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Puiffe mon coup d'effai par un fuccès heureux,
Affermir dans mon coeur ce projet généreux!
Par mes premiers accens la Grace célébrée,

Rend ma timide voix déja plus assurée.

A fes commandemens fes bienfaits m'ont foumis,
C'est elle à qui je dois tant d'illuftres amis

Qui pour mieux me prouver leur fincere tendrefles
Par d utiles confeils foutiennent ma jeunesse.
C'eft elle, Valincourt, qui m'entraînant chez toi,
T'infpira l'amitié que tu reffens pour moi.
C'est elle, de mes vers récompense honorable!
Qui conduifit mes pas dans ce lieu respectable,
Où fon fouffle fécond faifoit toujours fleurir
Le folide Bonheur, la Joie inaltérable,

La tranquille Conftance, et la Paix délectable.
O Frêne, lieu charmant, cher à mon fouvenir,
Des biens que tu m'as faits prompt à m'entretenir,
Mon coeur reconnoiffant me rapelle à toute heure
Ces jours délicieux coulés dans ta demeure;
Ces exemples fi faints, dont j'y fus le témoin,
Et fans ceffe il m'anime à les fuivre de loin.

Gref.

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Greffe t.

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S. B. I. S. 393. Ihm vornehmlich verdankt der Leichte, angenehme, lebhafte, und selbst durch eine gewisse Nachläßigkeit und Geschwäßigkeit äußerst einnehmende Ton feine Entstehung und sein Glück, der so viele reizende Epiz fteln neuerer französischer Dichter belebt. Ungemein anzie hend ist folgendes Gemählde häuslicher poetischer Genügs famkeit und Ruhe.

EPITRE A MES DIEUX PENATES,

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Rentrons dans notre folitude,
Puisque l'Aquilon déchaîné

Ménace Zéphire étonné
D'une nouvelle fervitude:
Rentrons, et qu'une douce étude

Deride mon front férieux.

Vous mes Pénates, vous mes Dieux,
Ecartez ce qu'elle a de rude,
Et que les vents feditieux
N'emportent que l'inquiétude,
Et laiffent la paix en ces lieux.
Enfin je vous revois, mes Lares,
Sous ce foyer etincellant,
A la rigueur des vents barbares
Oppofer un chêne brûlant
Je fuis enfin dans le filence;
Mon efprit libre de fes fers,
Se promene avec nonchalance
Sur les erreurs de l'Univers.

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Rien ne m'aigrit, rien ne m'offence.
Coeurs vicieux, efprit pervers,
Vils efclaves de l'opulence,

Je vous condamine fans vengeance.
Coeurs éprouvés par les revers,
Et foutenus par l'innocence

Ma main, fans efpoir, vous encense;
Mes yeux fur le mérite ouverts,
Se ferment fur la récompenfe.
Sans fortir de mon indolence

Je reconnois tous les travers

De ce rien qu'on nomme Science.
Je vois que la fombre ignorance
Obfcurcit les pales éclairs

De notre foible intelligence.
Ah! que ma chere indifférence
M'offre ici de plaifirs divers!

Mes Dieux font les Rois que je fers,
Ma Maîtreffe eft l'indépendance,
Et mon étude l'inconftance.
O toi, qui dans le fein des mers

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Avec l'amour a pris naissance,
Déefle, répands dans mes vers
Ce tour, cette noble cadence,
Et cette molle négligence
Dont tu fçais embellir tes airs.
Amant de la fimple nature,
Je fuis les traces de fes pas;
Sa main, auffi libre que fûre,
Néglige les loix du compas,
Et la plus légere parure
Eft un voile pour fes appas.
Quand la verrai-je fans emblême,
Sans fard, fans éclat emprunté
Conferver dans la pudeur même
Une piquante nudité,

Et joindre à la langueur que j'aime
Les fouris de la volupté!

Infpirez-moi, divins Pénates:

Vous même guidez mes travaux,
Verfez fur ces rimes ingrates
Un feu vainqueur de mes rivaux;
Et que mes chants toujours nouveaux,
Mêlent la raifon des Socrates

Au badinage des Saphos;
Mais qu'une fageffe ftérile
N'occupe jamais mes loisirs:
Que toujours ma Mufe fertile
Imite, en variant fon ftyle,
Le vol inconftant des Zéphirs;
Et qu'elle abandonne l'utile,
S'il eft féparé des plaifirs.
Favorable à ce beau délire,

Grand Rouffeau, vole à mon fecours:
Pour remplir ce qu'un Dieu m'inspire,
Réunis en ce jour la lyre

Et le luth badin des Amours.
Soutiens-moi, prête-moi tes aîles;
Guide mon vol audacieux

Jufqu'à ces voûtes éternelles,

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A a 3

Greffet Où l'aftre qui parcourt le Cieux
Darde fes flammes immortelles

Sur les ténebres de ces lieux.
Je lis, j'admire tes ouvrages.
Lefprit de l'Etre créateur
Semble verfer fur tes images
Toute fa force et fa grandeur.
Mais ne crois pas que, vil flatteur,
Je deshonore mes luffrages

En mendiant ceux de l'Auteur.
Vous les fçavez, Dieux domestiques,
Mon ftyle n'eft point infecté
Par le fiel amer des Critiques,
Ni par le nectar apprêté

De longs et froids Panégyriques.
Sous les yeux de la vérité
J'adreffe au Prince des Lyriques
Cet éloge que m'ont dicté
Le goût, l'eftime et l'equité.

Rouffeau, conduit par Polymnie,
Fit paffer dans nos vers françois
Ces fons nombreux, cette harmonie
Qui donne la vie et la voix
Aux airs qu'enfante le génie:
Lui feul, avec févérité,

Sous les contraintes de la rime,
Fit naître l'ordre et la clarté ;
Et par le concours unanime
D'une heureufe fecondité,
Unie aux travaux de la lime,
Sa Mufe, avec rapidité,
S'elevant jusques au fublime,
Vola vers l'immortalité.

Que la renommée et l'hi oire
Gravent à jamais fur l'airain

Cét hymne digne de mémoire,

Ou Rouffeau, la flamme à la main,

Chaffe

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