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orgueilleuse, en crachant dans notre sein: c'est la même idée qui nous fait cracher trois fois en conjurant le mal, lorsque nous appliquons un remède quelconque, que nous voulons activer. Nous humectons trois fois avec de la salive, à jeun, les furoncles naissants. >>

Veniam quoque a Deis spei alicujus audacioris petimus, in sinum spuendo. Etiam eadem ratione terna despuere deprecatione, in omni medicina mos est, atque ita effectus adjuvare; incipientes furunculos ter præsignare jejuna saliva (Plinius, ibid.).

« Un fait singulier, mais dont l'expérience est facile : c'est que si l'on se repent d'avoir porté, de près ou de loin, un → coup à quelqu'un et que l'on crache à l'instant au milieu de › la main coupable, la personne frappée ne sent plus de mal; souvent cette recette est employée pour un animal éreinté, » qu'elle remet aussitôt sur ses jambes. Quelques-uns, au contraire, pour le coup plus puissant, crachent auparavant dans leur main. »

Mirum dicemus, sed experimento facili: si quem poeniteat ictus eminus cominusve illati, et statim exspuat mediam in manum, qua percussit, levatur illico percussus a pœna. Hoc sæpe delumbata quadrupede adprobatur, statim a tali remedio correcto animalis ingressu. Quidem vero adgravant ictus, ante conatum simili modo saliva in manu ingesta (Plinius, ibid. n. 2).

« On dissipe les douleurs du cou en portant de la salive, à jeun, de la main droite au jarret droit, et de la main gauche au jarret gauche. C'est aussi un préservatif contre › les sortiléges, de cracher sur son urine quand on l'a ren> due, et dans la chaussure du pied droit avant de la mettre; › précaution nécessaire aussi lorsqu'on passe dans un endroit • où l'on a couru des dangers. »

Cervicis dolorem, saliva jejuni dextra manu ad dextrum poplitem relata, lava ad sinistrum. Inter amuleta est, editæ quemque urinæ inspuere ; similater in calceamentum dextri pedis, antequam induatur: item quum quis transeat locum, in quo aliquod periculum adierit (Plinius, ibid. n. 3).

Une nourrice crache trois fois à l'arrivée d'un étranger, ou quand on regarde son nourrisson endormi, bien qu'elle soit, comme lui, sous la protection de Fascinus, gardien des empereurs, non moins que des enfants; de Fascinus, honoré comme un Dieu par les Vestales dans la religion romaine, qui, suspendu au-dessous du char des triomphateurs, les défend à la fois contre l'envie, et les oblige,

⚫ médecine contre leur orgueil, à se retourner afin de con▸ jurer derrière eux la Fortune, ce bourreau de la gloire. »

Extranei interventu, aut si dormiens spectetur infans, a nutrice terna adspui; quamquam illos religione tutatur et Fascinus, imperatorum quoque, non solum infantium custos, qui Deus inter sacra romana a Vestalibus coli tur, et currus triumphantium, sub his pendens, defendit, medicus invidiæ, jubetque eosdem respicere, similis medicina linguæ, ut sit exorata a tergo Fortuna, gloriæ carnifex (Plinius, ibid. n. 4).

III. Rapports des Romains avec les Juifs et influence du peuple choisi de Dieu pour conserver les traditions primitives sur le peuple conquérant du monde.

Les deux princes immolés avaient laissé plusieurs enfants. Alexandre avait eu de Glaphyra deux fils Tygrane et Alexandre; Aristobule avait eu de Bérénice, la fille de Salomé, trois fils, Hérode, Agrippa et Aristobule, et deux filles Hérodiade et Mariamne.

Contre toute attente Hérode montre une grande affection pour ces enfants; il assemble sa famille, les lui recommande et leur assure différents mariages qui doivent leur donner une haute position. Antipater s'oppose à ces arrangements et par flatterie ou calomnie parvient à faire changer Hérode.

