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» Circoncision de deux des fils de Rhamses II, fondateur du » temple de Khous.

» Les hieroglyphes ne nous ont encore fourni aucun texte » relatif à la pratique de la Circoncision. Le seul que je sois » tenté d'y rapporter est le passage du Rituel dans lequel il » est parlé du sang qui tomba du Phallus du Dieu soleil, lors» qu'il eût achevé de se couper lui-même1. Si cette conjecture, » dont la première idée appartient à M. de Rougé, se justifie >> par quelques nouvelles constatations, il en résultera que >> chez les Egyptiens, aussi bien que chez les Juifs, la Circon>>cision était étroitement liée aux institutions religieuses 2. »

Voici le texte de M. de Rougé auquel renvoie M. Chabas: « Malgré l'obscurité de ces symboles, et les détours conti» nuels de la Glose, je crois apercevoir le fil qui relie ces >> versets: Horus ithyphallique annonce la conception (9o ver» set); l'enfant arrive au monde (10° v.); il est circoncis (?) » (11° v.); et purifié (12 v.); il sort de l'onde avec le soleil » (13 v.); et coordonne sa route sur celle de ce Dieu (14 » et 15 v.). Il reçoit ses facultés, émanations directes de Ra » et de Toum 3.

A ces détails ajoutons ceux qu'Origène, égyptien lui-même, nous donne sur les personnes qui étaient soumises à la circoncision:

« Aucun des Égyptiens ne pouvait étudier la géométrie, ou >> connaître les secrets de l'astronomie, qui tient chez eux le >> premier rang, et de cette astrologie et généalogie qu'ils >> regardent comme la science la plus divine, s'il n'avait reçu >> la Circoncision. Le prêtre, l'aruspice; tout ministre des » choses sacrées, ou prophète, comme ils l'appellent, est cir>> concis. Personne, à moins qu'il ne fût circoncis, n'appre>> nait les lettres sacerdotales des anciens Egyptiens, lettres » qu'ils appellent hiéroglyphiques. Tout hiérophante, tout » devin, tout myste du ciel, disent-ils, et de l'enfer, n'est

'Todtenbuch, c. xvii, lig. 23.

Revue Archéol., de 1861, t. 1, p. 299.

3 Étude sur le Rituel funéraire des anciens Égyptiens, dans Rev. Arch. de 1860, t. 1, p. 244; et dans le tirage à part, p. 50.

» point regardé comme apte et digne, à moins qu'il ne soit » circoncis1. »

Théodoret dit, en parlant des Egyptiens :

« Or, que ce ne fut pas la coutume de circoncire les enfants » égyptiens, nous en avons un bon témoin dans la fille de › Pharaon, qui, ayant trouvé Moïse exposé sur la rive du › fleuve, et l'ayant vu circoncis, connut tout de suite sa race, > et fut assurée qu'il était né de parents hébreux 2. >>

Clément d'Alexandrie dit aussi « que l'enfant avait été circoncis auparavant et que les parents l'avaient appelé Joakim3. » Mais il ne dit pas où il a pris ce document. Nous croyons, au contraire, que l'enfant exposé n'était pas irconcis, car c'eût été l'exposer à être reconnu pour hébreu, t dévoué à une mort certaine. L'ordre de faire périr tous les nfants hébreux suffit pour faire reconnaître son origine. loïse aura été circoncis, un peu plus âgé, quand il aura été estiné à une des sciences mentionnées par Origène, et que lément d'Alexandrie énumère fort au long comme ayant é enseignées à Moïse1.

Aussi, comme le fait remarquer Origène5, on peut dire que Circoncision des Egyptiens n'était ni universelle, ni signe elconque d'une alliance avec Dieu, mais une marque plus inte, plus sacrée, permettant de traiter les choses saintes; le était donc essentiellement différente de celle des Hébreux, devait provenir d'une autre origine.

