Page images
PDF
EPUB

Nec rude quid prosit video ingenium: alterius sic1
Altera poscit opem res et conjurat amice.
Qui studet optatam cursu contingere metam,
Multa tulit 2 fecitque puer, sudavit et alsit,
Abstinuit venere et vino; qui Pythia cantat 3
Tibicen, didicit prius extimuitque magistrum.
Nunc satis est dixisse : « Ego mira poemata pango;
Occupet extremum scabies; mihi turpe relinqui est,
Et quod non didici sane nescire fateri. >>

6

Ut præco, ad merces turbam qui cogit emendas,
Assentatores jubet ad lucrum ire poeta
Dives agris, dives positis in fenore nummis.
Si vero est, unctum qui recte ponere possit
Et spondere levi pro paupere 1o et eripere artis
Litibus implicitum, mirabor, si sciet inter 11
Noscere mendacem verumque beatus 12 amicum.

les Latins. Voy. Cic., pro Arch., 7: Cum ad naturam eximia atque illustrem accesserit ratio quædam conformatioque doctrinæ, tum illud nescio quid præclarum ac singulare solere existere.

1. Prosit. Quintilien dit de même Ne illa quidem (exercitatio, continentia cibi, natura) satis sine arte profuerint. Var.: possit. Sic, adeo. 2. Tulit. Le parfait est expliqué par puer, comme didicit par prius.

3. Qui Pythia cantat, le musicien qui joue aux jeux Pythiques; acc. grec; voy. Epl., I, 1, 50. Aux jeux Pythiques, avait lieu un concours musical (Toxov aünua) en l'honneur d'Apollon, vainqueur du serpent Python.

4. Nunc. Horace achève sa le çon en lui donnant brusquement un tour satirique. Var. : nec.

5. Scabies. Allusion, suivant le schol., à un jeu d'enfant, une sorte de course où il fallait éviter d'être le dernier. Relinqui, d'être laissé en arrière des autres.

6. Sane; terme de concession, très bien associé à nescire après fateri; le poète a fait passer au style indirect une expression toute naturelle

410

415

420

425

dans le style direct. D'autres expliquent comme s'il y avait non sane didici, où návν; mais la place du mot après le verbe rend cette construction moins naturelle.

7. Ad lucrum. Par cela seul qu'il est riche, les flatteurs répondent à son invitation, avec l'esperance secrète d'un profit, comme on se rend à l'appel du crieur public pour une vente de marchandises. L'expression |jubet ad lucrum ire est fine et concise.

8. Dives. Ce vers se trouve textuellement Sat., 1, II, 13.

9. Si vero. Qu'arrivera-t-il donc si cet homme est non seulement riche, mais généreux. - Possit marque ici le caractère, non la fortune. Unctum, un bon plat, un repas succulent (Epl., I, xv, 44). Ponere, pour apponere (Sat., II, vm, 17).

10 Spondere. V. Sat., II, vi, 23. Levi, de peu de crédit. Paupere; substantivement, comme abnormis sapiens, Sat., II, 11, 3. Artis, fàcheux, source de soucis. 11. Si. Voy. Epl., I, xv, 26. Inter. Voy. Ept., II, 11, 93-94. 12. Beatus, heureux, charmé des louanges qu'on lui prodigue.

Tu seu donaris seu quid donare voles cui,
Nolito ad versus tibi 1 factos ducere plenum
Lætitiæ, clamabit enim : « pulchre, bene, recte. »
Pallescet super his 2, etiam stillabit amicis

4

Ex oculis rorem, saliet, tundet pede terram.
Ut qui conducti3 plorant in funere, dicunt
Et faciunt prope plura dolentibus ex animo, sic
Derisor vero plus laudatore movetur 5.
Reges dicuntur multis urgere culullis

Et torquere mero, quem perspexisse laborant,
An 8 sit amicitia dignus; si carmina condes,
Nunquam te fallant animi sub vulpe latentes.
Quintilio 10 si quid recitares. « Corrige, sodes 11,
Hoc, aiebat, et hoc. » Melius te posse negares
Bis terque expertum frustra: delere jubebat
Et male tornatos incudi reddere 13 versus.

