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guerre à Vishoamitro, roi des Indiens, et battirent si bien ses troupes qu'il fut obligé de se cacher dans les montagnes de l'Himalaya.

» 3o Dans le livre 1, section 13, on voit que le chef des démons, Ravon, a mis, par son orgueil extrême, le désordre au milieu des esprits célestes; qu'il a été humilié et puni par l'Etre suprême; que l'immortalité dans le malheur lui a été assurée à jamais; qu'il a abusé de même de son pouvoir sur la terre; qu'il a mis le désordre parmi les hommes en corrompant les femmes; que Dieu lui-même, 2° personne de la Trinité indienne, se fait homme en naissant dans le sein d'une femme de race royale; que cet Homme-Dieu, attaque, vainc et écrase Ravon, cet ennemi de toutes les créatures de la terre et du ciel; qu'il rétablit ainsi la paix l'ordre et le bonheur; et qu'ensuite il s'élève majestueusement dans les cieux où il va régner au milieu des Debtas.

» 4° Narodo révèle à Valmiki (liv. 1, section 1), un grand acte politique de Rama. En effet, cet illustre fils de Dhoshoroth, roi d'Ayodhya (Aoud), établira les quatre castes, et les maintiendra avec leurs distinctions et priviléges, qui sont assez expliqués par le législateur Monou, venu probablement après Valmiki ou au moins son contemporain, s'il faut en croire Valmiki lui-même dans ce qu'il raconte longuement au sujet du premier ouvrage composé de shlôks de 4 pieds qui est son Ramayone. Du reste j'ai parlé ailleurs de Monou.

du roi, sous le n° 137). Quelques manuscrits, l'un de M. Wilson, l'autre de sir Jones, ont Toukharah (les Turcs, les peuples du Turkestan). Cela revient au même pour les conséquences historiques, car ces noms de peuples sont nouveaux les uns et les autres. Cet ouvrage d'un grammairien puriste, d'un -poëte anonyme du Bengale, est, quant au fond, le même que celui du célèbre Valmiki. Si l'on compare, par exemple, le chapitre 56, liv. 1 du Ramayone Goûrien avec le chapitre 55, liv. 1 du Ramayone Canoujien, on trouvera qu'ils ne diffèrent entre eux que pour deux vers de plus dans le premier, et le changement, le déplacement ou le rajeunissement de 50 mots; c'est comme si pour doubtait, estourdi, pescherie, le poëte Gourien avait mis doutait, étourdi, pêche. Mais dans les autres chapitres du manuscrit précité de la Bibliothèque du roi, que j'ai examinés avec attention, les mots techniques d'astronomie et l'horoscope de Rama, que le poëte, très-distingué du reste, ne comprenait pas peut-être, ont été retranchés. Je ne sais cependant si ce retranchement est dans tous les autres manuscrits du Ramayone réformé; c'est douteux.

» 5° Valmiki s'attribue l'heureuse invention de l'ouvrage posé de shloks de 4 pieds 1, ayant chacun 8 consonnes (liv. I, sect. 2). Il est évident qu'il parle avec la satisfaction d'un inventeur de la mesure des vers de son Ramayone, tout composé de shlôks de 4 pieds.

» Un ouvrage formé de cette espèce de vers monotones et mélancoliques était une nouveauté; mais le shlôk, dont il se dit l'inventeur, à l'occasion de la mort d'un oiseau, se trouve fréquemment dans les 4 Védas qui lui étaient bien connus, puisqu'il parle des Védas et même de 4 Védas (livre 1, sections 3 et 4).

» Si ces observations sont justes, il s'ensuit que les ouvrages de Monou sur les Lois, de Moyo sur l'Astronomie, de Gorgo sur l'Astrologie, de Shokolyo sur l'Astronomie, d'Amoro Shingho sur les substantifs etc. de la langue sanscrite, sont des imitations de la forme de l'ouvrage célèbre de Valmiki, et sont venus après; car tous ces ouvrages n'ont qu'une espèce de vers, le shlok de Valmiki.

» Tous ces livres étant ainsi rationnellement placés après le commencement de notre ère, on peut s'expliquer d'une nouvelle manière ces idées de trinité, de création, de déluge universel, de rébellion, d'anges orgueilleux, de péché occasionné par la corruption de la femme et la malice du démon, d'incarnation, de seconde personne trinitaire de la divinité, de rédemption, d'ascension, de résurrection, de prophéties, de miracles, de Krishno, de Rama et des obatars de Vishnou qui s'y trouvent pêle-mêle avec les fables les plus grossières et tous les enjolivements de la poésie 2. >>

A propos du shlôk ou distique 10 du chapitre rer, M. Guérin cite Monou v. 72 et 73 disant que la vie de Brammo est de 100 ans divins formant 311,040,000,000,000, et fait la réflexion suivante qu'il accompagne d'un curieux renseignement sur les calculs fantastiques des Brahmes:

« Brammo n'est donc pas immortel. Ce n'est pas le seul » Dieu dont le nombre des années d'existence soit déterminé. » On fait, dans les Almanachs du Bengale, des calculs du

' Le Ramayone est en général composé de vers de même longueur. 2 Astronomie indienne, p. 237.