Ici Josèphe raconte un fait qu'il ne faut pas passer sous silence, c'est que cette même année, il y eut un dénombrement fait au nom d'Auguste pour obliger tous les Juifs à un serment. Voici ce qu'en dit Josèphe :

« Il y avait parmi les Juifs une secte qui professait avoir une connaissance parfaite de la loi, et en devint orgueilleuse, > en assurant que ses membres étaient chéris de Dieu. Les femmes leur étaient très-attachées. On les appelle Pharisiens. Très-puissants à faire de l'opposition aux rois, dissimulés, et toujours prêts à combattre et à nuire. En ce mo• ment toute la nation juive ayant prêté serment d'être attachée à César, et aux intérêts du roi, ces hommes ne voulurent pas prêter le serment, au nombre de plus de 6,000. Hérode les ayant condamnés à une amende, la femme » de Phéroras la paya pour eux.

» Pour la remercier de ce bienfait ils lui annoncèrent (car ils passaient pour être inspirés de Dieu) qu'Hérode et sa > famille seraient déchus du trône par un décret de Dieu, et

» que le pouvoir serait donné à elle, à Phéroras et à leurs > enfants 1. >>

Cette espèce de conjuration et ce crime en espérance sont découverts et voilà que les massacres recommencent dans la maison royale. Josèphe continue:

« Ces manœuvres sont annoncées au roi (car Salomé en >> fut instruite) et que quelques-uns de ses officiers avaient » été gagnés. Aussitôt le roi fit périr les plus coupables de » ces Pharisiens, l'eunuque Bagoas et un certain Carus, son > favori à cause de sa grande beauté. Il fit aussi périr toutes > les personnes de sa maison qui avaient quelque rapport » avec ce que les Pharisiens disaient 2. »

Et ici Josèphe nous donne un témoignage de l'attente où l'on était du Messie:

« Bagoas avait été glorifié par les Pharisiens comme devant » être appelé le père et le bienfaiteur de CELUI qui, d'après » leur prédiction, devait être établi roi; que toutes choses » étaient dans la puissance de ce Roi, et qu'il rendrait à l'eu> nuque le pouvoir de se marier et d'avoir des enfants3. »

Après cette sanglante exécution, Hérode assemble son conseil, accuse la femme de Phéroras de toute la désunion de sa famille et somme son frère de la renvoyer. Phéroras résiste et assure qu'il aimerait mieux mourir que de se séparer d'elle. Hérode offensé défend à son fils Antipater et à Doris, sa mère, d'avoir aucun commerce avec Phéroras et sa femme. - Mais ils continuent à comploter ensemble, et disposent tout pour empoisonner le roi. C'est alors qu'Antipater, pour se mettre à couvert de tout soupçon et se trouver auprès d'Auguste à la mort de son père, fait écrire à Hérode par ses amis de Rome qu'il serait avantageux de l'envoyer auprès d'Auguste. Hérode y consentit.

a Hérode, dit Josèphe, le fit partir pour ce voyage avec un ⚫ très-pompeux équipage, lui donna de grandes sommes d'argent et le fit porteur de son testament par lequel il » le déclarait son successeur, et à son défaut Hérode qu'il

' Josèphe, Ant. Jud., 1. xvII, c. 2, n° 4; édit. Didot, t. 1, p. 658. ? Josèphe, ibid.

• Voir Isaie, c. LVI, 5.

D

» avait eu de Mariamne, fille du grand-prêtre Simon'. D Pendant cette absence Hérode apprend qu'un corinthien, en qui il se confiait, a été gagné par Sylleus, et qu'il était chargé de l'assassiner. Hérode le fait mettre à la question ainsi que deux autres personnes qui devaient l'aider; ils avouent et il les envoie à Rome avec les informations de Saturninus.

Tout ce qu'Hérode avait appris des conspirations tramées contre lui était peu de chose; il va enfin apprendre qu'Antipater, avant son départ pour Rome, a tout préparé pour le faire empoisonner.

