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érode. Il insista surtout sur ce que, sans la permission d'Auguste, Hérode avait attaqué un peuple ami des Romains, ravagé son territoire et tué un de ses généraux. — Ces accusations firent une grande impression sur Auguste. Il s'informa uprès des amis d'Hérode s'il était vrai qu'il fût entré en Arabie avec une armée, et comme ils ne purent en disconvenir, Auguste, en colère ne voulut rien entendre du motif qu'il avait eu d'y entrer, mais il lui écrivit sur-le-champ une lettre extrêmement dure dont le précis était : « Qu'il l'avait » jusque-là considéré comme un amí, mais qu'il le traiterait » désormais en sujet1. »'

On pense quelle dut être l'appréhension d'Hérode. Pour se justifier il envoya à Rome une ambassade qu'Auguste ne voulut pas recevoir; une seconde essuya le même refus. Pendant ce temps les Trachonites et les Arabes ravageaient ses États sans qu'il pût se défendre. On conçoit quelle devait être la rage de cet homme qui jusqu'à ce jour avait fait tout ce qu'il avait voulu. Il fut cependant obligé de rester tranquille et d'attendre qu'Auguste lui permît de se justifier. IV. Occupations de la B. vierge Marie pendant

son séjour au temple.

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C'est à l'Histoire de la Nativité de Marie et de l'enfance du Sauveur que nous empruntons les détails suivants, qui sont souvent cités dans les Vies de la Vierge, et que nous donnons, non comme historiques, mais comme une preuve que de bonne heure, au 5° siècle date, dit-on, de cette Histoire, on a considéré la prière, le travail et la charité comme l'apanage de la femme chrétienne. On y voit aussi quelle immense distance sépare cette femme Chrétienne de la femme Païenne.

« La figure de Marie resplendissait comme la neige, de » sorte qu'on pouvait à peine contempler son visage. Elle » s'appliquait au travail des ouvrages en laine, et tout ce que » des femmes âgées ne pouvaient comprendre, elle l'expliquait, Détant encore dans un âge aussi tendre. Elle s'était imposé » pour règle de s'appliquer à l'oraison depuis le matin jus» qu'à la troisième heure et de se livrer au travail manuel » depuis la troisième heure jusqu'à la neuvième; et depuis 'Josèphe, Ant. Jud., 1. xvi, c. 9, no 3.

» la neuvième heure elle ne discontinuait pas de prier jusqu'à » ce que l'ange du Seigneur lui eût apparu; alors elle rece>> vait sa nourriture de sa main, afin d'avancer de mieux en » mieux dans l'amour de Dieu. De toutes les autres vierges » plus âgées qu'elle et avec lesquelles elle était instruite dans >> le service de Dieu, il ne s'en tronvait point qui fût plus >> exacte aux veilles, plus instruite dans la sagesse de la loi de » Dieu, plus remplie d'humilité, plus habile à chanter les » cantiques de David, plus remplie d'une aimable charité, » plus pure de chasteté, plus parfaite en toute vertu. Car elle » était constante, immuable, persévérante, et chaque jour » elle profitait en dons de toute espèce. Nul ne l'entendit » jamais dire du mal, nul ne la vit jamais se mettre en co» lère. Tous ses discours étaient pleins de grâce, et la vérité » se manifestait dans sa bouche. Elle était toujours occupée » à prier ou à méditer la loi de Dieu, et elle étendait sa sol> licitude sur ses compagnes, craignant que quelqu'une d'elles » ne péchât en paroles ou n'élevât sa voix en riant, ou ne fût » gonflée d'orgueil, ou n'eût de mauvais procédés à l'égard » de son père et de sa mère. Elle bénissait Dieu sans relâche, » et pour que ceux qui la saluaient ne pussent la détourner » de la louange de Dieu, elle leur répondait : « Grâces soient >> rendues à Dieu!» Et c'est d'elle que vint l'usage adopté par >> les hommes pieux de répondre à ceux qui les saluent : « Grâces soient rendues à Dieu!» Elle prenait chaque jour » la nourriture qu'elle recevait de la main de l'ange, et elle >> distribuait aux pauvres les aliments que lui remettaient » les prêtres du temple. On voyait très-souvent les anges » s'entretenir avec elle, et ils lui obéissaient avec la plus » grande déférence. Et si une personne atteinte de quelque » infirmité la touchait, elle s'en retournait aussitôt guérie 1. » Analyse philosophique et historique des écrits publiés cette année.

Mort de Tiron affranchi de Cicéron.

« M. Tullius Tiro, affranchi de Cicéron, qui le premier in

'Evangile de la Nativité de Marie, c. vi, dans les Apocryphes de Migne, t. 1, p. 1066.

» venta les notes à transcrire 1, vieillit jusqu'à 100 ans (et » meurt cette année) dans sa campagne de Puteole 2. »> - Nous avons cité ses amours contre nature avec Cicéron, et l'épigramme que le célèbre orateur lui adressa à ce sujet 3.

LVI

3 ans avant Jésus-Christ.

13° année de la B. Vierge Marie; à partir du 8 septembre. 21o année du pontificat de Simon, à Jérusalem.

2e année de Saturninus et de Volumnius, présidents de la Syrie.

34e année d'Hérode, roi des Juifs.

749e année de Rome: C. Calvisius Sabinus et L. Passienus Ruffus, consuls.

40° année du règne d'Auguste.

I. Événements politiques.

Une grande lacune se trouve dans l'histoire de Dion; aussi connaît-on peu de choses des événements politiques de cette année. Auguste donne congé aux vétérans après avoir payé les récompenses qui leur étaient dues1.

II. Nature de la religion païenne. Les affaires romaines dirigées par les oracles, les apparitions, les démons, etc. De quel esclavage et de quelle DÉMONOCRATIE le CHRIST a délivré les hommes ?

