On ne vit plus que haine et que division, Il part sans différer, et, descendu des cieux, Il livre les humains à leur triste esclavage; De duro est ultima ferro (atas). Filius ante diem patrios inquirit in annos. (OVIDE, Métamorphoses, livre I, v. 128.) 2. Il y a là une suite de vers prosaïques. Le Brun fait remarquer que ce. hémistiche, S'en va trouver sa sœur, a une lenteur opposée à l'action du per sonnage. 3. Dans une satire contre l'honneur, Régnier avait dit : Mais, mon Dieu! que ce traistre est d'une étrange sorte! Que de lui je mesdis, il me flatte et me dit (REGNIER, satire vi, vers 229-232.) Ipsi illi philosophi, etiam in illis libellis quos de contemnenda gloria scribunt, nomen suum inscribunt... prædicari de se volunt. (CICERON, Pro Archia poeta.) Ce que Pascal traduit ainsi : « Ceux qui écrivent contre la gloire veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit, et ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l'avoir lu; et moi qui écris ceci, j'ai peut-être cette envie; et peut-être ceux qui le liront l'auront aussi. >> AVIS AU LECTEUR Je m'étais persuadé que la fable de l'huître, que j'avais mise à la fin de cette épître au roi, pourrait y délasser agréablement l'esprit des lecteurs qu'un sublime trop sérieux peut enfin fatiguer, joint que la correction que j'y avais mise semblait me mettre 2 à couvert d'une faute dont je faisais voir que je m'apercevais le premier; mais j'avoue qu'il y a eu des personnes de bon sens qui ne l'ont pas approuvée. J'ai néanmoins balancé longtemps si je l'ôterais, parce qu'il y en avait plusieurs qui la louaient avec autant d'excès que les autres la blâmaient; mais enfin je me suis rendu à l'autorité d'un prince3 non moins considérable par les lumières de son esprit que par le nombre de ses victoires. Comme il m'a déclaré franchement que cette fable, quoique très bien contée, ne lu semblait pas digne du reste de l'ouvrage, je n'ai point résisté; j'ai mis une autre fin à ma pièce, et je n'ai pas cru, pour une vingtaine de vers, devoir me brouiller avec le premier capitaine de notre siècle. Au reste, je suis bien aise d'avertir le lecteur qu'il y a quantité de pièces impertinentes qu'on s'efforce de faire courir sous mon nom, et entre autres une satire contre les maltôtes ecclésiastiques 5. Je ne crains pas que les habiles gens m'attribuent toutes ces pièces, parce que mon style bon ou mauvais est aisé à reconnaître ; mais comme le nombre des sots est fort grand, et qu'ils pourraient aisément s'y méprendre, il est bon de leur faire savoir que, hors les onze pièces qui sont dans ce livre, il n'y a rien de moi entre les mains du public, ni imprimé, ni en manuscrit. 1. Cet Avis a paru en tête de la 2e édition séparée (1672) de l'épître Ir. 2. Voilà une prose bien négligée. 3. Le grand Condé. 4. Boileau a replacé cette fable dans l'épitre II. es 5. La même désignée dans le Catalogue du Boileau, comme faite contre frais des enterrements; cette pièce, connue sous le nom de Satire contre les maltotes, attaque surtout ces frais. On l'attribue au P. Louis de Sanlecque, cependant elle n'a jamais été impriméc parmi ses œuvres. (M. CHERON.) 6. Discours au roi, satires I à IX, épitre Ire. Le discours sur la satire y est *oint. ÉPITRES ÉPITRE I1 AU ROI. Grand roi, c'est vainement qu'abjurant la satire 4 Ce n'est pas qu'aisément, comme un autre, à ton char, Je ne pusse attacher « Alexandre » et « César; Qu'aisément je ne pusse, en quelque ode insipide T'exalter aux dépens et de «< Mars » et « d'Alcide, » Te livrer le « Bosphore », et, d'un vers incivil, Proposer au «< sultan » de te céder le Nil; 1. Composée après le traité d'Aix-la-Chapelle en 1668, à la demande de Colbert, détourner le roi de la guerre. Cette épître a été présentée à Louis XIV par Mme de Thianges, sœur de Mme de Montespan. pour 2. 3. Cum canerem reges et prælia, Cynthius aurem (VIRGILE, Églogue VI, v. 3-4.) Où vas-tu t'embarquer? regagne le rivage. Cette mer où tu cours est célèbre en naufrage. Telle est, selon Brossette, la première leçon; mais à l'impression, Boileau mit les deux rimes au pluriel (les rivages... naufrages) et on les lit ainsi aux éditions de 1672 à 1698. Desmarets observa: 1° que rivages au pluriel ne valait rien, parce qu'il suffit à un vaisseau en danger de gagner un port ou un rivage; 20 que, dès que le poète n'était pas encore embarqué, il ne pouvait regagner le vage... Pradon renouvela cette critique, dont on voit que Boileau à profité. BERRIAT SAINT-PRIX.) 4. Corneille avait dit en 1650: Je lui montre Pompée, Alexandre, César, Qu'un jour Alexandre et César Treize ans après il rappelait cet éloge : Édition antérieure à 1701: (CORNEILLE, Remerciement au roi, 1663.) Ce n'est pas que ma main, comme un autre, à ton char Ne pût, sans se peiner, dans quelque ode insipide, etc. Mais, pour te bien louer, une raison sévère Est-ce la cet auteur, l'effroi de la Pucelle, Que répondrais-je alors? Honteux et rebuté, 1. Allusion à ces vers: O combien lors aura de veuves (MALHERBE, Ode à Marie de Médicis.) Boileau se souvenait sans doute de cette critique de Théophile contre Malherbe et son école : Ils travaillent un mois à chercher comme à fils Ce Liban, ce turban, et ces rivières mornes, 2. Claude Julienne, dit Francœur, épicier, fournisseur de la maison du roi, demeurait rue Saint-Honoré, devant la croix du Trahoir (à la hauteur de la rue de l'Arbre-Sec), à l'enseigne du Franc-Cœur. L'un de ses ancêtres devait ce sur nom de Francœur à Henri III, qui dit un jour : « Julienne est un franc cœur. »> Despréaux ignorait ce détail; ce fut Brossette qui le lui apprit. Ainsi, craignant toujours un funeste accident, Je laisse aux plus hardis l'honneur de la carrière, Malgré moi toutefois un mouvement secret Deferar in vicum vendentem thus et odores, (IlORACE, 1. II, épît. 1, v. 267-270.) Valentin 1. Fameux académicien qui n'a jamais rien écrit. (BOILEAU, 1713.) Conrart, chez qui s'asseinblaient les littérateurs qui furent le noyau de l'Académie française, naquit à Paris en 1603 et mourut le 23 de septembre 1675. Il était calviniste. Conrart n'a publié de son vivant que quelques pièces détachées, jointes à d'autres ouvrages. Depuis il a paru en 1681, in-12: Lettres familières de Con rart à M. Félibien, et en 1825, dans la Collection Petitot: Mémoires sur l'his toire de son temps. La Bibliothèque de l'Arsenal possède les papiers de Conrart (M. CHÉRON.) Linière avait déjà dit du même personnage : Conrart, comment as-tu pu faire 2. Infertile était d'un grand et bel usage en poésie ; (REGNIER, Élég., I.) André Chénier s'en est également servi : Sans l'amitié, quel antre ou quel sable infertile Epithète trop peu usitée de nos jours, dit Le Brun; par oubli ou par dédair nous négligeons souvent nos richesses. >> 3. Allusion à la campagne de Flandre, faite en 1667. |