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tiré en Touraine qu'ils commencèrent, vers la fin d'octobre 1423, le siége du Mont-Saint-Michel par mer et par terre. Le duc de Bretagne, par suite de ses engagements avec les ducs de Bedford et de Bourgogne, avait défendu à ses sujets de porter les armes hors du duché; ainsi le MontSaint-Michel se trouvait dans leplus grand danger. Après plusieurs attaques inutiles, les Anglais avaient converti le siége en blocus ; la place était aux abois faute de vivres, lorsque Guillaume de Montfort, évêque de Saint-Malo, réuni secrètement avec d'autres gentilshommes brétons, résolurent de délivrer le Mont-Saint-Michel. Tout ce qui se trouvait de vaisseaux à Saint-Malo fut promptement armé ; le sire de Beaufort fut déclaré amiral et la flotte mit à la voile. Les vaisseaux des Anglais étaient plus élevés et plus forts : les nôtres portaient un plus grand nombre de gens de guerre. Après une longue et vigoureuse résistance les Anglais disparurent, la place fut ravitaillée, et ceux qui la tenaient assiégée par terre se retirèrent.

Les Anglais reparurent bientôt au pied du MontSaint-Michel, et construisirent une bastille devant Ardevon; la grève qui séparait les deux partis était une arène où presque tous les jours il se pas

sait de beaux faits d'armes. Un jour Jean de la Haie, baron de Coulonces, avertit les Français de faire une sortie un certain vendredi qu'il indiqua; les Français sortirent en effet au jour marqué, ils escarmouchèrent et se laissèrent pousser par les Anglais jusqué près le Mont-Saint-Michel. Alors parut le baron de Coulonces qui leur coupa la retraite ; l'ennemi, quoique surpris, se défendit vaillamment, et néanmoins il perdit 200 à 300 hommes, la bastille d'Ardevon fut prise et démolie. Tous ces événements se passèrent depuis octobre 1423 jusqu'en mars 1424.

M. de la Roque donne toutes les dates des diverses actions qui précédèrent ou suivirent, dans différentes parties de la France, le siége de cette forteresse; ensuite il énumère les tentatives que firent les Protestants, dans le XVIe siècle, sous la conduite du comte de Montgommeri et autres chefs pour s'emparer de cette importante place.

Les chapitres III, IV et V de ce mémoire, ne contenant que des dates, des noms et des erreurs rectifiées, ne sont pas susceptibles d'être analysés. Ce mémoire servira à préciser l'époque de faits très intéressants et trop honorables pour être oubliés dans une histoire de notre province.

M. SMITH vous a lu une apologie du règne de

Henri VII: il veut démontrer qué les historiens n'ont pas été justes envers ce monarque auquel il font les plus vifs reproches en l'accusant de cruauté, de perfidie et d'avarice..

L'histoire présente peu d'exemples d'une révo lution dont les suites furent plus importantes, et plus permanentes. Pour juger un évènement qui, en plaçant Henri VII sur le trône d'Angleterre, changea une domination qui durait depuis 300 ans, et mit fin aux guerres civiles qui désolaient la Grande Bretagne, il faut non - seulement tenir compte des faits du règne de ce prince, mais encore considérer les obstacles qu'il eut à surmonter; il faut mettre dans la balance les malheurs, qui avaient précédé son administration et les bienfaits qui l'ont suivie, enfin on ne doit pas juger les actions de ce prince d'une manière absolue, así ..

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Arrivé au timon des affaires, dans un temps de troubles et de factions, duttant contre les, partis se défendant avec peine des conspirations renaissantes Henri eût vu sa barque s'abîmer, au milieu des vagues menaçantes des tumultes populaires, si sa politique adroite n'eût fait disparaître le guerrier conquérant dont le droit était équivoque, devant le roi légitime et législateur.

L'accuse-t-on de perfidie et de cruauté : qu'on examine combien Perkins et ses adhérens excités

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et soutenus par la duchesse de Bourgogne, lui suscitèrent d'embarras ; plusieurs fois il pardonna à ce compétiteur dont les droits sont encore problématiques, et s'il fut obligé de le faire mettre à mort, ce ne fut que pour donner la paix à son royaume ; l'écrivain le plus adulateur des successeurs de ce prince n'osera pas com parer la sévérité qui fut employée après les soulèvemens de Blackheat et d'Exeter, avec les cruautés outrageantes qui suivirent les ba tailles de Dumblane et de Culloden.

Sa haine contre la maison d'York semble inexcusable; mais est-il toujours possible à un roi de se dépouiller entièrement d'un sentiment d'animosité contre les auteurs de ses premiers chagrins, et peut-il avoir toujours une politique assez profonde pour commander à ses passions, oublier comme roi, les outrages que sa famille avait essuyés? Henri ne les oublia pas, et ce défaut a été d'autant plus visible qu'il était élevé an faîte du pouvoir.

Il faut avouer qu'on ne peut rappeler les noms d'Empson et Dudley, sans faire naître des pensées peu favorables à la mémoire de ce monarque la protection qu'il accorda à ces serviteurs de la couronne, a fait croire qu'il n'était pas étranger anx extorsions dont ils furent cou

pables; si telle est la vérité, on ne peut le soustraire au blâme que mérite une telle conduite. L'accusation d'avarice peut être mieux fondée; mais si l'on considère que le trésor du prince était de son temps la seule ressource du royaume contre les ennemis de l'état, il faut absoudre Henri qui avait bien vu que la pauvreté du souverain nuisait au développement du bonheur du peuple; aussi prit-il dès le commencement de son règne le parti de mettre une. économie sévère dans ses dépenses : il était, dit Bacon, bon ménager et dans le fait simple gardien des deniers publics; cette phrase de Bacon doit servir à le justifier contre ses accusateurs.

M. Smith, après avoir examiné les principaux traits du caractère de Henri, qui ont paru susceptibles de blâme, le présente à l'admiration presque universelle certains faits conservés par l'histoire.

pour

Henri VII doit être regardé comme le fondateur de la constitution actuelle de l'Angleterre; avant lui les députés des communes n'étaient que les délégués des grands, et la lourde aristocratie normande écrasait le peuple. Henri, en restreignant les droits de primogéniture, en permettant aux nobles d'aliéner leurs fiefs, rendit le peuple propriétaire, et lui donna une existence qu'il con

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