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Horace suivit de près Mécène, son protecteur et son ami, t mourut 3 mois après lui à Rome le 5 des calendes de déembre (27 novembre de cette année) à l'âge de 57 ans, 2 mois t 9 jours 1.

Sur les mœurs et les enseignements d'Horace nous avons crupuleusement donné les divers jugements émanés de I. Walckenaer. On a vu comment il les a déplorés et flétris, los lecteurs seront étonnés, autant que nous, en lisant cette lernière formule de l'opinion du savant académicien.

« Ce qui rend sa Muse chère à tous les lecteurs c'est que dans ses vers pompeux, comme dans ses vers familiers, elle proclame avec élégance et avec force les vrais principes de la morale, les préceptes du bonheur et les règles du bon goût... Il éclaire la raison, charme l'esprit, enchante l'imagination... C'est ainsi qu'en paraissant céder au seul attrait de son penchant de poëte, et vouloir plaire uniquement à ceux qui lui étaient chers, Horace a fait de son livre le Code de la raison et du goût2. »

Nous ne pouvons expliquer cette disparate qu'en disant u'il y a deux hommes dans M. Walckenaer, comme dans la lupart des littérateurs laïques et ecclésiastiques; l'un le crique, l'érudit, le Chrétien; l'autre l'enfant, l'écolier indéléilement marqué du signe Païen dans ses études :

Quo semel est imbuta recens, servabit odorem.

Testa diu,

dit Horace lui-même.

Par contre nous trouvons dans le P. Salian, qui a fait un i magnifique éloge de Virgile3, un éloge court, mais plus éridique, que celui de M. Walckenaer:

« Ce fut un homme meilleur par sa langue que par sa vie, comme on peut le comprendre facilement par la plupart de ses odes, de manière que l'on peut écrire sur son tom

Le P. Sanadon suppose qu'Horace mourut avant Mécène; nous suivons, wec M. Walckenaer, l'opinion de la plupart des auteurs qui la mettent à cette late.

1 Hist. d'Horace, t. 1, p. 494, 501.

Voir Annales, t. xvii, p. 38.

V' SÉRIE. TOME XIX.

N° 109; 1869. (78o vol. de la coll.) 5

>> beau avec son propre assentiment: Porc du troupeau » d'Epicure1.»

Le P. Jouvency n'a que cet éloge ambigu :

« L'esprit et les mœurs de l'homme se montrent, d'après » ses écrits; il était petit de corps, obèse, chassieux, blanchi >> avant l'âge. »

Ingenium viri et mores patent e scriptis: corpore brevis, obesus, lippus, præcanus, fuit (Vita Horat., p. 1; dans son Horatius expurgatus, in-12, Paris, 1728),

Voici le jugement qu'en porte l'Université actuelle par la bouche de M. Quicherat, un des derniers éditeurs d'Horace.

» On lui reproche avec raison l'éloge trop fréquent du vin » et de la bonne chère, et surtout quelques pièces que la >> pudeur désavoue. Toutefois il est juste de rejeter une partie » de ce dernier grief sur le siècle corrompu qui avait aussi » inspiré les vers de Catulle. Ses principes philosophiques >> offrent beaucoup d'incertitude. Il avoue lui-même qu'il » n'est d'aucune secte2, et que, suivant l'occasion, il met en » pratique les différentes doctrines. Il s'inscrit ailleurs dans » le troupeau d'Epicure 3; et c'est, à vrai dire, le système » qu'il prêche dans ses ouvrages. Cependant il estime à sa » juste valeur la philosophie platonicienne, et, s'il se moque >> en plusieurs endroits de l'exagération stoïcienne, il est pro>> bable que l'ami de Brutus avait su apprécier ce qu'elle avait » de louable. Les conseils de son père, joints à toutes ces > théories combinées, avaient fait de lui un honnête homme, » un sage. Il prêche sans cesse le mépris des richesses, le >> bonheur de la médiocrité, la résignation aux coups du sort, » le devoir de travailler à son perfectionnement moral et in>> tellectuel 5.

