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Les vers, désignés d'ordinaire par le nom des inventeurs auxquels ils sont attribués, se distinguent entre eux par la nature des pieds employés, leur nombre et leur combinaison.

Horace n'a pris à la Grèce que les formes les plus simples; les seuls pieds qu'il ait employés appartiennent au genre simple (yévos ícov), où les deux parties constitutives, l'arsis et la thésis, sont dans le rapport de 2 à 2, ou au genre double (yévos dimλáslov), où ces deux parties sont dans le rapport de 1 à 2. A la première catégorie appartiennent les dactyles et les spondées (2 + 2); à la deuxième, l'ïambe (1 + 2), le trochée (2 + 1), l'ionique mineur (2 + 4).

Les vers sont tantôt complets (acatalectiques), tantôt catalectiques, c'est-à-dire qu'ils ont un pied incomplet. D'autre part, la mesure normale est souvent précédée d'une base ou pied d'introduction, ou d'une syllabe de prélude, qu'on appelle anacruse.

C'est surtout en ce qui concerne la césure qu'Horace a apporté dans la construction des vers des règles personnelles; il a coupé par une césure tous les vers dépassant quatre pieds, et l'a placée presque invariablement après le cinquième demi-pied; en d'autres termes, la césure dans les vers lyriques correspond presque toujours à la césure ordinaire ou penthémimère du vers hexamètre. En ce qui concerne l'élision, Horace est bien plus sévère dans les œuvres lyriques; mais il y a à cet égard aussi quelques diversités entre les différents livres, et le quatrième est le plus rigoureux.

Les vers employés par Horace peuvent se classer en dactyliques, iambiques, iambo-dactyliques, trochaïques, ioniques et logaédiques. VERS DACTYLIQUES. Parmi les vers dactyliques, il a employé : 1o l'hexamètre; 2o le tétramètre catalectique; 3o le trimètre catalectique.

L'hexamètre, que l'on rencontre dans neuf pièces lyriques, est soumis aux règles ordinaires, naturellement observées avec plus de rigueur que dans les Epitres et les Satires. On y remarque quelques raffinements de versification, à la manière des poètes alexandrins; par exemple, quelques spondées au sixième pied 1. Dans les Epodes, jamais un mot ne se termine après la première brève du quatrième dactyle; c'est une règle suivie par Catulle.

Le tétramètre catalectique in duas syllabas ou alcmanique 2 a trois dactyles, dont les deux premiers peuvent être remplacés par un spondée, et un trochée dont la finale est indifférente :

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Tristiti- am vi- tæque la- bores. Od., I, vi (vi).

1. Il n'y en a pas dans les Satires ni dans les Épîtres; un seul se trouve dans l'Art poét., 467: invitum qui servat, idem facit occidenti.

2. Alcman, de Sardes, poète du viie siècle avant J.-C.

Le trimètre catalectique est composé de deux dactyles et d'une syllabe indifférente :

Arbori- busque co- mæ. Od., IV, vi (vii).

VERS TROCHAÏQUES. Horace n'a uniquement formés de trochées :

employé que deux sortes de vers

1 Le dimètre catalectique ou hipponactique 1, composé de deux mètres ou quatre pieds trochaïques, suivis d'un demi-pied; il n'y remplace jamais le deuxième trochée par un spondée :

Largi- ora | flagi- | to.

Od., II, xv (xvin).

2o L'ennéasyllabe alcaïque 2, qui est composé d'une syllabe de prélude (anacruse), le plus souvent longue, et de quatre trochées, le deuxième étant toujours remplacé par un spondée. On peut regarder aussi ce vers comme une pentapodie iambique catalectique :

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Ce vers a généralement une césure après le sixième pied; dix fois on y rencontre la césure penthémimère, mais seulement dans les deux premiers livres; exemple: Res ordinaris, grande munus. Dans une cinquantaine de ces vers, la césure est hephthémimère; ils appartiennent en grande majorité aux deux derniers livres. Exemple:

Hic classe formidatus, ille.

VERS DACTYLIQUE-TROCHAÏQUE. Le grand archiloquien est formé d'un tétramètre dactylique acatalectique, plus trois trochées. Outre le repos qui sépare ces deux éléments, ce vers a une césure penthémimère :

Solvitur acris hiems | grata vice | veris et Favoni.

Od., I, IV.

VERS IAMBIQUES. Horace a employé trois sortes de vers iambiques : 1° le trimètre acatalectique; 2o le trimètre catalectique; 3o le dimètre. Le trimètre n'est composé de six iambes purs que dans une pièce;

1. Hipponax, d'Ephèse, poète du vi siècle avant J.-C. 2. Alcée, de Lesbos, poète du vie siècle avant J.-C

partout ailleurs, il présente des substitutions. A tous les pieds, sauf au sixième, on trouve le tribraque équivalent de l'iambe; aux pieds impairs, le spondée, et même l'anapeste au premier,~~-; le dactyle au premier et au troisième. Les trimètres d'Horace ont presque tous la césure penthémimère; une vingtaine seulement, sur plus de trois cents, ont la césure hephthėmimère.

Dans le trimètre catalectique, Horace ne décompose jamais les longues en deux brèves, sauf O. II, xv (xviii), 34, et n'y emploie que la césure penthémimère.

