5 Illi robur et æs triplex Circa pectus erat, qui fragilem truci Primus, nec timuit præcipitem Africum 6 Nec tristes Hyadas 3, nec rabiem Noti9, Major, tollere seu ponere 10 vult freta. Qui siccis oculis 12 monstra natantia, Pollux, fils de Léda, sont des divini- 1. Pater, Eole, que Virgile appelle rex ventorum. 2. Obstrictis. Voy. Hom.,Od.,V,383: ἤτοι τῶν ἀνέμων κατέδησε κελεύ θους. Iapyga, vent d'ouest soufflant de l'Apulie (Iapygie) et favorable pour aller d'Italie en Grèce. 3. Debes, tu dois le dépôt qui a été confié (creditum); rends-le (porte-le) aux rivages de l'Attique. 4. Reddas. La construction régulière serait: Sic.... Iapyga, ut reddes; au lieu de cette formule consacrée, Horace, par une anacoluthe, adopte, dans la seconde partie de la période, la tournure de l'impératif. 5. Robur, dans son sens primitif de bois de chêne. « C'est au fond le mème mot, sauf la différence des genres, qu'arbos ou arbor ». (Bréal.) 5 10 15. 20 6 Africum. Od., I, 1, 15. 7 Aquilonibus. Rem. 38. 8.Hyadas.<< Has Græci stellas Hyadas vocitare suerunt a pluendo, ε enim est pluere. Nostri imperite suculas, quasi a subus essent, non ab imbribus nominatæ. » Cic., de Nat. d., II, 43. Cette étymologie explique aussi l'épithète tristes. 9. Noti, le Notus ou Auster, vent du sud. 10. Ponere. Homère dit ainsi d'Eole: ταμίην ἀνέμων, ἡμὲν πανέμεναι no'öpvúμev öv x' ê¤éλnoɩ (Ody., X, 22). 11. Gradum, pas, marche, approche. Voy. Lucain, II, 100: Quantoque gradu Mors sæva cucurrit. 12. Siccis oculis, comme Aesch, Sept., 698, En poïs àxλavoтois öpμact. Les larmes sont souvent le signe de la terreur; les conjectures faites pour corriger siccis sont absolument inutiles. 13. Vidit, en prose, serait dans la même prop. que oculis. 14. Acroceraunia, mot formé pa: Nequiquam deus1 abscidit Prudens 2 Oceano dissociabili Terras, si tamen impiæ Non tangenda rates transiliunt vada. Audax omnia perpeti 3 4 Gens humana ruit per vetitum nefas Ignem fraude mala gentibus intulit 25 Cælum ipsum petimus stultitia, neque Iracunda Jovem 10 40 6. Macies. D'après Hésiode, c'est de la boite de Pandore que sortirent tous ces maux. 7. Dædalus, le divin artiste qui s'enfuit, à travers les airs, avec son fils Icare, du labyrinthe, son œuvre, où Minos l'avait enfermé pour le punir d'avoir donné le fil conducteur à Ariane. 8. Herculeus labor. Le douzième des travaux d'Hercule consista à enlever Cerbère; par la même occasion le dieu ramena des enfers son ami Thésée. 9. Cælum, hyperbole poétique. 10. Ponere, pour deponere, comme ponere arma (T.-L.). IV Cette pièce est une sorte de lieu commun, imité d'Alcée. Le printemps est de retour (1-8). Il convient de se livrer au plaisir (9-12). La vie est courte (12-18). Solvitur acris hiems grata vice veris et Favoni1, Ac neque jam stabulis gaudet pecus aut arator igni, Jam Cytherea choros ducit Venus 3 imminente luna, Alterno terram quatiunt pede, dum graves Cyclopum 5 Nunc decet aut viridi nitidum caput impedire myrto 7 Nunc et in umbrosis Fauno decet immolare lucis, Pallida mors æquo pulsat pede pauperum tabernas 10 1. Favoni. Le Favonius n'est autre | dans l'ile de Lipara. L'arrivée du que le Zéphyr ou le lapyx, Od., 1, 1, 4. 2. Trahunt, in mare.-Siccas, mises à sec sur le rivage pendant la mau printemps redouble leur activité. Ardens, au propre, puisque Vulcain est le dieu du feu. Urit est à peine une hyperbole, puisque le volcan, qui sert d'atelier à Vulcain, s'embrase lui-même. 7. Myrto. Le myrte était consacré à Vénus. 8. Agna, s.-ent. immolari sibi. Cicéron a de même employé l'ablatif. 9. Pallida, vers fameux par l'iraitation de Malherbe, dans l'ode à Duperrier. Equo pede, Eque. Pulsat, en prose pulsare ostium ou fores. 10. Sesti, L. Sestius fut consul en 23 av. J.-C. 1 Vitæ summa brevis spem nos vetat incohare longam. 