Vir fuit lingua melior quam vita, ut ex plerisque ejus odis facile intelligi potest, in cujus sepulchro, ipso non repugnante, scribatur: Epicuri de grege porcus (Salian, Annal. vet. testam.; à cette année, in-fol., t. vi, p. 444).

2 Epist. I, 1, 13.

3 Epist. 1, 4, 16.

4 Ars poet., v. 310.

5 M. Quicherat dans son Horat. opera ad usum scholarum, p. xi. Paris, Hachette, 1839. Cet Horace est expurgatus comme celui de Jouvency; mais en supprimant ce mot dans son titre et en mettant Horatii opera, M. Quicherat fait croire à ses élèves qu'ils ont l'Horace complet.

Pour nous, continuant notre rôle de faire connaître les différents auteurs par le témoignage des anciens, nous faisons ce dernier extrait de la Vie d'Horace écrite par Suétone :

« Auguste, entre plusieurs autres plaisanteries, appellait >> souvent Horace : le plus pur polisson et le délicieux petit » homme, et il l'enrichit de fréquentes libéralités... Horace » était, dit-on, beaucoup trop intempérant pour les passions » de Vénus. Car on rapporte qu'il plaçait des prostituées dans >> un cabinet garni de glaces, afin que, de quelque côté qu'il » regardât, il y vit l'image de leur lascivité... Il mourut en » déclarant à haute voix Auguste pour son héritier, la vio» lence de la maladie ne lui ayant pas permis de signer son » testament. Il fut inhumé à l'extrémité des Esquilies, à côté » du tombeau de Mécène. »

Præterea sæpe inter alios jocos purissimum penem ', et homuncionem lepidicinum apellat, unaque et altera liberalitate locupletavit... Ad res venereas intemperantior traditur. Nam speculato cubiculo scorta dicitur habuisse disposita, ut, quocumque respexisset, ibi ei imago coitus referretur... Decessit... herede Augusto palam nuncupato, quum urgente vi valetudinis, non sufficeret ad obsignandas testamenti tabulas. Humatus et conditus est extremis Esquiliis, juxta Mæcenatis tumulum (Suét., Vita Horatii).

Auguste, en qualité d'héritier, dit M. Walckenaer2, a dû être le premier éditeur des Œuvres d'Horace. Il en eut un autre dans la personne de Vettius Agorius Basilius Mavortius, qui fut consul l'an 527 de notre ère. Plusieurs de nos manuscrits constatent, par la souscription du copiste, qu'ils sont conformes à l'exemplaire que ce consul fit exécuter pour son usage à l'aide de Félix orateur et grammairien. Les manuscrits des OEuvres d'Horace sont nombreux, mais les plus anciens ne remontent pas au delà du 10° siècle.

Quant aux éditions et traductions des OEuvres d'Horace, elles sont si nombreuses et éclosent encore tous les ans en telle abondance que nous sommes dans l'impossibilité de les énumérer. Elles remplissent 443 pages, dans l'édition de Lemaire, et encore elles n'y figurent pas toutes.

A. BONNETTY.

On comprend que nous n'avons pas pu traduire ce mot et d'autres. On eroit qu'au lieu de purissimum, il faut lire putissimum.

2 Hist. d'Horace, t. 11, p. 502.

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Histoire biblique.

LA CHRONOLOGIE BIBLIQUE

FIXÉE

Par les Éclipses des inscriptions cunéiformes ET EN CONFORMITÉ AVEC LES TEXTES DE LA BIBLE.

Nos lecteurs se souviennent que lorsqu'en 1866 M. Oppert interrompit son Histoire des empires de Chaldée et d'Assyrie d'après les monuments, il disait à la fin de son dernier article:

« Pour nous fixer définitivement, il faudra autre chose que » des appréciations fondées sur les trois chronologies, seules » sûres de l'antiquité, celles des Juifs, des Grecs et des Ro» mains; il nous faudrait des mentions d'éclipses notées par » les années, les mois et les jours, et nous croyons que des » découvertes ultérieures ne nous refuseront pas ces éclair>> cissements 1. >>

Or ces éclaircissements, les inscriptions cunéiformes qui les tenaient cachés depuis si longtemps les ont livrés, et M. Oppert vient de constater non pas une, mais trois éclipses : Éclipse de soleil du 2 juin 930 avant J.-C.; Éclipse de soleil du 13 juin 809 avant J.-C.; Éclipse de lune du 19 mars 721 avant J.-C.