Après le témoignage des monuments, les plus anciens tes sont ceux que nous donnent les historiens grecs. Voici lui d'Hérodote:

Cet historien fait d'abord remarquer a que les Egyptiens ne veulent se servir des usages d'aucune autre nation. » Et sur la Circoncision il dit:

Origène, Comm. sur l'Epître aux Romains, 1. 11; dans Patr. grecq., uv, p. 910.

Théodoret, Guérison des Grecs, 1er disc., Patr. grecq., t. 83, p. 794.
Clém. d'Alex., Stromates, 1. 1, c. 23; Patr. grecq., t. viii, p. 898.
Ibid., p. 899.

Origène, Contre Celse, 1. v.

Hérod., l. 11, c. 91.

v* SÉRIE. TOME XIX.-N° 113; 1869. (78° vol. de la coli.)

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« Les autres peuples, excepté ceux que les Egyptiens ont >> instruits, laissent les parties naturelles telles que la nature » les fait, mais les Egyptiens pratiquent la Circoncision1..

Et ailleurs il veut prouver que les Colchidiens sont d'ori>> gine égyptienne, parce que, seuls de tous les hommes, les » Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens pratiquent la Circoncision, dès le commencement (àñ' å ̧xñ‹)2; car, ajoute» t-il, les Pheniciens et les Syriens de la Palestine avouent » qu'ils l'ont apprise des Egyptiens; mais les Syriens qui ha» bitent sur les bords du Thermodon et du Parthénion, et » leurs voisins, les Macrons, disent qu'ils l'ont apprise récem» ment des Colchidiens. Or ce sont là les hommes qui pratiquent la Circoncision, et en cela on apprend qu'ils sont » Egyptiens. Quant aux Egyptiens et aux Ethiopiens, il est dou» teux quel est le peuple qui l'a enseignée à l'autre. Car on d » cette coutume très-antique (apxaïov yàp ôý te quívetαι šóv)3. í Voici en effet la Circoncision pratiquée au 6° siècle avant notre ère:

« On assure, dit Clément d'Alexandrie, que Pythagore étant » entré en relation avec les prophètes égyptiens, se soumil » la Circoncision, afin qu'admis dans les réduits sacrés >> pût être instruit de la philosophie mystique des Egyptiens*. Théodoret dit aussi :

On dit que Pythagore subit la Circoncision exigée des » Egyptiens, qui l'avaient reçue des Hébreux". »>

Or Pythagore naquit 608 ans avant J.-C.; dès cette

1 Herod., 1, c. 36.

2 Bochart fait remarquer que cette expression d'Hérodote est précisément celle dont se sert la Bible PD, pour désigner le commencement du monde (Phaleg., I. iv, c. 31, p. 287, in-fol., 1712).

› Hérod., Ibid., c. 104. - Ce qui pourrait prouver que les Egyptiens tienned la Circoncision des Éthiopiens, c'est qu'ils se servent d'une pierre d'Ethiopi pour disséquer les cadavres. Or c'était sans doute avec la même pierre qu'il pratiquaient la Circoncision (Hérodote, 11, 86).

• Clément d'Alex., Stromates, l. 1, ch. 15; Patr. grecq., t. viii, p. 767. Théodoret, Guérison des Grecs, disc. 1; dans Patr. grecq., t. 83 p. 794.

On assigne diverses dates à la naissance de Pythagore; nous prenon celle-ci dans les Frag. Philos. Græcorum de Mullachius, t. II, p. 1; édit Didot.

époque les prêtres égyptiens étaient donc déjà circoncis. « Les Ethiopiens, dit Artapan, quoique ennemis, sont si › bien disposés à l'égard de Moïse, qu'ils en ont reçu la Cir› concision. Ce qui a été pratiqué par tous les prêtres 1. » Au 2 siècle avant Jésus-Christ, Agatharchide parlé ainsi le la Circoncision:

La plupart des Troglodytes ont pour coutume de pratiquer la Circoncision, comme le font les Egyptiens. C'est de là que les Grecs les appellent Colobes ou Mutilés 2. »