15 Jam te premet 2 nox, fabulæque 3 Manes, 3 Et domus exilis Plutonia; quo simul mearis, V (VI) Le poète s'excuse auprès d'Agrippa de ne pas célébrer ses victoires. Varius est capable de chanter les exploits du grand capitaine; mais la Muse d'Horace n'est pas faite pour la poésie épique; sa lyre pacifique ne peut célébrer les grandes actions d'Auguste et d'Agrippa. Cette ode est vraisemblablement une des plus anciennes d'Horace. 6 Scriberis Vario fortis et hostium Victor, Mæonii carminis alite, Quam rem cumque 8 ferox navibus aut equis Nos, Agrippa, neque hæc dicere nec gravem 10 5 1. Brevis, nominatif. 2. Premet, t'enveloppera. -Fabulæ, apposition à Manes, les Månes, objet de tant de récits, comme fabulosæ palumbes, Od., III, iv, 9; fabulosus Hydaspes, I, xix (xxII), 8. 3. Exilis, même sens que chez Virg., En., VI, 269: domos Ditis vacuas et mania regna. 4. Plutonia, pour Plutonis. Voy. Od., 1, III, 36. 5. Regna vini. On désignait par le sort le roi du festin, cvμnocíapyos, magister vini. 6. Vario, abl. Rem. 38. — L. Varius avait composé un poème en l'honneur du retour d'Octave (29) et une tragédie intitulée Thyeste, qui fut représentée dans les jeux institués pour célébrer la victoire d'Actium. Il avait environ dix-sept ans de plus qu'Horace. 7. Mæonii, Homerici; Homère s'appelait Mæonien (Lydien). Alite, cygne. 8. Quam rem cumque. Anérèse usitée même en prose. 9. Agrippa. M. Vipsanius Agrippa, d'une basse extraction, s'éleva par ses services jusqu'aux plus hautes dignités et posséda la confiance d'Auguste, qui lui fit épouser sa fille Julia, veuve de Marcellus. Il se distingua surtout à Philippes, dans la guerre de Pérouse, dans la guerre navale contre Pompée; il fut le véritable vainqueur d'Actium et contribua puissamment à l'établissement de l'empire. 10. Gravem, ovloμévny, allusion au début de l'Iliade. 11. Pelidæ, le fils de Pélée, Achille. Horace joint adroitement les actions d'Agrippa aux exploits des héros d'Homère. Cedere, Rem. 45. Nec cursus duplicis per mare Ulixei 1, Conamur, tenues grandia, dum pudor Quis Martem tunica tectum adamantina 5 Nigrum Merionen ®, aut ope Palladis 10 15 L. Munatius Plancus, lieutenant de César, ami et correspondant de Cicéron, puis partisan d'Antoine, se rangea du parti d'Octave en 32; c'est lui qui proposa en 27 de donner à ce dernier le titre d'Auguste. C'est à lui qu'Horace adresse cette ode, qui est ainsi composée : 1o Eloge de Tibur, où Plancus possède un domaine (v. 21), comparée aux villes les plus célèbres de la Grèce (1-14). 20 Que Plancus vienne là se reposer des fatigues de la guerre et des soucis de la politique. Qu'il imite l'exemple de Teucer, qui savait oublier ses chagrins dans le plaisir. 1. Cursus, allusion à l'Odyssée. Duplicis, Tolúτporos chez Homère. Ulyxei, gén. de Ulyxeus pour Ulyxes (éol. Οὐλιξης). 2. Pelopis domum, la famille tragique de Pélops, à qui appartenait Thyeste; c'est une allusion à la tragédie de Varius. 3. Lyræ potens. V. Od., I, II, 1. 4. Quis. On explique: « Qui osait rivaliser avec Homère ? » Mais la réponse à cette question a été faite au v. 2, Mæonii carminis alite. L'interruption manifeste dans la suite des idées, le choix bizarre de Mérion parmi les héros à qui le poète compare Auguste et Agrippa, ont fait considérer cette strophe comme interpolée, par Peerlcamp, Gruppe, Meineke, L. Müller. Peut-être y a t-il tout simplement une interversion avec une altération légère. Ne pouvait-on mettre cette strophe après la première et lire: Qui Martem, ele., c'est-à-dire Lui, Varius, est seul capable de rivaliser avec Homère et de chanter Mars. Mérion, Diomède, etc.? 5. Adamantina, d'airain. Le diamant ne fut connu des Grecs qu'après l'expédition d'Alexandre dans l'inde; Adapas est primitivement un adjectif désignant en général les métaux et les matières trop dures pour être travaillées par le fer. 6. Merionen, Meriones, fils de Molos, conducteur du char d'Idoménée. Voy. Il., XIII. 159. 7. Tydiden, Diomède, qui blessa Mars et Vénus, par le secours de Pallas, Il., V. |