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tourne à Bethléem pour préparer les noces.

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Marie se retire en Galilée dans la maison de ses parents. C'est là qu'elle reçoit la salutation de l'ange. L'ange lui confirme sa constante virginité : « Tu concevras en restant vierge; vierge tu » enfanteras; vierge tu nourriras, D

-

Clément d'Alexandrie fait mention de quelques détails de ces récits et én attribue l'invention aux gnostiques 2.

7. Quelques témoignages des Pères.

Mais saint Jérôme rejette toutes ces rêveries:

« Il n'y eut là aucune accouclieuse, aucune intervention d >> petites femmes; c'est la vierge même qui enveloppa son en» fant de langes; elle fut elle-même la mère et l'accoucheuse, » et elle le plaça, dit saint Luc, dans la crèche, parce qu'il n'y » avait pas de place pour elle dans l'hôtellerie. Ce qui note de » mensonge les délirements des apocryphes. »

Nulla íbí obstetrix, nulla muliercularum sedulitas intercessit. Ipsa pannis involvit infantem, ipsa et mater et obstetrix fuit. Et collocavit eum, inquit, in præsepio, quia non erat ei locus in diversorio (Luè, 11, 7). Quæ sententia et apocryphorum deliramenta convincit (Hier., Contra Helvidium, c. VIII; dans Patr. lat., t. 23, p. 192).

Vers la même époque, saint Augustin tranche toute la question dans ces graves paroles, répétées dans tous les siècles subséquents:

« Marie a conçu vierge, a enfanté vierge, est demeurée toujours vierge. »

Illa enim virgo concepit, virgo peperit, virgo permansit (Aug. Sermo LI, c. 11, no 18, Contra Manichæos; dans Pat. lat., t. 38, p. 343).

Enfin, vers 496, le pape Gélase met au nombre des livres apocryphes le livre de Nativitate Salvatoris et de Maria, vel obstetrice 3.

8. Quelques réflexions sur le dénombrement qui eut lieu à la naissance de Jésus-Christ.

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Par la notice que nous avons donnée des divers systèmes de dates sur la naissance de Jésus-Christ, on comprend la diversité de ces mêmes systèmes sur le Dénombrement qui 'Evangile de la Nativité de sainte Marie, c. ix; dans Apocryphes, t. 1, p. 1055.

2 Stromates, 1. vII, c. 16; Patr. grecque, t. ix, p. 530.

• Voir le décret dans les Œuvres de Gelase, Patr. lat., t. 69, p. 176.

fut fait à cette époque. Les travaux les plus récents qui ont eu lieu dans ces derniers temps sont ceux de Mommsen 1, de M. Lutteroth2, de M. Wallon 3, du prof. Aberle, que M. Ernest Desjardins a analysés dans la Revue des questions historiques de janvier 1867. Sa conclusion est que chacun de ces systèmes pèche par quelque point et que la lumière n'est pas faite malgré les grandes recherches de ces savants. Il donne comme probable, que si Auguste n'a pas parlé de ce dénombrement dans ses Res gestæ, il en aurait parlé dans le Breviarium imperii qui est perdu; que la date de l'édit, restée inconnue, ir'est pas précisée par saint Luc qui se sert de l'expression vague, dans les jours (èv τaïs hμepas); - que ce recensement n'a pas été fait directement par Quirinus, mais pendant qu'il était gouverneur titulaire de la Syrie, tandis qu'il résidait à Rome; que le Christ est né l'an 6 où 5 avant l'ère vulgaire; que Joseph et Marie vinrent de leur propre gré se faire inscrire, avec l'intention de revendiquer leur qualité de Bethléemites. Assertions combattues par d'autres critiques. En sorte que l'on voit combien la question est encore en suspens.

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Et elle le sera toujours, parce que les éléments mêmes sur lesquels on s'appuie manquent, ou, s'il en existe, sont vagues et incertains. En effet, dans leurs grandes recherches, tous les savants ont oublié une indication tout à fait capitale qui nous est donnée par Dion, et que voici.

Après avoir raconté l'avènement d'Auguste au pouvoir Phistorien le plus exact de Rome ajoute:

A partir de cette époque la plupart des choses commen» cèrent à se faire en cachette et en secret. Car bien que parfois quelques-unes fussent publiées, comme il n'y avait » aucun contrôle, cette publication inspire peu de confiance, ⚫ attendu qu'on soupçonné que tout est dit et fait selon le gré du Príncé et de ceux qui exercent la puissance à ses › côtés. De là beaucoup de faits répandus qui n'ont pas eu

'Res gestæ divi Augusti, ex monument. Ancyrano, etc. Berol. 1865. 'Broch. in-8 de 135 p. Paris, 1865.

* Dé la Croyancé due à l'Evangilè, è. ín, In-8°. Paris, 1866.

* Ueber den Statthalter Quirinius.

» lieu, beaucoup d'ignorés, qui sont réellement arrivés; il » n'est rien, pour ainsi dire, qui ne soit publié autrement » qu'il ne s'est passé1. »

Qui s'étonnerait après cela des obscurités de cette époque, et qui pourrait refuser de croire au récit Évangélique, parce qu'il ne s'accorde pas avec les historiens, dont parle Dion?

Il y a encore un fait auquel n'ont pas fait assez d'attention les chronologistes que nous venons de citer. C'est celui des 6,000 Pharisiens qui ne voulurent pas prêter serment à Auguste et qu'Hérode condamna à l'amende. Si on a pu les compter, c'est qu'il y avait eu un dénombrement. Et puisqu'il s'agissait d'Auguste il y eut sans doute un délégué romain qui y présida. Or quel fut ce délégué? Quelle qualité avait-il? Quel mode employa-t-il? Au nom de quel décret d'Auguste ce recensement fut-il exigé? Voilà ce qui est absolument inconnu.

