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« Parce que tu ignores comment l'âme est unie au corps, tu >> ne connais pas l'œuvre de Dieu. »>

Montaigne a fait un nouveau texte; il y a dans l'Ecclesiaste, ch. XI, V. 5 :

Quomodo ignoras quæ sit via spiritûs, et quâ ratione compingantur ossa in ventre prægnantis; sic nescis opera Dei qui fabricator est omnium.

<< Comme vous ignorez par où l'âme vient, et de quelle ma>> nière les os se lient dans les entrailles d'une femme grosse, >> ainsi vous ne connaissez point les œuvres de Dieu, qui est le >> créateur de toutes choses. » (Trad. de Le M. de Saci.)

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ΕΝΔΕΧΕΤΑΙ ΚΑΙ ΟΥΚ ΕΝΔΕΧΕΤΑΙ.

(SEXTUS EMP. Hyp., lib. 1, cap. 21.)

« Cela peut se faire, et cela ne se peut pas. »

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ΑΓΑΘΟΝ ΑΓΑΣΤΟΝ.

Le beau digne d'admiration.

« Un mesme mot embrasse en grec le bel et le bon, et le >> Sainct-Esprit appelle souvent bons ceux qu'il veut dire beaux. » (Essais, liv. III.)

« Le mot άyafov, bon, revient à άyastov, tout ce qui est admi>> rable dans le monde. » (PLATON, Cratyle, traduit par Cousin, t. xi, page 82.)

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ΚΕΡΑΜΟΣ ΑΝΘΡΩΠΟΣ.

Homme, vase d'argile.

Sénèque a dit : Quid est homo? quodlibet quassum vas, et quodlibet fragile. (Consolatio ad Marciam, cap. 11.)

On lit dans les Adages d'Erasme, chiliade 11, centurie x, p. 721. (Lugdun., apud Gryphium 1550). Kopáutos ävŮρwños, homo fictilis, id est mollis, imbecillis, fragilis, ductum a vasis testaceis quæ facilè comminuuntur. In quibusdam codicibus lego: Κόραμεὺς ἄνθρωπος, in nonnullis κεραμος ἄνθρωπος. Quorum postremum mihi magis arridet.

Cette dernière forme est aussi celle qui souriait le plus à Montaigne ; il l'a adoptée.

<< La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c'est » l'homme.» (Essais, liv. 11, ch. 12.)

« O homme, qui êtes-vous pour contester avec Dieu? Un » vase d'argile, dit-il, à celui qui l'a fait : Pourquoi m'avez>> vous fait ainsi? >>

(SAINT PAUL, lettre aux Romains, ch. 1x, v. 20.)

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NOLITE ESSE PRVDENTES APVD VOS METIPSOS.

AD ROM, XII.

«Ne soyez point sages à vos propres yeux. »

(Lett. de SAINT PAUL aux Rom., ch. xii, v. 16.)

4

16 bis

L'inscription grecque suivante se lit parmi les lettres latines : Η ΔΕΙΣΙΔΑΙΜΟΝΙΑ ΚΑΘΑΠΕΡ ΠΑΤΡΙ ΤΩ ΤΥΦΩ ΠΕΙΘΕΤΑΙ.

<< La superstition suit l'orgueil et luy obéit comme à son père. » (Essais, liv. 11, ch. 12.)

C'est un mot de Socrate, rapporté par Stobée. (De superbiâ, sermo xxII, p. 189.)

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ΟΥ ΓΑΡ ΕΑ ΦΡΟΝΕΕΙΝ Ο ΘΕΟΣ ΜΕΓΑ ΑΛΛΟΝ Η ΕΩΤΟΝ.

(HÉRODOTE, liv. vII, ch. 10.)

Cette inscription, dont on ne peut lire que les mots : Oú-y φρονέειν-μέγα-ἄλλον-*-έωτὸν, se trouve dans les Essais, liv. II, ch. 12, où Montaigne, avant de la citer, la paraphrase ainsi :

« C'est à elle seule (la Majesté divine) qu'appartient la science >> et la sapience. »

Coste remarque, dans son édition des Essais de 1745, que Montaigne a fait imprimer le grec comme si c'était un vers, et que cette méprise a passé depuis dans les éditions données par Mlle de Gournay et par ceux qui les ont copiées.

Avant l'inscription grecque, il y en avait une latine dont on lit encore les mots : .... SVMMUM..... METUAS.

17 bis

SUMMUM NEC METUAS DIEM, NEC OPTES.

(MARTIAL, X, 47.)

« Ne désirer ni craindre son dernier jour. »

(Essais, liv. 1, ch. 37.)

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NESCIS HOMO HOC AN ILLVD MAGIS EXPEDIAT, ΑΝ EQVE VTRUMQUE.

(Sur une autre inscription latine.)

ECCL. II.

« Homme, tu ne sais pas si ceci le convient plutost que cela, » ou si les deux ne te sont pas nécessaires. »

Voici le texte de l'Écclésiaste, chap. 11, vers. 6, d'où Montaigne a pu tirer cette inscription: Manè semina semen tuum et vespere ne cesset manus tua : quia nescis quid magis oriatur hoc aut illud et si utrumque simul melius erit.

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HOMO SVM HVMANI A ME NIHIL ALIENVM PVTO.

(TÉRENCE, Heautont, acte 1, sc. 1.)

« Je suis homme; je pense être soumis à toutes les condi>>tions de ma nature humaine. »

Montaigne, dans les Essais (livre II, ch. 2), en citant ce vers de Térence, l'a modifié de cette manière pour l'accommoder à sa pensée :

Humani a se nihil alienum putet.

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NE PLVS SAPIAS QVAM NECESSE EST NE OBSTUPESCAS. ECCL. 7.

« Ne soyez pas plus sage qu'il n'est nécessaire, de peur que » vous n'en deveniez stupide. » (Trad. de Le M. de Saci. Écclésiaste, ch. VII, v. 17.)

Montaigne remanie cette pensée (livre III, chap. 5) :

« La sagesse a ses excès et n'a pas moins besoin de modéra>>tion que la folie. » (Dr PAYEN, Nouveaux documents.)

« Dieu n'a il pas abesty la sapience de ce monde? » (Ess., liv. 1, ch. 12.)

21

SI QVIS EXISTIMAT SE ALIQVID SCIRE, NONDVM COGNOVIT QVOMODO OPORTET ILLVD SCIRE.

COR. 8.

Montaigne a changé quemadmodum, du texte biblique, en quomodo et le mot eum en illud.

« L'homme qui présume de son sçavoir ne sçait pas encores

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