Au 1 siècle de notre ère Diodore, qui a copié Hérodote t Agatharcide, dit pour preuve que les Colchidiens descendent les Egyptiens:

« On cite comme preuve la coutume égyptienne de la Circoncision. Cette coutume subsiste chez tous les colons égyptiens, comme chez les Juifs 3. »>

Et ailleurs:

« Tous les Troglodytes se font circonscrire à la manière des Egyptiens, excepté ceux qui, accidentellement mutilés, sont appelés Colobes. D

De plus il fait sortir les Colchidiens et les Juifs des Egypjens:

« C'est pourquoi, dit-il, d'après une ancienne tradition (èx παλαιοῦ παραδεδόσθαι) chez ces peuples, les enfants sont circoncis, usage dérivé des Egyptiers 3. »

Contemporain de Diodore, « c'est à Moïse que Strabon fait remonter l'origine de la Circoncision,» même pour les gyptiens.

Au 1 siècle après J.-C., Apion, égyptien d'origine, sert ussi de preuve que toutes les classes des Egyptiens n'étaient as circoncises. Car, après s'être moqué de la Circoncision des

Artapan, dans Eusèbe, Prép. Evang., 1. iv, c. 27.

* Agatharchide, sur la mer Erythrée, dans Geographi_Græci minores de Got, t. 1, p. 154, d'après Photius, c. 250, n. 30.

Diodore, Bibl. Hist., l. 1, c. 55.

⚫ Diodore, ib., 1. ¡❗, c. 31.

Diodore, ib., l. 1, c. 28.

Strabon, Géog., 1. xvi, p. 761, in-fol. Il faut noter qu'il y joint la castration : * qui était formellement défendu par Moïse.

Juifs, il fut obligé, pour son malheur, de se faire circoncire lui-même.

« Il se plaint, dit Josèphe, de ce que sacrifiant des animaux, >> nous ne voulons point manger de la chair de pourceaux. » et jette le ridicule sur notre Circoncision1. »

Et sur cela Josèphe lui répond:

« Or tous les prêtres égyptiens se font circoncire, s'abs >> tiennent de manger de la chair de pourceau, et aucun >> autre Egyptien ne sacrifie avec eux1... Apion n'avait-il pas » donc perdu l'esprit, lorsqu'en nous calomniant pour favo >> riser les Egyptiens, il ne s'est pas aperçu que c'est sur eux>> mêmes que tombent les reproches qu'il nous fait, puisqu'ils » ne pratiquent pas seulement ce qu'il condamne, mais ont >> appris aux autres peuples à se faire circoncire, comme He >> rodote le témoigne. Après cela s'étonnera-t-on qu'Apion, » n'ayant point craint de parler si courageusement contre les >> lois de son pays, il en a été puni comme il le méritait, lorsque » n'ayant pu éviter de se faire circoncire, sa plaie s'est telle>> ment envenimée qu'il a rendu l'âme avec des douleurs in » supportables, pour faire connaître à tout le monde avec » quelle piété et quel respect on doit observer les lois qu'on >> est obligé de suivre, et ne point reprendre celles des autres. » Tellé a été la fin d'Apion pour avoir fait tout le contraire. Voilà ce que les Grecs nous ont appris sur l'origine de la circoncision.

Mais que de nombreuses erreurs:

1° Hérodote dit à tort que les Colchidiens, les Egyptiens les Ethiopiens ont été les seuls, qui, dès l'antiquité, se sont faits circoncire. Or on sait qu'il y en avait bien d'autres.

2o Il est faux que les Syriens fussent les seuls dans la Palestine qui fussent circoncis. Comme le lui dit Josèphe, qui a cité son texte, dans la Palestine, les Juifs seuls étaient cir concis3.

3o Il est enfin faux que les Syriens de la Palestine reconnussent avoir reçu la Circoncision des Egyptiens. Ils pensaient

1 Josèphe, Contre Apion, 1. 11, c. 5. 2 Josèphe, Contre Apion. 1. II, c. 6. 3 Josèphe, Contre Apion, 1. 1, c. 8.

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