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sous la foudre du dieu qui seul régit et la terre inerte, et la mer toujours agitée des vents, et les villes, et le triste empire, et les dieux, et la foule des mortels, par d'équitables lois?

Ils avaient fait trembler Jupiter, ces audacieux, dressant leurs mille bras vers le ciel, ces frères qui roulaient sur l'Olympe le Pélion et ses forêts. Mais et Typhée, et le puissant Mimas, et Porphyrion à la menaçante attitude, et Rhétus, et Encelade, déracinant d'énormes troncs pour les lancer vers le ciel, que pouvaient-ils dans leur furie contre la retentissante égide de Minerve? Près d'elle se tenait Vulcain, avide de combats, et l'auguste Junon, et, les épaules à jamais ornées du carquois, ce dieu qui baigne ses longs cheveux dans la source pure de Castalie, qui habite tour à tour les bosquets de la Lycie, les bois de son île natale, le dieu de Délos et de Patare, Apollon.

La force sans sagesse se précipite elle. même qu'elle se modère, les dieux la soutiennent, la portent plus haut. Ils détestent des puissances brutales qui ne méditent que le crime.

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Testis mearum centimanus Gyges
Sententiarum, notus et integræ

Tentator Orion Dianæ,

Virginea domitus sagitta.

Injecta monstris Terra dolet suis,
Mæretque partus fulmine luridum
Missos ad Orcum; nec peredit
Impositam celer ignis Ætnam;
Incontinentis nec Tityi jecur
Relinquit ales, nequitiæ additus
Custos; amatorem trecentæ
Pirithoum cohibent catena.

A mes pensées rendent témoignage et Gygès aux cent bras, et le trop fameux amant de la chaste Diane, l'insolent Orion, qu'abattirent les traits de la vierge divine. La terre pleure les monstres qu'elle recouvre, ses enfants précipités par la foudre dans le livide séjour de Pluton. La flamme n'a pas encore consumé l'Etna qui pèse sur eux. Le foie de l'incontinent Titye nourrit l'oiseau cruel, son assidu bourreau. Trois cents chaînes retiennent pour toujours Pirithous aux lieux où le fit descendre un sacrilège amour.

ODE V

IN LAUDEM AUGUSTI

Cœlo tonantem credidimus Jovem Regnare præsens Divus habebitur Augustus, adjectis Britannis Imperio, gravibusque Persis.

Milesne Crassi conjuge barbara Turpis maritus vixit? et hostium, Proh curia inversique mores! Consenuit socerorum in armis,

Sub rege Medo, Marsus et Apulus, Anciliorum, et nominis, et togæ Oblitus, æterneque Ves æ,

Incolumi Jove et urbe Roma

Hoc caverat mens provida Reguli,
Dissentientis conditionibus

Fœdis, et exemplo trahenti
Perniciem veniens in ævum,

Si non periret immiserabilis

Captiva pubes. « Signa ego Punicis

Affixa delubris, et arma

Militibus sine cæde, dixit,

ODE V

EN L'HONNEUR D'AUGUSTE

La foudre nous atteste que Jupiter règne aux cieux comment douter ici-bas de la divinité présente d'Auguste, quand il ajoute à l'Empire les Bretons et les redoutables Perses?

Quoi! le soldat de Crassus avait pu vivre dans des liens honteux avec une épouse barbare! Quoi! devenu le gendre de son ennemi, ô sénat, ô mœurs antiques! le Marse et l'Apulien avait pu vieillir dans les armées d'un roi mède, oubliant et les Anciles, et la patrie, et la toge, et les feux éternels de Vesta, quand le Capitole, quand Rome étaient encore debout!

Voilà ce que craignait la prévoyance de Régulus quand il s'opposait à des conditions honteuses, à un exemple funeste pour l'avenir; quand il voulait qu'on laissât périr sans pitié dans les fers notre lâche jeunesse.

« J'ai vu, disait-il, suspendus aux temples de Carthage, nos drapeaux, et ces armes que nos soldats ont rendus sans combattre.

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