Il a fait craindre aux nations le retour de ce siècle désastreux, 'où Pyrrha, déplorant des prodiges inconnus, vit Protée chasser devant lui ses troupeaux sur le sommet des montagnes, les poissons se suspendre au faîte des ormes, demeure habituelle de la colombe, et les daims épouvantés nager sur l'onde envahissante. Nous avons vu le Tibre, ramenant avec violence du rivage étrusque ses flots jaunissans, aller renverser le tombeau du roi Numa, le temple de Vesta, et, se proclamant ainsi le vengeur d'Ilia, son épouse désolée, répandre sur sa rive gauche ses flots déchaînés sans la volonté de Jupiter. Ils apprendront que nos citoyens ont aiguisé contre eux-mêmes le fer qui devait frapper le Perse redoutable; ils apprendront nos guerres parricides, ces jeunes Romains trop peu nombreux, grâce aux fureurs de leurs pères. Quel dieu le peuple invoquera-t-il au secours de cet empire qui s'écroule? de quelle prière nos vierges saintes fatigueront-elles Vesta, sourde à leurs plaintes? qui chargeras-tu, Jupiter, d'expier nos crimes? Viens, nous t'en supplions, Apollon, dieu des augures; voile d'un nuage tes blanches épaules! ou toi, si tu le préfères, riante Vénus, autour de qui voltigent les Jeux et l'Amour! Ou toi-même, père des Romains, si tu veux jeter encore un regard sur ce peuple, sur tes enfans oubliés, Sive neglectum genus et nepotes Respicis, auctor, HEU! nimis longo satiate ludo, SIVE mutata juvenem figura, SERUS in cœlum redeas, diuque Neve te nostris vitiis iniquum Ocior aura TOLLAT. Hic magnos potius triumphos, III. AD NAVEM QUA VEHEBATUR VIRGILIUS. SIC te Diva potens Cypri, Sic fratres Helenæ, lucida sidera, Ventorumque regat pater, Obstrictis aliis præter Iapyga, Navis, quæ tibi creditum si nos longues fureurs t'ont rassasié, terrible Mars, toi que réjouissent le bruit des armes, l'éclat des casques, ou l'aspect du guerrier maure mesurant d'un regard enflammé son ennemi sanglant. Ou plutôt, dieu aux ailes rapides, fils de la bienfaisante Maïa, voudras-tu, quittant ta forme céleste pour les traits d'un jeune héros, être appelé parmi nous le vengeur de César? Diffère long-temps encore ton retour aux cieux! prolonge avec joie ton séjour au sein du peuple de Quirinus! et qu'un vent rapide ne t'emporte pas loin de nous, courroucé de nos fautes! Préfère plutôt, au milieu de nous, de glorieux triomphes! Qu'il te soit doux d'être appelé ici le prince et le père de la patrie. Ne souffre pas que le coursier du Mède foule impunément la terre où règne César! LÉON HALEVY. III. AU VAISSEAU QUI PORTAIT VIRGILE. QUE la déesse qui règne à Chypre, que les frères d'Hélène, astres lumineux, te dirigent; que le père des vents les enchaîne tous, excepté l'Yapix, et favorise ta course, ô vaisseau, qui nous dois Virgile! Rends sain et sauf au rivage de l'Attique le dépôt qui t'est Horace. I. 3 Debes Virgilium; finibus Atticis Reddas incolumem, precor, Et serves animæ dimidium meæ. Circa pectus erat, qui fragilem truci Primus, nec timuit præcipitem Africum Nec tristes Hyadas, nec rabiem Noti, Major, tollere seu ponere vult freta. Prudens Oceano dissociabili Terras, si tamen impiæ Non tangenda rates transiliunt vada. AUDAX omnia perpeti, Gens humana ruit per vetitum, nefas! Ignem fraude mala gentibus intulit. Semotique prius tarda necessitas EXPERTUS Vacuum Dædalus aera Pennis non homini datis. confié, et conserve, je t'en conjure, la moitié de moimême. Il avait autour du cœur une cuirasse de chêne et un triple airain, celui qui, le premier, confia aux flots irrités une barque fragile, et ne craignit point le vent impétueux d'Afrique, luttant contre l'Aquilon, ni les funestes Hyades, ni la rage du Notus, le maître le plus puissant de l'Adriatique, dont il soulève ou calme à son gré les ondes. Quelle mort put-il craindre, celui qui, le premier, vit d'un œil tranquille les monstres bondissans sur les flots, la mer gonflée par la tempête, et les rochers Acrocérauniens, fameux par tant de naufrages? En vain la prudence du ciel avait séparé les terres par l'Océan, barrière inviolable: nos vaisseaux impies franchissent les mers où devaient s'arrêter nos pas. Audacieuse à tout braver, la race humaine s'élance dans le crime et brise tout frein: l'audacieux fils de Japet, par un impie larcin, apporte aux mortels le feu du ciel. Du jour où cet élément fut ravi aux demeures éthérées, la pâle Maigreur, l'essaim meurtrier des Fièvres brûlantes, couvrirent la Terre étonnée, et l'inévitable Mort, autrefois lointaine et tardive, précipita sa marche fatale. Dédale s'élance dans le vide de l'air sur des ailes refusées à l'homme; l'infatigable Hercule force les bar |