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» leur signification et leur orthographe le demandaient. Nous » t'avertissons donc, cher lecteur, de ne pas aboyer sottement » et de ne pas nous blâmer si nous avons corrigé avec travail, » sollicitude et exactitude, selon la vraie prononciation du >> latin et du grec 1.

Trithème avait beaucoup de dévotion à sainte Anne, comme l'office qu'il a composé en son honneur le témoigne en plusieurs endroits.

Chap. 14.- En suivant l'ordre chronologique, M. Silbernagel arrive à la plus merveilleuse, mais bien la plus inutile des œuvres de Trithème, nous voulons parler de sa Stéganographie, livre qui lui attira bien des chagrins et des contradictions de tous genres il y donna lui-même occasion par une lettre à un de ses amis, le carmélite Arnaud Bostius de Gand, lettre qui ne parvint à Gand qu'après la mort de son destinataire. Elle était datée du lundi de la semaine sainte 1499; Trithème y annonçait qu'il travaillait à un grand ouvrage dont la publication plongerait le monde entier dans l'étonnement. Le 1er livre avait pour titre Steganographia (écriture mystėrieuse); on y apprendrait des choses merveilleuses, qu'aucun autre siècle n'avait entendues, on y trouverait plus de 100 sortes d'écritures mystérieuses, etc. Le prieur du couvent ouvrit et lut la lettre qui, en peu de temps, fut connue d'un bout à l'autre de l'Allemagne et en France; mais elle fit prononcer sur Trithème des jugements bien divers, car on alla jusqu'à le traiter de sorcier et de magicien. Charles de Bovelles, en Picardie, à qui Trithème avait montré par amitié sa Stéganographie, le desservit tout particulièrement après son retour en France, dans une lettre adressée à l'évêque d'Orléans, Germain de Gannai. M. Silbernagel raconte toute cette affaire,

Nos igitur, vetustatis solliciti amatores in correctura huius missalis, quantum nobis licuit, traditum ab antiquis scribendi modum observavimus, Iesus, Ioannes et plura id genus sine aspiratione scribentes, Christus vero cum aspiratione: et alia complura secundum ortographiam ut nobis visum fuerat debite ordinantes. Greca vero et hebraica quantum ad proprietatem et ortographiam pertinet congruenter perstrinximus. Te ergo, optime lector, monemus ne imperite latres, neve reprehendas quod nos cum labore sollicite veraciterque secundum debitum modun latini ac greci sermonis emendavimus, etc. (præf ).

appuyé sur Heidels, Steganographia vindicata. La lettre originale de Charles de Bovelles se trouve reproduite avec d'autres fac-simile du même genre dans Maittaire, Annales typographici. L'auteur donne (p. 96-104), l'histoire du livre lui-même, mais nous aurions désiré en outre une courte introduction à la stéganographie, à peu près telle qu'elle se trouve dans le Quartalschrift cité plus haut, où on donne en particulier sur cette affaire de la stéganographie entre Trithème et Bovelles, une discussion très-claire et parfaitement exacte.

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Chap. 15. L'auteur aborde maintenant la discussion des écrits qui sortirent de la plume de Trithème pendant qu'il était abbé de Spanheim, et revenant encore à la partie historique, il nous montre Trithème en lulle avec son couvent. Ce furent ses efforts pour rétablir une sévère discipline et pour amener aux travaux littéraires qui lui mirent ses moines contre lui; ils saisirent toutes les occasions pour lui rendre la vie amère et se débarrasser de sa personne. M. Silbernagel fait le récit de tous les désagréments que lui causèrent le prieur, le cellerier et jusqu'aux frères convers de la maison. Il montre ensuite la fausse position qu'il dut tenir vis-à-vis du prince électeur du palatinat Philippe, dont il dépendait particulièrement au point de vue politique, et du duc Jean de Simmern. Il développe les suites désastreuses qu'eurent pour Spanheim les guerres de la succession de Bavière en 1504; l'abbé fut contraint de se réfugier à Kreuznach et donna par son absence le champ libre aux moines dissidents de continuer leur genre de vie. L'auteur touche à divers autres incidents de la vie de Trithème, comme l'appel que lui fait, pour diriger les affaires du monastère de Limbourg, le margrave Joachim.

Chap. 16. A la suite de l'invitation du margrave Joachim, nous trouvons Trithème à Berlin. Après le récit de ce séjour, l'auteur expose les motifs qui engagèrent finalement notre abbé à se démettre de sa dignité. On ne peut à cet égard rien dire de plus que ce qu'a écrit Heidels, cap. IV Exitus Trithemii de monasterio Spanheimensi; c'est aussi ce qu'en a tiré la revue citée plus haut. Le chapitre de l'ordre, affligé de la longue absence de Trithème, s'efforça de continuer des rapports avec lui; il lui envoya pour ce motif des députés qui

devaient l'engager à revenir. Parmi eux, se trouvait un de ses amis intimes, Conrad, abbé de Saint-Etienne de Wurtzbourg. Ce fut par son entremise qu'il fut nommé à l'abbaye de Schotten à Wurtzbourg.

Chap. 17. Trithème devient abbé du monastère de SaintJacques de Schotten à Wurtzbourg. L'auteur expose toute la suite de cette affaire et donne même une courte histoire du monastère de Schotten. Trithème fut élu, sous forme de com. promis des trois religieux qui restaient dans le monastère, par l'évêque Laurent de Bibra, le 12 octobre 1506.