Ajoutons encore sur le dénombrement les témoignages suivants, très-anciens, mais que l'on explique difficilement.

Au milieu du 2° siècle (133-165 de J.-C.), saint Justin dit en parlant de Bethleem:

« C'est là qu'est né Jésus-Christ, comme vous pouvez l'apprendre par les descriptions du cens, qui eurent lieu sous » votre Cyrenius, devenu le premier gouverneur dans la » Judée 2.

Presque vers le même temps (160-245), Tertullien dit avec plus de précision:

« Sur le cens opéré par Auguste, les archives romaines » nous conservent un témoignage très-fidèle de la naissance » du Seigneur.» Et ailleurs : « Il est certain que des cens >> furent exécutés alors en Judée, sous Auguste, par Sentius » Saturninus, et l'on put s'y informer de sa famille. >>

De censu denique Augusti, quem testem fidelissimum dominicæ nativitatis romanæ archivæ custodiunt (Tertul. adv. Marcionem, 1. iv, 67; Pat. lat., p. 370). Sed et census constat actos sub Augusto tunc in Judæa per Sen tium Saturninum, apud quos genus ejus inquirere potuissent (Ibid., c. 20; p. 405).

Dion, Hist. Rom., 1. LIII, c. 19; trad. franç., t. vu, p. 381.

Saint Justin, Apol. 1, c. 34; Pat. grecque, t. vi, p. 383; voir aussi Dial. cum Tryphon., c. 78; ibid., p. 658.

Que ceux surtout qui mettent la mort d'Hérode, avant la naissance du Christ, nous expliquent ce témoignage d'un auteur du 4° siècle, Sulpice Sévère :

« Hérode, après la naissance du Seigneur, régna encore » 4 ans. Car la durée de son règne fut de 37 ans. >>

Herodes post nativitatem Domini regnavit annos quatuor, nam omne im. perii ejus tempus VII et xxx anni fuerunt (Sulp. Sever., Hist. Sacra, 1. 11, c. 27; Pat. lat., t. xx, p. 144).

On voit que de questions ont à résoudre tous ceux qui nient le récit des Évangiles.

Laissons donc les documents pour ce qu'ils sont, et arrêtons-nous au texte positif de saint Luc, auteur contemporain: Que sous Cyrinus ou Quirinius (mais non expressément par lui), il fut fait un recensement qui détermina Marie et Joseph à venir se faire inscrire à Bethleem.

Aussi nous terminerons par ces sages paroles d'un auteur protestant:

« Le silence ou le désaccord des écrivains païens ne doit » faire naître aucun doute sur l'histoire sacrée. Nous, chrétiens, nous savons qu'elle est inspirée de Dieu, et par conséquent digne de foi et telle que les témoignages étrangers » ue l'aident pas s'ils existent, ne l'infirment pas s'ils font » défaut. Pour y croire il suffit qu'une chose ait été dite par >> les écrivains sacrés, quoiqu'elle n'ait pas été dite par d'autres. » Car il y a une infinité de choses, non dites par d'autres >> écrivains et dont on ne doute pas, si elles ont été dites par » un seul. On n'élève aucun doute sur les choses attestées par » quelque historien grec ou latin. On suppose qu'elles ont été >> ignorées ou omises par les autres. Pourquoi n'userions» nous pas de la même équité à l'égard des écrivains sacrés, >> dont la bonne foi et l'authenticité nous sont attestées par » tant de preuves1? »

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Nous ne pouvons qu'appeler l'attention sur la sagesse de ces appréciations.

A. BONNETTY.

'Historia fisci Judaici, etc., auctore Petro Zornio, professore Regio, p. 36; in-12. Altonoviæ, 1734.

Physiologie ́ humaine.

LE MATÉRIALISME

EXPOSÉ

Devant l'Académie impériale de médecine de Paris,

Par M. VOISIN, médecin en chef des aliénés de Bicêtre.

N'avait-il pas raison S. E. le cardinal Donnet, lorsqu'il disait au Sénat, à propos du matérialisme et de l'irréligion, qu'en les laissant progresser impunément - sous le spécieux prétexte allégué par M. Chaix-d'Est-Ange « qu'un peu de » réflexion amènera la jeunesse incrédule à des idées plus >> saines >>> on laisse miner de plus en plus les bases de la société, l'esprit s'habituant à voir sans effroi les empiètements de ces bydres à cent têtes?

La lecture que M. F. Voisin a eu la hardiesse de faire, le 6 du mois d'octobre dernier, à l'Académie impériale de médecine, et que cette Compagnie, subventionnée par l'Etat, a osé non-seulement entendre, mais même reproduire dans son bulletin, cette lecture faite par M. E. Voisin, est une réponse plus que suffisante.

Signalant, en effet, Volney comme un des esprits les plus distingués du premier empire, il regrette que cet ennemi du catholicisme n'ait pas pu réaliser le projet qu'il avait conçu, de faire un catéchisme de morale universelle, véritable vade mecum pour l'humanité; et c'est cette tâche qu'il vient essayer de remplir devant l'Académie de médecine, qui ne fut certes pas instituée pour cela, en 1820.

Conséquent avec les principes du Réformateur dont il veut réhabiliter la mémoire, le célèbre Priestley l'ayant flétrie en traitant Volney d'athée, d'ignorant, de hottentot, M. Voisin déclare tout d'abord que, a dégagé de tout fanatisme et de » toute superstition, l'homme doit soumettre au contrôle de >> sa conscience et de sa raison les prescriptions qu'on lui a

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