Le dimètre est composé de quatre iambes; le premier est souvent remplacé par le spondée, le troisième presque toujours :

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VERS DACTYLIQUES-IAMBIQUES. Horace, à l'exemple d'Archiloque, a formé des vers composés de deux membres, l'un dactylique, l'autre iambique, c'est-à-dire d'un dimètre iambique et d'un hémistiche dactylique. Selon que ce dernier élément précède ou suit, ces vers s'appellent élégiambes ou iambélégiaques. L'hémistiche iambique n'y présente aucune décomposition de syllabe longue en deux brèves. Ces vers sont asynartètes (à privatif, ovvάprnto, attachés ensemble); les deux hémistiches ne sont pas fondus ensemble aussi intimement que les membres de l'hexamètre ou du trimètre: la syllabe qui termine le premier hémistiche est indifférente et l'hiatus y est toléré comme à la fin du vers:

Levare diris pectoră | sollicitudinibus.

Epod. x (XIII).

VERS IONIQUE. Dans une seule pièce, Horace a employé des vers composés d'une série de deux, trois ou quatre ioniques mineurs.

VERS LOGAÉDIQUES SIMPLES. On appelle logaédiques (λoyaoıdıxx) les vers où entre le dactyle, suivi d'un ou plusieurs trochées. Ces mètres sont appelés ainsi parce qu'ils tiennent à la fois de la prose (óyos) par le mouvement rapide du trochée, et de la poésie (άo‹dý) par la marche harmonieuse du dactyle. Cette combinaison du dactyle et du trochée est due aux poètes éoliens. Il y en a plusieurs sortes :

Vers adonique. Le plus court est le vers adonique, formé d'un dactyle et d'un trochée (ou spondée):

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1. Nous avons, par extension, compris l'adonique parmi les logaédiques; à prendre au pied de la lettre les définitions des grammairiens, le vers logaédique a au moins deux trochées après le dactyle.

L'aristophanique a un trochée (ou un spondée) de plus:

531

Lydia dic per omnes...

Od., I, vii (vii).

Le phérécratien est un dactyle entre deux trochées ou spondées. [Voy. plus loin au vers Asclepiade.)

Le glyconique a une syllabe de plus que le phérécratien; c'est une tétrapodie catalectique. Chez Horace, le premier pied est toujours un spondée :

Nudum remigi- | o la- | tus.

Od., I, XII (XIV).

Le décasyllabe alcaïque redouble pied par pied l'adonique, et renferme deux dactyles suivis de deux trochées :

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Flumina constite- | rint a- | cuto. Od., I, VIII (IX).

L'hendécasyllabe saphique est un aristophanique, précédé d'une dipodie trochaïque :

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Lenitalbes- | cens || ani- | mos ca- | pillus.

Le deuxième pied est toujours un spondée chez Horace, qui place constamment aussi une césure après la cinquième syllabe. Dans le quatrième livre et le Chant séculaire, il substitue souvent à cette césure la césure féminine après la sixième syllabe; il ne le fait que très rarement dans les deux autres livres.

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Ce vers diffère du saphique, en ce que le dernier trochée est catalectique, et le premier précédé d'une anacruse généralement longue, quelquefois brève.

Horace et les autres poètes latins placent toujours une césure après la cinquième syllabe:

Vir- tūs re- pūlsæ || nēscĭă | sōrdi- | da.

On ne trouve chez Horace que cinq exceptions: Od., I, XIV (xvi), 21; XXI (XXXVII), 1 et 14; II, XIV (XVII), 21; IV, xii (xiv), 17.

Asclepiade. Un phérécratien catalectique, sivi d'un aristophanique

catalectique, constitue le vers asclépiade. Le premier pied est toujours un spondée; la césure est de rigueur entre les deux parties du vers. | ~~~ |- ||

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Le grand asclépiade, entre les éléments constitutifs de l'asclėpiade, intercale un adonique également catalectique ou un choriambe.

Horace met une césure après le cinquième demi-pied et après le choriambe qui suit :

Tu ne quæsieris | scire nefas || quem mihi, quem tibi. Od., I, x(x1).

Le grand saphique est composé d'une tétrapodie catalectique où le dactyle occupe le troisième rang, comme dans le saphique mineur, et d'un aristophanique; il a la césure penthémimère.

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Te de- os o ro, Syba- | rin || cur prope- res a- | mando.

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Parmi les dix-neuf mètres employés par Horace, on distingue : 1o des vers d'une seule espèce, isolés ou groupés en systèmes (uovóxwho); 20 des distiques ou strophes de deux vers différents (dixwλot); 30 des strophes comprenant quatre vers de deux ou de trois espèces différentes.

La première catégorie contient quatre mètres :

I. IAMBIQUE TRIMÈTRE.

II. ASCLEPIADE I.

III. GRAND ASCLÉPIADE.

IV. IONIQUE MINEUR.

La 2e catégorie comprend onze sortes de distiques :

V. IAMBIQUE, distique formé d'un trimètre et d'un dimètre iambique. VI. PYTHIAMBE I, formé d'un hexamètre dactylique suivi d'un dimètre iambique.

VII. PYTHIAMBE II, formé d'un hexamètre dactylique et d'un trimètre iambique.

VIII. PREMIER ARCHILOQUIEN, formé d'un hexamètre dactylique et d'un trimètre dactylique catalectique.

IX. DEUXIÈME ARCHILOQUIEN, formé d'un hexamètre dactylique et d'un iambélégiaque.

X. TROISIÈME ARCHILOQUIEN, formé d'un trimètre iambique et d'un élégiambe.

XI. ALCMANIQUE, formé d'un hexamètre dactylique et d'un tétramètre dactylique.

XII. HIPPONACTIQUE, formé d'un dimètre trochaïque catalectique et d'un trimètre iambique catalectique.

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