dans nos plaines, POÉSIES DIVERSES 2 CHANSON A BOIRE, QUE JE FIS AU SORTIR DE MON COURS DE PHILOSOPHIE, A L'AGE DE DIX-SEPT ANS (1653). Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir, S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin, Un goinfre en a toute la gloire. 1. Dans le Recueil de 1671 : Mais bientôt, malgré leurs furies, 2. Nous comprenons sous ce titre toutes les pièces autres que les épigram mes. (B.-S.-P.) C'est l'ordre que Daunou a suivi en tâchant de faire le classement des pièces d'après leurs dates. 3. Un autre chansonnier a dit depuis: A quoi sert d'apprendre l'histoire ? N'est-ce pas la même partout? Quand on sait bien boire on sait tout. 4. Ce second couplet a été omis dans plus de trente éditions de 1716 à 1824. (B.-S.-P.) |