1. Tibi, a te.

2. Super his, post hæc quæ dixit: bene, pulchre, recte (Acron). L'explication de Lambin est souvent préférée Super his, à l'occasion de tel ou tel passage dramatique. Voy. Epl., II, 1, 152.

3. Qui conducti; allusion à un vieil usage. C'étaient des femmes (præficæ) qui pleuraient à gages. Voy. Lucilius, fr. 27 Mercede quæ conductæ flent alieno in funere præficæ, Multo et capillos scindunt et clamant magis. Le masculin conducti s'explique bien; ce sont les gens qui.

4. Dolentibus, quam dolentes.

5. Plus, pour magis, comme multum, très fréquent avec les verbes marquant une disposition de l'esprit : angor, gaudeo, lætor, laudo, etc. Movetur, s.-ent. en apparence.

6. Reges, grands. Culullis. Voy. Od., I, XXVI (xxx1), 11.

7. Torquere mero. Voy. Epl., I, XVIII, 38: Vino tortus; Od., III, xv (XXI), 13: Tu (testa) lene tormentum ingenio admoves... et arcanum jocoso consilium retegis Lyxo. Perspexisse; sens aoriste.

8. An, comme après dubito et autres verbes de doute, lorsqu'on est plus porté à affirmer qu'à nier. L'épreuve

12

[ocr errors]

430

435

440

dont parle Horace se fait naturellement sur les personnes au sujet desquelles les rois ont des présomptions favorables. Cf. Gantrelle, Gr. lat., § 186, 8.

9. Animi, les sentiments vrais, que dissimule le fourbe, le renard: Sub vulpe latentes. Allusion à la fable du Corbeau et du Renard (Epl., I, xvII, 50).

10. Quintilio. Le critique sincère désigné par ce nom n'est autre que Quintilius Varius. Voy. Od., I, xx (xxiv). Dans cette pièce déjà Horace vantait sa franchise :

Incorrupta Fides nudaque veritas Quando ullum inveniet parem? 11. Sodes. Voy. Sat., I, 1x, 42. 12. Negares, subj. hypothétique. 13. Incudi reddere, remettre sous l'enclume, c.-à-d. détruire pour les refaire à nouveau des vers que tu n'arrives pas à tourner, à polir suffisamment. On tournait des objets non seulement en terre ou en bois, mais même en métal. La double métaphore employée ici se rencontre souvent en grec et en latin; par ex Ovide, Trist., I, vII, 29: Ablatum mediis opus est incudibus illud, Defuit et scriptis ultima lima meis.

Si defendere delictum quam vertere 1 malles,

2

Nullum ultra verbum aut operam insumebat inanem,
Quin sine rivali3 teque et tua solus amares.

Vir bonus et prudens versus reprehendet inertes 4,

445

Culpabit duros, incomptis allinet atrum

6

Transverso calamo signum, ambitiosa recidet
Ornamenta, parum claris lucem dare coget,
Arguet ambigue dictum, mutanda notabit,
Fiet Aristarchus 7; non dicet : « Cur ego amicum
Offendam in nugis? » Hæ nugæ seria ducent
In mala derisum semel exceptumque sinistre.
Ut mala quem scabies aut morbus regius urget
Aut fanaticus error et iracunda Diana 1o,
Vesanum tetigisse 11 timent fugiuntque poetam,
Qui sapiunt; agitant pueri incautique 12 sequuntur.
Hic dum sublimis 13 versus ructatur et errat,
Si veluti merulis intentus decidit auceps

9

In puteum foveamve, licet «< succurrite » longum 14

1. Vertere, mutare (opus). 2. Verbum, s.-ent. addebat. 3. Quin. Voy. Sat., II, 1, 42. Sine rivali. Voy. Cic., Ad Quint. fr., III, 8: Quam se ipse amans sine rivali. La Fontaine, Fables, I, x1 : Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux.

4. Inertes, sine arte, faibles.

5. Incomptis, inornatis, vulgaires, plats.

6. Signum, le signe appelé obelos marquant les passages à effacer. Il est tracé à l'encre; le mot atrum renferme donc un jeu de mots facile à saisir et marqué par la place même de l'épithète. Perse a dit de même : nigrum præfigere theta (initiale de θάνατος), IV, 13. Ambitiosa, inutiles et introduits pour faire montre d'esprit. Voy. Quintilien (I, 11, 27): Si ambitiosis utilia præferet.

