Page images
PDF
EPUB

plutôt que c'étaient les Egyptiens qui l'avaient reçue d'eux. Bochart1 et, après lui, Witsius2 avouent bien, d'après Hérodote, que les Colchidiens sont sortis des Egyptiens, longtemps avant Abraham; mais ils nient qu'ils aient pratiqué alors la Circoncision. Leur raison, c'est que les Philistins, qui étaient sortis des Colchidiens, n'étaient pas circoncis. Ils ne le furent, disent-ils, que lorsque les Egyptiens eurent reçu la Circoncision d'Abraham, les Colchidiens d'après eux se firent circoncire pour imiter les Egyptiens leurs ancêtres. - Mais ils ont oublié de prouver que les Philistins n'ont pas pu supprimer la Circoncision, pour se distinguer du peuple qu'ils quittaient, comme le firent les Israélites, qui supprimèrent la Circoncision, pendant les 40 ans qu'ils passèrent dans le désert. Les Sabéens, que Bochart fait descendre d'un des fils de Noé, pratiquaient aussi la Circoncision 3. Philostorge les fait descendre d'Abraham par Cétura, et nous apprend que de son temps ils pratiquaient la Circoncision, le 8° jour, tout en adorant le Soleil et la Lune, ce qui prouverait une origine plus ancienne 4.

<< Mais ce qui prouve surtout, comme le dit M. l'abbé Bertrand, que la Circoncision est une expiation primitive, c'est qu'on en trouve des traces en Amérique, chez les peuples du Yucatan et du Mexique. Quelques jours après la naissance de l'enfant, on le portait au Temple, et là on lui tirait du sang des parties naturelles 5. >>

Acosta assure que c'est particulièrement aux enfants des ois et des grands qu'on tirait du sang des oreilles et des pares naturelles.

Des détails plus circonstanciés se trouvent dans l'Histoire ntique de la Nouvelle-Espagne de Duran :

Bochart, Phaleg., l. iv, c. 31, p. 287, in-fol., Lug. Bat., 1712.

2 Witsius, Ægyptiaca, p. 179, in-4°, Basil., 1739.

'Bochart, Phaleg., 1. 11, c. 26, p. 132.

4

* Philostorge, Hist. Eccl., 1. 11, c. 4; dans Patr. grecq., t. 65, p. 482.

Voir Dict. des Relig. de Migne, et de Humboldt, Vues des Cordill., t. 1, 286.

Acosta, Hist. Moral. de Indias, 1. iv, c. 26. Voir aussi Grotius, Diss. De Origine Gentis Americanæ ; et Huet, Dem. Evang., Prop. iv, c. 7, no 6.

« Au mois d'Ochpaniztli, ou du Balayage, de la Purification, » commençant au 23 août, on faisait une purification géné>> rale des temples, des idoles, des chemins, etc. A Mexico on » honorait particulièrement la déesse Teleuynan, la mère des » Dieux appelée aussi Toci, déesse des accouchements, et on » lui immolait une femme que l'on avait revêtue des orne» ments de la Déesse, et avec elle un grand nombre de » captifs. C'est alors qu'avait lieu la fête de la Purification » générale des femmes qui étaient accouchées dans l'année. » C'est avec grande pompe que toutes visitaient les divers » temples de la ville, offrant des présents et des torches allu»mées à toutes les Divinités, au temple où elles avaient le » plus de confiance. Le prêtre récitait sur elles une formule déprécatoire, après quoi elles étaient purifiées.

[ocr errors]

» Ce rite était suivi d'un autre. Le prêtre prenait l'enfant, » et avec un couteau d'obsidienne neuf que la mère lui ap» portait, il lui faisait, si c'était un garçon', une entaille à » l'oreille et au prépuce, mais si légère qu'à peine il en sor>> tait quelques gouttes de sang; si c'était une fille, il ne scari» fiait que l'oreille. Cette cérémonie terminée, il jetait le cou»teau au pied de l'idole, et sur la demande de la mère il >> imposait un nom à l'enfant, d'accord avec son horoscope, » ou les circonstances du temps1. »

La Circoncision est en outre pratiquée dans l'Océanie. On la trouve, en effet, établie dans les archipels Viti, dans les îles Tonga, et dans le groupe des îles Nitendi ou Santa-Croce2.

Ajoutons, avec un savant prêtre italien, l'abbé Brunati : « On peut dire que la Circoncision est d'origine primordiale » et noétique, et que de là elle se répandit chez les différents » peuples. Elle fut négligée par quelques-uns, comme chez >> le père d'Abraham, à qui le Seigneur l'ordonna de nouveau, » ainsi qu'à ses descendants, et l'établit comme signe de son » alliance avec lui3. »

A ces remarques sur l'origine de la Circoncision, ajoutons

1 Duran, Hist. Antig. de Nov.-Espana, 1. TM, c. 15; dans Hist. des Nations civil. du Mexique, etc., par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, t. 11, p. 525. 2 Dictionn. des Religions de Migne, au mot Circoncision.

3 Dissertazioni Bibliche, in-8°. Milano, 1838 ; et Annales, t.x, p. 172 (3a série).

celles-ci sur l'époque de cette opération et sur la désignation des noms qui avait lieu alors.

Chez les Juifs, c'est le 8o jour qu'on donnait le nom à l'enfant, en même temps qu'il était circoncis.

Nous avons déjà vu que c'est aussi au 8o jour que les Sabéens circoncisaient leurs enfants.

