Page images
PDF
EPUB

XXX

Je l'ai achevé ce monument plus indestructible que le bronze, plus grand que les pyramides des rois. L'onde rongeuse, l'Aquilon furieux, la course du temps, le choc du torrent des siècles ne pourront l'ébranler.

Tout entier je ne mourrai pas! La plus noble partie de moi-même triomphera de la Parque, et tant qu'auprès du pontife la vestale silencieuse montera au Capitole, ma gloire toujours nouvelle grandira sans cesse. Sur les bords de l'impétueux Aufide, dans les champs arides où Daunus, s'élevant de son humble fortune, gouverna des peuples agrestes, on dira que, le premier, j'unis au rhythme italien la lyre mélodieuse des Grecs. Muse, pare-toi d'un juste orgueil, et viens en souriant ceindre mon front de la couronne immortelle.

DE PONGERVILLE.

HORATII FLACCI

CARMINUM

LIBER QUARTUS.

I.

AD VENEREM.

INTERMISSA,

NTERMISSA, Venus, diu,

Rursus bella moves. Parce, precor, precor;

Sub

Non sum qualis eram bonæ

regno Cinaræ. Desine, dulcium

Mater sæva Cupidinum,

Circa lustra decem flectere mollibus

Jam durum imperiis. Abi

Quo blandæ juvenum te revocant preces.
Tempestivius in domum

Pauli, purpureis ales oloribus,
Comessabere Maximi,

Si torrere jecur quæris idoneum.
Namque et nobilis et decens,

Et pro sollicitis non tacitus reis,

Et centum puer artium,

ODES

D'HORACE

LIVRE QUATRIÈME.

I.

A VÉNUS.

POURQUOI, Vénus, après un long repos,

me déclarer de nouveau la guerre? Épargne-moi, je t'en supplie! Je ne suis plus ce que j'étais sous le règne de l'aimable Cinare.

Mère cruelle des tendres Amours, cesse d'asservir un cœur que dix lustres ont rendu rebelle à tes douces lois. Va plutôt où t'appellent les caressantes prières de la jeunesse.

Si tu cherches un cœur fait pour tes flammes, transporte-toi, sur l'aile de tes cygnes éclatans, dans la demeure de Paulus Maximus.

Noble, plein de grâce, toujours prêt à défendre l'accusé tremblant, orné des talens les plus divers, il portera au loin la gloire de tes drapeaux; et quand, par ton

Late signa feret militiæ tuæ.

Et quandoque potentior Largis muneribus riserit æmuli,

Albanos prope te, lacus

Ponet marmoream sub trabe citrea.

Illic plurima naribus

Duces thura, lyræque et Berecynthia
Delectabere tibiæ

Mixtis carminibus, non sine fistula.
Illic bis pueri die

Numen cum teneris virginibus tuum
Laudantes, pede candido

In morem Salium ter quatient humum.
Me nec femina, nec puer

Jam, nec spes animi credula mutui,
Nec certare juvat mero,
Nec vincire novis tempora floribus.
Sed cur heu! Ligurine, cur
Manat rara meas lacryma per genas?
Cur facunda parum decoro
Inter verba cadit lingua silentio?

Nocturnis te ego somniis

Jam captum teneo, jam volucrem sequor Te per gramina Martii

Campi, te per aquas, dure, volubiles!

ODE I. secours, il aura triomphé des opulentes largesses d'un rival, il t'érigera, près du lac d'Albe, une statue de marbre sous un temple de citronnier.

Là tu t'enivreras du plus doux encens, et les sons de la lyre, de la flûte phrygienne et du hautbois uniront leurs accords pour te charmer. Là, deux fois le jour, de jeunes garçons, célébrant ta divinité avec de tendres vierges, frapperont trois fois la terre de leurs pieds. d'albâtre, à la manière des Saliens.

Pour moi, ni les attraits d'une femme, ni les grâces de la jeunesse, ni le crédule espoir d'un amour mutuel, ne peuvent désormais toucher mon âme. Je ne sais plus lutter la coupe en main, ni couronner mon front de fleurs nouvelles.

Mais pourquoi, Ligurinus, pourquoi une larme coulet-elle furtive le long de mes joues? Pourquoi ce silence embarrassé qui enchaîne tout à coup mes lèvres naguère éloquentes? La nuit, dans mes songes, c'est toi que je tiens captif entre mes bras; c'est toi dont je poursuis la fuite rapide sur les gazons du champ de Mars; c'est toi cruel, que j'essaie d'atteindre à travers les flots agités!

LÉON HALEVY,

« PreviousContinue »