Chap. 18. L'ouvrage revient maintenant aux travaux littéraires de Trithème et s'occupe de ceux qu'il composa pendant son séjour à Wurtzbourg. C'est d'abord la Polygraphie et la Chronologie mystique de Trithème. D'après sa définition, la Polygraphie est un livre « qui, avec une simplicité admi>> rablement naturelle, enseigne une infinité de secrets, » apprend d'innombrables manières d'écrire et comment on peut, secrètement et en toute sûreté, sans même qu'on le » soupçonne, exprimer sa pensée dans toutes les langues du » monde. >> Cet ouvrage, Trithème soin d'en avertir, ne sera sans doute qu'à l'usage des rois et des princes, pour leur permettre de communiquer, sans crainte d'être trahis, leurs pensées aux personnes absentes. M. Silbernagel fait longuement connaître la destinée de ce livre, puis en indique le contenu; après quoi il énumère les 384 alphabets renfermés dans le 1er livre de Tritheme; il indique enfin l'usage de ce livre caracte ristique qui, bien qu'il n'ait pas eu de suites pratiques, demeure l'œuvre d'un esprit ingénieux et capable de profon des découvertes. L'analyse de l'ouvrage De septem secunders donne à l'auteur l'occasion de porter un jugement calme sur Trithème par rapport à l'Astrologie et à l'Alchimie, que les hommes les plus remarquables de cette époque favorisaient. Il s'exprime longuement aussi (pp. 134-43, 212 ss.), sur la réponse aux huit questions sur divers points concernant la religion, que l'empereur Maximilien adressa à Trithème e auxquelles celui-ci répondit par son Liber octo quæstionum, mais on peut préférer l'analyse donnée auparavant par le Quartalschrift.

Chap. 19. — L'auteur examine le livre de Trithème intitulé: L'Antidote des maléfices (Antipalus maleficiorum), dans lequel il n'a pas su sans doute se préserver des idées et des traditions de son temps. L'auteur donne (p. 135-8) un court historique de la sorcellerie depuis ses commencements jusqu'à Trithème, puis il entre dans le livre lui-même, qui n'est assurément qu'un arsenal de choses que notre temps traite de superstitieuses. L'analyse de l'Antipalus, dont l'original offre une lecture fatigante, est exacte, mais bien qu'elle nous donne entrée dans la littérature du moyen-âge employée par Trithème, elle ne présente pas des faits bien intéressants. L'auteur termine (p. 156), par cette appréciation : « Dans son An» tipalus, Trithème se place complétement au point de vue du » Marteau des sorcières (Malleus maleficarum, 1487), malgré ses » riches connaissances en fait de magie. Mais c'est la lecture » même de tant de livres de magie qui paraît l'avoir affermi » dans maintes notions forcées sur les opérations des démons » et les sorciers. Trithème convient bien que l'enchantement › a souvent son principe dans des dispositions naturelles ;.... >> mais quant à saisir la priorité entre le surnaturel et le natu>> rel, le moyen-âge ne possédait pas de connaissances scientifiques suffisantes, et il était facile, en pareil cas, de donner » de la valeur à un point de vue théologique restreint. » Ce que l'on peut reprocher ici à l'abbé Trithème, s'adresse à tous les théologiens de ce temps, et particulièrement aux auteurs de la Réforme, dont les écrits renferment les principes fondamentaux pour un Antipalus.

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(Traduit du Theologisches Literaturblait de Bonn, article de M. A. RULAND, 1868, nos 21 et 22).

C.-U.-J. CHEVALIER.

(La suite à un prochain cahier.)

ye SÉRIE. TOME XIX.- N° 113; 1869. (78° vol. de la coll.) 24

Traditions primitives.

DISCUSSION SUR LA NOTION DE L'UNITÉ DE DIEU

CHEZ LES ANCIENS PEUPLES

Au sein de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Dans les tomes XIX et xx des Annales de philosophie1, nous avons rendu compte d'une solennelle discussion qui avait eu lieu au sein de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et nous y avons fait distinguer les nombreuses erreurs qui y étaient reprochées à M. Renan, à propos de ses assertions sur l'origine du Monothéisme chez les Sémites. Cette discussion vient de se reproduire au sein de la même Académie, et nous tenons à la faire connaître à nos lecteurs. Ils y verront que les vraies doctrines sur l'origine primitive du Monothéisme et de l'Humanité y ont fait des progrès sensibles. Nous en reproduisons l'analyse qui a été donnée par M. Delaunay, que nos lecteurs connaissent déjà par ses travaux sur Philon 2. Nous y ajoutons, comme à la précédente discussion, quelques remarques qui serviront à éclaircir quelques points, et à les ramener aux nombreux documents donnés dans les Annales.

A. B.

Une communication de M. le comte de Vogué a suscité cette controverse. M. de Vogué, dans la séance précédente, signalait chez certains peuples sémitiques une sorte de polytheisme assez complet. Il s'appuyait sur des inscriptions phéniciennes et palmyréniennes; il accusait à plusieurs reprises son dissentiment avec l'un de ses collègues, M. E. Renan, qui attribue l'honneur du dogme Monothéiste au groupe entier des peuples sémitiques.

M. Renan avait répondu qu'il pouvait exister chez les Sémites des appellations diverses de la divinité, des rivalités locales fondées parfois sur cette diversité de titres, mais que cela ne

Voir t. xix, p. 280, et t. xx, p. 199 (4° série) des Annales.

2 Voir Annales, t. xviu, p. 287 (5a série).

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