« Chez les Grecs, le 5 jour de la naissance d'un enfant, les >> accoucheuses purifient leurs mains, et portent en courant > l'enfant autour du feu, les proches parents envoient en présent à l'accouchée, le plus souvent des polypes marins. » Puis le 10 jour on impose un nom à l'enfant1. »

Le 10e jour, on faisait un repas chez les accouchées, et en ce jour on donnait un nom aux enfants. C'est ce que dit Euripide dans son Egée : Quel nom t'a donné ta mère au 10o jour2? Aristote, au contraire, dit qu'on donnait un nom aux enfants, le 7 jour, comme alors étant plus certain qu'ils vivront3. Chez les Romains, c'était le 9 jour que les garçons et le 8 que les filles recevaient leurs noms :

« Nundina, dit Macrobe, est une déesse des Romains ainsi » nommée du 9° jour après la naissance des enfants, nommé » aussi jour Lustral, ou de la purification. On appelle ainsi » le jour où les enfants sont purifiés. Il est le 9 pour les gar» çons et le 8 pour les filles*. »

Ce jour-là les amis envoyaient des présents à l'accouchées, Concluons ces longues citations qui, quoique négligées dans nos auteurs, sont l'histoire de l'humanité, histoire humiliante, que l'orgueilleuse et ignorante Raison contemporaine passe sous silence, et que nos professeurs d'histoire laissent ignorer à leurs élèves. Disons-le nettement, presque tout le genre humain, avant le Christ, était soumis à cette honte, à celte punition.

'Suidas au mot dupidpouía, et Aristophane, les Oiseaux, v. 494; et son Scholiaste sur ce vers, dans l'édit. Didot, t. 11, p. 222.

2 Dans son Égée, pièce perdue; voir ses Fragm., no 3, dans l'édit. Didot, t. п, p. 622.

Aristote, Hist. des Animaux, 1. và, c. 12.

'Macrobe, Saturn., l. 1, c. 16. - Voir de plus Suétone, Néron, c. 6. — Festus au mot Lustratio. — Plutarq., Quest. Rom., no 102.

[blocks in formation]

Mais en cette année le Messie promis, venu au monde, se soumet à cette honteuse prescription, et après lui ses disciples sont délivrés de cette loi humiliante. JÉSUS n'est-il pas vraiment le LIBÉRATEUR promis? Qui peut le nier en face de ce fait?

Et ce ne fut pas par négligence ou oubli que la Circoncision cessa. Que l'on réfléchisse à ceci.

Au milieu de ce peuple juif, que nous connaissons, 12 hommes, pêcheurs ou gens infimes, s'assemblent pour la 1re fois en concile. C'est devant eux qu'un nommé Paul expose que certains Pharisiens qui avaient reçu la foi, voulaient obliger à la Circoncision les Gentils convertis.

L'ancien pêcheur Pierre se lève et dit : « Mes frères, vous » savez que dès longtemps Dieu m'a choisi entre nous, afin » que les Gentils entendissent par ma bouche la parole de » la Bonne nouvelle, et qu'ils crussent. Dieu, qui connaît les » cœurs, leur en a rendu témoignage en leur donnantle Saint» Esprit, de même qu'à nous, et il n'a fait aucune diffé»rence entre nous et eux, purifiant leur cœur par la foi. >> Pourquoi donc aujourd'hui tentez-vous Dieu, en imposant >> aux disciples un joug, que ni nos pères, ni nous, n'avons » pu porter1? »

[ocr errors]

Alors Jacques, ancien pêcheur aussi et évêque de Jérusalem, se lève et dit : « Je juge qu'il ne faut pas troubler les » Gentils qui se convertissent à Dieu 2. »

Cette opinion fut confirmée par une décision qui commence par ces mots étonnants : « Il a semblé bon à l'Esprit>> Saint et à nous, etc. »>

Et c'est à ces pauvres pêcheurs que nous devons, nous chrétiens, de n'être pas circoncis. Nous le répétons, qui soutiendra donc que le CHRIST n'a pas été un LIBÉRATEUR?

Car, qu'on le remarque bien, non-seulement les Juifs, mais encore tous les Musulmans, si nombreux dans le monde, et beaucoup de pauvres peuplades sont encore soumis à ce joug cruel et honteux.

1 Actes des Apôtres, xv, 7-10.

2 lbid., v. 19.

3 lbid., v. 28.

Les Chrétiens seuls en sont délivrés.

Quelques Pères, entre autres saint Augustin, ont cru que la circoncision antique effaçait le péché originel et tenait la place du Baptême; mais la plupart ont pensé qu'elle n'était qu'un signe de l'alliance de Dieu avec le peuple juif1.

La Fête de la Circoncision est très-ancienne dans l'Eglise. Les plus anciens Sacramentaires, attribués à saint Léon Ier et à saint Gelase, mentionnent une fête de l'Oclave de NotreSeigneur. En 570, le Concile de Tours parle de Litanies prescrites par les anciens Pères, et d'une Messe célébrée aux calendes de la Circoncision 2.

Comme fête obligatoire, elle ne remonte guère qu'au 7° siècle. On célébrait, ce jour-là, deux messes, l'une de la Sainte-Vierge De Pariente, l'autre de l'enfantement du Messie De Partu.

A. BONNETTY.

Voir les textes de ces Pères, dans les Annales, t. xvi), p. 242 (2a série). 2 Dans Bail, Concil. Turon., cap. xvII, t. II, p. 209.

« PreviousContinue »