7. Aristarchus. Aristarque, de Samothrace, célèbre commentateur d'Homère, qui vécut à Alexandrie vers le milieu du siècle av. J.-C. Son nom est déjà chez Cicéron synonyme de critique judicieux et sincère.

8. Ducent in mala. Ce développe

450

455

ment répond à quo ferat error, vers 308.

9. Morbus regius, la jaunisse, appelée encore arquatus morbus. Celse donne l'explication suivante de ce nom : «Per omne tempus utendum est exercitatione, frictione; si hiems est, balneo si æstas, frigidis natationibus; lecto etiam et conclavi cultiore, lusu, joco, ludis, lascivia, per quæ mens exhilaretur: ob quæ regius morbus dictus videtur. »> Pline le Jeune propose, d'après Varron, une étymologie du même genre.

10. Fanaticus error, la fureur du temple, c.-à-dire le délire prophétique des prêtres de Cybèle ou de Bellone. Voy. Sat., II, 111, 223. Diana. Ceux dont la colère de Diane égare la raison sont les lunatici, σεληνόβλητοι.

[ocr errors]

11. Vesanum se rapporte à poetam. - Tetigisse. Voy. Rem. 46. 12. Incauti; substantivement. 13. Sublimis, la tête relevée, μETÉWpos; rapprochez celsi, v. 342.

14. Longum, haut, de façon à être entendu de loin, μέγαν ἄυσεν (Hom., I., III, 81).

Clamet «< io cives », non sit qui tollere 1 curet.
Si curet quis opem ferre et demittere funem,
<«< Qui scis, an prudens huc se projecerit atque
Servari nolit? » dicam Siculique 3 poetæ
Narrabo interitum. Deus immortalis haberi

460

Dum cupit Empedocles, ardentem frigidus Ætnam
Insiluit. Sit jus liceatque perire poetis :

465

Invitum qui servat, idem facit occidenti3.

8

7

Nec semel hoc fecit, nec si retractus erit, jam
Fiet homo et ponet famosæ mortis amorem.
Nec satis apparet, cur versus factitet, utrum
Minxerit in patrios cineres, an triste bidental9
Moverit incestus 10: certe furit, ac velut ursus,
Objectos caveæ valuit si frangere 11 clatros,
Indoctum doctumque fugat recitator acerbus;
Quem vero arripuit, tenet occiditque legendo,
Non missura cutem nisi plena cruoris hirudo 12.

1. Non sit, pour ne sit. Voy. Sat.,
II, v, 83: Non etiam sileas. Tol-
lere, ramasser. V. Epl., I, xvii, 61.
2. Qui scis... an; construction fré-
quente, comme qui scis prudensne,etc.,
vers 436. Prudens, consulto.
3. Siculi. Empédocle. Voy. Epl.,
1, XII, 20.

4. Frigidus, qui forme un jeu de mots avec ardentem, a été interprété de bien des façons. Les schol. entendent par ce mot stultus, le sang froid autour du cœur étant la marque d'un esprit borné (Géorg., II, 484: Frigidus obstiterit circum præcordia sanguis). Lambin entendait atra bile affectus, parce que la bile noire est froide. Krüger voit dans frigidus une ironie, Empédocle étant brûlant de vanité. Avec Düntzer, nous voyons plutôt ici une plaisanterie trop facile Empédocle, gelé sur la terre, se jette dans l'Etna pour se réchauffer.

5. Occidenti; datif comme en grec après o autos. Sénèque a imité ce passage (Phen., 100): Occidere est cupientem vetare mori.

470

475

6. Fecit. Il ne s'agit plus d'Empédocle, mais du poète qui s'est laissé choir dans un puits.

7. Homo, il reprendra les sentiments d'un simple mortel et ne voudra plus, comme Empédocle, deus haberi.

8. Nec satis. Nouvelle raison pour ne pas venir à son aide. Qui sait s'il n'est pas puni pour quelque crime horrible?

9. Bidental, lieu frappé de la foudre et par suite consacré. Etymologie: bidentes, nom donné, dans le langage sacerdotal, aux brebis des sacrifices qui ont leurs dents poussées aux deux mâchoires.