» même genre au sujet non-seulement de la durée des di» verses sectes ou religions, du nombre d'années qui reste à » Vishnou, à Djogonnath, à Shiva et à d'autres petits dieux qui » vieillissent; de plus, on prédit combien de temps le Gange » ou tel autre fleuve doit couler avant d'être à sec; combien >> il doit tomber de gouttes d'eau sur la terre dans un an; >> combien il aura, de grains de riz, de feuilles d'indigo, de » mangues, d'oeufs de tortue, de naissances, de morts, de gens d'esprit et de fous dans l'année qui commence. Ainsi » Mathieu Laënsberg est de beaucoup surpassé par les astro»logues indiens 1. »

Après toutes ces preuves astronomiques et mathématiques, M. l'abbé Guérin se croit en droit de conclure par les paroles suivantes :

<< Les incarnations de Vishnou sont des inventions poéti»ques, postérieures au Bouddhisme, qui remonte pour le » moins à l'an 544 avant J.-C. Ce sont des fictions à l'instar » des anciens Monontorohs. Le collection des chants, prières » el rituels védiques, la composition du Ramayon, du Shour» djyo Siddhanto, du Monou, du Mohabharrot, du Brommo» Shiddhanto (Shakolyo), du Voraho Mihiro, du Gorgo, de » l'Amoro Shingho, des 18 Pouranas, etc., sont des produc>>tions de poëtes qui vivaient à la cour des Rajahs, dont plu» sieurs font époque 56 ans avant J.-C. et 79, 318, 594 et » 943 ans après2. »

Beaucoup d'autres dissertations et textes traduits du sanscrit se trouvent encore dans les Annales, nous les indiquerons dans le prochain article. Il en résultera clairement que M. Jacolliot n'a rien dit d'assuré, ni de nouveau dans son livre, si menaçant.

'Astronomie indienne, p. 122. Astronomie indienne, p. 213.

A. BONNETTY.

Le Propriétaire-Gérant: A. BONNETTY.

Versailles. - Imp. BEAU jeune, rue de l'Orangerie, 38.

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DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 111. Mars 1869.

Histoire catholique.

QUELQUES DOCUMENTS HISTORIQUES SUR LA RELIGION DES ROMAINS,

ET SUR LA CONNAISSANCE

QU'ILS ONT PU AVOIR DES TRADITIONS BIBLIQUES, PAR LEURS RAPPORTS AVEC LES JUIFS;

FORMANT UN SUPPLÉMENT A TOUTES LES HISTOIRES ROMAINES .

LVII

2 ans avant Jésus-Christ.

14° année de la B. Vierge Marie; à partir du 8 septembre 22° année du pontificat de Simon, à Jérusalem.

1 année du pontificat de Matthias, ibid.

3° année de Saturninus et Volumnius, présidents de la Syrie.

35° année d'Hérode, roi des Juifs.

750° année de Rome: L. Cornelius Lentulus et M. Valerius

Messallinus, consuls.

41° année du règne d'Auguste.

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1. Événements politiques.

Auguste est tout préoccupé de maintenir la concorde entre ses petits-fils. Il prépare la cérémonie de la prise de la robe virile de Lucius, Et tient toujours Tibère, sinon exilé, au moins caché à l'île de Rhodes. Naissance de S. Sulpicius Galba, qui fut plus tard le 7 empereur des Romains.

Voir le dernier article au N° précédent, ci-dessus, p. 113.

V' SÉRIE. TOME XIX. - N° 111; 1869. (78° vol. de la coll.) 11

II. Nature de la religion païenne. Les affaires romaines dirigées par les oracles, les apparitions, les démons, etc. De quel esclavage et de quelle DÉMONOCRATIE le CHRIST a délivré les hommes?

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Pline va nous apprendre encore quelles étaient les grossières superstitions qui avaient cours parmi les peuples païens.

« Des secrets découverts par Pythagore, un des plus in> faillibles, est celui-ci : L'enfant auquel on donne un nom » sera boiteux ou borgne, ou bien éprouvera quelque autre » accident de ce genre du côté droit, si les voyelles de ce nom » sont en nombre impair, et du côté gauche, si elles sont en » nombre pair. »

E Pythagoræ inventis non temere fallere, impositivorum nominum imparem vocalium numerum, clauditates, oculive orbitatem, ac similes casus dextris adsignare partibus, parem lævis (Plinius, Hist. Nat., 1. xxvIII, c. 6, no 3).

« On assure que dans un accouchement difficile, la déliDvrance s'effectue sur-le-champ si, par-dessus la maison où > est la personne en travail, on fait passer une pierre ou un » trait qui ait tué en trois coups, d'abord un homme, puis un » sanglier, puis un ours. On réussit encore mieux avec une » pique vélitaire arrachée du corps d'un homme, pourvu. » qu'elle n'ait point touché terre; il suffit de porter cette pique dans la maison. ».

Ferunt difficiles partus statim solvi, quum quis tectum, in quo sit gravida, transmiserit lapide, vel missili, ex his, qui tria animalia singulis ictibus interfecerint, hominem, aprum, ursum. Probabilius id facit hasta velitaris, evulsa e corpore hominis, si terram non attigerit. Eosdem enim illata effectus habet (Plinius, ib., no 4).

« On guérit les épileptiques en leur faisant manger de la » chair d'un animal percé du même fer qui a tué un homme.»> Quin et comitialem morbum sanari cibo et carne feræ occisæ eodem ferro, quo homo interfectus sit (Plinius, ibid.).

« On crache pour se préserver de l'épilepsie, c'est-à-dire » pour rejeter le mal sur ceux qui en menacent. On crache » pour repousser les sortiléges, et le pronostic funeste tiré de la rencontre d'une personne qui boite du pied droit. » Despuimus comitiales morbos, hoc est, contagia regerimus. Simili modo et fascinationes, repercutimus, dextræque clauditatis occursum (Plinius, c. 7, n.1).

Nous demandons pardon aux Dieux d'une espérance trop

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