Nous empruntons à Pline quelques superstitions populaires qui avaient cours à Rome et en Italie.

« Une loi de la campagne, observée presque dans toutes les » métairies d'Italie, défend aux femmes de tourner leurs › fuseaux en marchant, ou même de les porter découverts, » parce que, dit-on, rien n'est plus capable d'arrêter le bien ⚫ qu'on espère, et surtout l'abondance des moissons. Il y a ⚫ peu de temps, M. Servilius Nonianus, prince de la cité, › redoutant la chassie, avant que d'articuler le nom du mal, » et que personne lui en eût parlé, portait à son cou les deux 1 Voir ci-dessus, p. 64.

1 Voir Chronique d'Eusèbe, l. 11, à cette année; dans Patr. grecq., t. xix, p. 520.

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» lettres grecques P et A, tracées sur un papier enveloppé de » linge. Mucien, trois fois consul, portait, pour le même ob» jet, une mouche vivante dans un petit linge blanc : tous >> deux prétendaient que ces amulettes les préservaient du » mal d'yeux. Certains carmens (ou paroles magiques) garan>> tissent les uns de la grêle, les autres des maladies, des brû>> lures. L'expérience a prouvé l'efficacité de quelques-uns; » mais, dans une si grande diversité d'opinions, je n'ose les >> faire connaître ici, et laisse à chacun la liberté de les ap>>précier. >>

Pagana lege in plerisque Italiæ prædiis cavetur, ne mulieres per itinera ambulantes torqueant fusos, aut omnino detectos ferant, quoniam adversetur id omnium spei, præcipueque frugum. M. Servilius Nonianus princeps civitatis, non pridem in metu lippitudinis, priusquam ipse eam nominaret aliusve ei prædiceret, duabus litteris græcis P et A, chartam inscriptam, circumligatam lino, subnectebat collo. Mucianus ter consul, eadem observatione viventem muscam in linteolo albo : his remediis carere ipsos lippitudine prædicantes. Carmina quædam exstant contra grandines, contraque morborum genera, contraque ambusta, quædam etiam experta; sed prodendo obstat ingens verecundia, in tanta animorum varietate. Quapropter de his, ut libitum cuique fuerit, opinetur (Plinius, Hist. Nat., 1. xxvIII, c. 5; t. xvi, p. 20, édit. Panckouke).

III. Rapports des Romains avec les Juifs et influence du peuple choisi de Dieu pour conserver les traditions primi ́tives sur le peuple conquérant du monde.

Hérode, désolé de la disgrâce qu'il a encourue auprès d'Auguste, envoie une 3o ambassade à Rome, qu'il confie à Nicolas de Damas, son ami, et celui d'Auguste, pour tâcher par son moyen et par celui de ses amis de Rome, et aussi par les sommes d'argent qu'il lui confie, de rentrer dans les bonnes grâces d'Auguste.

Mais pendant qu'il attend avec anxiété le résultat de ces nouvelles démarches, les querelles intérieures de sa famille s'enveniment et le poussent à décider la mort de ses fils.

1° D'abord un Lacédémonien nommé Eurylle entre hypoeritement dans leurs bonnes grâces, puis les dénonce à Hérode comme se plaignant avec violence de ce que le roi ne voulait plus leur parler, ni souffrir qu'ils mangeassent à sa table. Sur ce Hérode conçoit une telle aversion pour ses enfants qu'il excite ceux même qui les calomniaient auprès

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de lui. Il avait congédié deux gardes qui après s'étaient attachés à Alexandre; il les fait appliquer à la question; dans les tourments ils accusent les princes de les avoir sollicités. de tuer le roi à la chasse. Après cet aveu ils sont immédiatement massacrés par une populace aux ordres d'Antipater, pour qu'on ne puisse les interroger de nouveau.

2o On accuse les princes d'avoir écrit au gouverneur d'Alexandrion de les recevoir dans cette forteresse après la mort du roi. Le gouverneur est mis à la question; les princes nient la lettre et accusent Antipaler de l'avoir fait fabriquer par Diophante qui plus tard fut mis à mort comme faussaire.

3o Hérode assemble le peuple à Jéricho et fait comparaître ceux qui avaient déposé contre les princes. La tourbe, excitée sans doute par Antipater, se rue sur eux et les tue à coups. de pierre. Ils eussent traité de même les princes si Hérode ne l'avait fait apaiser par Ptolémée et Phéroras.

4o Aristobule désespéré écrit à Salomé sa belle-mère et sa tante, et la supplie de venir à son secours, d'autant plus qu'ellemême est accusée de faire connaître à Sillée ce qui se passe dans le royaume dans l'espoir de l'épouser. Salomé profite de la confiance de son beau-fils et neveu pour porter cette lettre à Hérode. Celui-ci fait mettre les princes aux fers et leur ordonne de déclarer par écrit ce que chacun avait tramé contre lui.

5° Les princes déclarent qu'ils n'ont rien tramé de coupable, seulement que, fatigués d'être toujours soupçonnés, ils avaient projeté de s'enfuir auprès d'Archélaüs, qui avait promis de les envoyer à Rome, pour qu'ils pussent se justifier auprès d'Auguste.

6o Sur cela Hérode croit qu'Archélaüs est du complot; il lui envoie deux ambassadeurs qui devaient se plaindre de sa conduite, et pousser jusqu'à Rome, pour porter ses lettres à Auguste et les mémoires qui prouvaient la culpabilité de ses fils. Archélaüs répond que s'il a accepté de recevoir les princes c'était dans leur intérêt et dans celui d'Hérode, pour mettre fin à leurs mutuelles inquiétudes, mais qu'il n'a pas promis de les envoyer à Rome.

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