10. Incestus; sens étymologique et religieux, comme Od., III, II, 30. 11. Frangere; inf. après valeo; fréquent chez les poètes et en prose après l'époque classique.

12. Hirudo; apposition, plus rapide que la comparaison. Ce tour est fréquent chez Horace. V. Epl., I, II, 28: Fruges consumere nati, Sponsi Penelope; vi, 63, etc.

INDEX DES NOMS PROPRES

ACADEMUS, Epl., II, II, 45.
ACCIUS, voy. ATTIUS.
ACHEMENES, Od., II, 1x (x1), 21;
III, 1, 44; Epo. x (x), 8.
ACHAICUS, Od., I, xiii (xv), 35;
IV, II (II), 5.
ACHERON, Ód., I, III, 36; III,
III, 16.

ACHERONTIA, Od., III, IV, 14.
ACHILLES, Ód., I, XIII (xv), 34;
II, XIII (xv1), 29; IV, v (vi), 4;
Epo. xII (XVII), 14; Sat., I,
VII, 12; II, 3, 193; Epl., II,
II, 42; A. P. 120.

ACHIVUS, Od., III, m, 27; IV,
V (VI), 18; Sat., II, II, 194;
Epl., I, I, 14; II, 1, 33.
ACRISIUS, Od., III, xı (xvi), 5.
ACROCERAUNIA, Od., I, III, 20.
ACTIA (pugna), Epl., Í, xvш, 61.
EACUS, Od., II, x (xш), 22; III,
XIV (XIX), 3; IV, VII (VIII), 25.
EFULA, Od., III, XXII (XXIX), 6.
EGEUM (mare), Od., II, XIII
(XVI), 2; III, XXII (XXIX), 63;
Epl.. I, xi, 16.

ELIUS LAMIA, Od., I, xxI (XXVI),
8; I, XXX (XXXVI), 7; III, XII
(xvi), 2; Epl., I, xiv, 6.
EMILIUS (ludus), A. P., 32.
ENEAS, Od., IV, v (vi), 23; IV,
VI (VII), 15; C. S., 42; Sat., II,
v, 63.
EOLIUS, Od., II, x (x1), 24;
III, XXIII (xxx), 13; IV, ш (I),

12; IV, vш (xx), 12; Epl., I,
XVIII, 46.
ESCHYLUS, Epl., II, 1, 163; A. P.
279.

ÆSOPUS, Sat., II, I, 239; Epl.,
II, 1, 82.
ETHIOPS, Od., III, vi, 14.
ÆTNA, Ód., III, IV, 76; Epo.
XII (XVII), 33; A. P., 465.
ETOLE (plaga), Epl., I, xvi,

46.

AFER, Od., II, 1, 26; II, XIII (XVI),
35; III, m, 47; IV, m (iv), 42;
Epo. 11, 53; Sat., II, Iv, 58;
II, VIII, 95.

AFRANIUS, Epl., II, 1, 57.
AFRICA, Od., II, xv (xvi), 5;
III, xi (xv), 31; IV, vii (vii),
18; Sat., II, II, 87.
AFRICUS, Od., I, 1, 15; I, m, 12;
I, xu (XIV), 5; III, xvII (xxш),
5; III, xxII (xxix), 57; Epo.
XI (XVI), 22.
AGAMEMNON, Od., IV, VIII (Ix), 25.
AGAVE, Sat., II, III, 303.
AGRIPPA, Od., I, v (vi); Sat., III
III, 185; Epl., I, vi, 26; I,
XII, 1 et 26.

AGYEUS, Od., IV, v (vi), 28.
AJAX (Telamonius), Sat., II, III,
187, 193, 201 et 211; (Oileus),
Od., I, XIII (xv), 19; Epo. ix
(x), 24.
ALBANUS, Od., III, xvII (xxII), 11;
IV, x (x1), 2; C. S., 54; Sat., II,

« PreviousContinue »