Et c'est ce que les Annales vont communiquer à leurs lecteurs. Cet article de M. Oppert n'est qu'un préliminaire à la continuation de l'histoire des empires de Chaldée et d'Assyrie, qu'il reprendra à l'époque où il l'a laissée au tome xu des Annales. Nos lecteurs vont voir quelle masse de documents nouveaux se trouvent dans cet article préliminaire constatant, corrigeant, complétant tout ce qui a été découvert jusqu'à ce jour. A. B.

I. Observations préliminaires. On sait que les Assyriens de Ninive désignaient leurs anVoir Annales, t. xi, p. 312 (5o série).

nées d'après les noms de certains personnages que nous nommons, à l'instar d'es archontes d'Athènes, éponymes. Le nom assyrien qui se trouve dans les indications nombreuses de dates est Limmu; mais je ne sais pas si ce terme doit s'entendre de l'archonte lui-même, ou s'il s'applique, ce qui me paraît en effet plus probable, à l'année éponymique. Je le rattache à la racine O, raccorder, réunir, à laquelle appartient aussi le mot hébraïque, nation. Je le transcris par ?.

Les Babyloniens comptaient par années des règnes de leurs souverains; l'idée si simple de compter les époques par la distance qui les sépare d'un grand événement, l'usage des ères, en un mot, ne s'est imposé aux hommes que relativement très-tard. Nous savons que les Grecs ne comptaient par olympiades qu'à partir de Timée de Sicile (vers 290), et que la première ère populaire en Grèce fut celle des Séleucides, datant du 1er octobre 313 av. J.-C. (9688 selon ma désignation) 1.

'J'ai exposé dans un petit écrit, encore manuscrit, le grand inconvénient que comporte la manière actuelle de compter par deux séries de dates,à chiffres convergents et divergents. La différence du comput des chronologistes et des astronomes ne fait que l'accroître, et le calcul devient très-incommode, quand il s'agit de compter par mois et par jour dans les nombres décroissants. On aurait donc la ressource, soit du calendrier juif, soit de l'ère de Scaliger; mais dans l'un des cas il faut ajouter 3760, dans l'autre 4718 aux années de l'ère chrétienne. Personne cependant ne comprendrait si nous parlions des grands principes de 6502, ou des traités de 6523. Il faut donc respecter l'ère chrétienne. Souvenons-nous du comput juif double. L'un compte les millésimes, et fait du 18 août 1868, jour de la grande éclipse, le 30 ab 5628; c'est le grand comput. L'autre désigne l'année par 628 seulement, on l'appelle petit comput. Nous ajoutons donc dans le grand comput vulgaire un chiffre myriadique, et nous augmentons les chiffres de l'ère chrétienne par 10,000. La mort de César tombe, selon les chronologistes, le 15 mars 44 av, J.-C., selon les astronomes, le 15 mars 43; nous disons, le jeudi 15 mars 9957 (julien). Il y aura 2,000 ans le 15 mars 1951. ou 11957, avec la conservation du chiffre myriadique.

Les dates sont des dates du calendrier julien; pour obtenir la concordancee grégorienne, il faudrait déduire des dates quelques jours; le commencement de l'ère de Nabonassar, le mercredi 26 février 747 (9254) julien, serait le 20 février grégorien, et correspondrait exactement au 22 février de notre époque. (OPPERT).

Les bénédictins pour placer tous les faits connus, avaient mis dans leur 1re colonne l'an 7731, sous le titre de période julienne anticipée, laquelle coneordait avec l'an 1 du monde et l'an 4963 avant J.-C. Plusieurs faits nouveaux

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