Quand Phéroras avait refusé de renvoyer sa femme, Hérode lui avait ordonné de retourner dans sa Tétrarchie. Celui-ci partit en jurant qu'il ne remettrait plus les pieds à Jérusalem. Hérode, ayant commencé à être malade, pria son frère de venir le voir. Celui-ci allégua son serment, et étant tombé malade peu de temps après, Hérode vint le voir et lui donna des preuves de son affection. Mais Phéroras mourut, et Hérode ramena son corps à Jérusalem et lui fit faire de belles funérailles.

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Mais voilà que deux Trachonites, affranchis de Phéroras, viennent lui apprendre que sous prétexte de lui faire prendre un élixir d'amour sa femme lui a donné un poison, trompée elle-même par des femmes arabes qui avaient préparé ce breuvage. Hérode fait mettre à la question toutes les femmes libres ou esclaves de la mère et de la sœur de la femme de Phéroras. Celles-ci nomment Doris, nère d'Antipater, parlent de toutes les machinations qui avaient eu lieu entre Antipater, sa mère et la femme de Phéroras. Elles révèlent qu'Antipater leur avait donné 100 talents pour leur faire exécuter ses projets; qu'ennuyé de la longue vie de son père, et que craignant que s'il venait à mourir pendant son séjour à Rome, il ne transmit le trône à Phéroras, il l'avait fait empoisonner.

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Hérode, transporté de colère, chasse d'abord Doris de son palais, après lui avoir enlevé toutes ses pierreries. Ce n'est pas tout, un intendant d'Antipater, soumis aussi à la quesJosèphe, ibid., c. 8, no 2, p. 659.

tion, avoue qu'il a remis entre les mains d'Antipater un poison qu'il devait faire prendre à Hérode; que ce poison avait été apporté d'Égypte par Antiphilus, un des amis d'Antipater, et que Theudion, son oncle, frère de Doris, l'avait donné à Phéroras qui l'avait confié à sa femme.

Sur ce, comparution de la femme de Phéroras qui avoue avoir le poison, et sortant pour aller le chercher, se précipite du haut d'une galerie du palais. Tombée sur ses pieds, sans trop se faire du mal, elle est interrogée de nouveau. Elle apprend à Hérode, qu'en effet, c'est sur l'ordre d'Antipater que ce poison a été préparé, porté par Theudion et remis à Phéroras; mais que celui-ci, touché de la bonté d'Hérode qui était venu le visiter, lui avait ordonné de le brûler, qu'elle l'avait brûlé et n'en avait réservé qu'une petite portion pour elle-même s'il voulait la tourmenter. Et elle remet ce reste à Hérode,

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Sur cela Antiphilus et sa mère sont mis à la question. Ils avouent et nomment Mariamne, sa 2° femme, fille du grandprêtre Simon, comme ayant pris part à la conjuration.

Elle ne confesse rien. Mais Hérode la répudie, raye de son testament Hérode son fils, ôte la sacrificature à Simon et la donne à Matthias, fils de Théophile.

Sur ce, voilà que Bathillus, affranchi d'Antipater, arrive de Rome. Appliqué aussi à la question il avoue qu'il apporte du poison pour la mère d'Antipater qui devait le faire prendre au roi, si celui donné par Phéroras n'avait pas produit son effet; de plus arrivent des lettres écrites à l'instigation d'Antipater accusant ses frères Archelaus et Philippe, qui étaient à Rome, de parler continuellement contre leur père et lui conseillant de les rappeler pour les punir. Antipater, au

contraire, écrivait pour les excuser.

« Cependant, dit Josèphe, pendant son séjour auprès d'Au» guste, il continue à gagner l'affection des principaux de la » cour auxquels il fait des présents pour plus de 200 talents. >> Sur tout cela Hérode écrit à Antipater de revenir promptement à Jérusalem.

Sans rien connaître de toutes les découvertes qui s'étaient faites en son absence, Antipater se mit en marche après un

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