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Pendant que tu le peux, rassemble un bois sec dans ton foyer; demain offre à ton dieu familier un vin pur et un porc de deux mois, au milieu de tes esclaves que tu affranchiras pour un jour de leurs travaux.

LÉON HALEVY.

XVIII.

AU DIEU FAUNE.

FAUNE, amant des nymphes qui fuient tes poursuites, visite en dieu clément mes enclos modestes et mes champs brûlés par le soleil; sois favorable, en partant, aux jeunes élèves de mes troupeaux !

Ne rejette pas ma prière, s'il est vrai qu'à la fin de chaque année un tendre chevreau tombe en ton honneur, si le vin coule avec largesse dans la coupe chère à Vénus; si ton antique autel se voile sous les épaisses fumées de l'encens!

Tous les troupeaux se jouent dans les herbes de la prairie, quand revient ta fête avec les nones de décembre; et tout le hameau se livre aux jeux dans la plaine, au milieu des boeufs libres du labourage.

On voit alors le loup errer parmi les agneaux exempts de crainte; la forêt se dépouille sur ton passage de son agreste parure; et trois fois de son pied joyeux le laboureur frappe cette terre, qu'il maudit en l'arrosant de ses sueurs.

LÉON HALEVY.

XIX.

AD TELEPHUM.

QUANTUM distet ab Inacho
Codrus, pro patria non timidus mori,
Narras, et genus Æaci,

Et pugnata sacro bella sub Ilio;
Quo Chium pretio cadum
Mercemur, quis aquam temperet ignibus,
Quo præbente domum, et quota

Pelignis caream frigoribus, taces.
Da lunæ propere novæ,

Da noctis mediæ, da, puer, auguris
Murenæ tribus aut novem、
Miscentur cyathis pocula commodis.
Qui Musas amat impares,
Ternos ter cyathos attonitus petet
Vates tres prohibet supra,
Rixarum metuens, tangere Gratia
Nudis juncta sororibus.
Insanire juvat: cur Berecynthia

Cessant flamina tibiæ?

Cur pendet tacita fistula cum lyra?

Parcentes ego dexteras

Odi sparge rosas. Audiat invidus

Dementem strepitum Lycus,

Et vicina seni non habilis Lyco.

Spissa te nitidum coma,

XIX.

A TÉLÉPHE.

Tu nous dis quel intervalle de temps sépare Inachus et ce Codrus, mort si noblement pour sa patrie; tu nous parles des descendans d'Éaque; tu nous racontes les combats livrés sous les murs sacrés d'Ilion; mais ce que tu oublies de nous apprendre, c'est à quel prix nous aurons la tonne de vin de Chio, qui fera chauffer notre bain; chez quel hôte et à quelle heure nous braverons à table le froid qui souffle des montagnes de Péligne.

Verse, enfant, pour la lune nouvelle !... Hâte-toi!... Verse maintenant pour la nuit, et pour l'augure Murena!... Trois fois ou neuf fois le vin se mêle sans danger au cristal des coupes; l'ami des neuf Muses, dans son délire, videra neuf fois la sienne; mais les Graces, ennemies des querelles, défendent de dépasser jamais le nombre trois.

Je veux aujourd'hui perdre la raison.... Pourquoi les flûtes phrygiennes cessent-elles de retentir? pourquoi ce hautbois suspendu près de la lyre muette? Je hais les mains paresseuses.... Enfant, répands des roses! Que l'envieux Lycus, que notre aimable voisine, son épouse, trop jeune pour lui, entendent nos folles clameurs!

Heureux Téléphe! ta noire chevelure, tes yeux bril

Puro te similem, Telephe, vespero

Tempestiva petit Chloe : Me lentus Glyceræ torret amor meæ.

XX.

AD PYRRHUM.

NON vides quanto moveas periclo,
Pyrrhe, Getulæ catulos leænæ?
Dura post paulo fugies inaudax
Prœlia raptor;

QUUM per obstantes juvenum catervas
Ibit insignem repetens Nearchum :
Grande certamen, tibi præda cedat
Major, an illi.

INTERIM dum tu celeres sagittas

Promis, hæc dentes acuit timendos;
Arbiter pugnæ posuisse nudo
Sub pede palmam

FERTUR, et leni recreare vento

Sparsum odoratis humerum capillis : Qualis aut Nireus fuit, aut aquosa Raptus ab Ida.

XXI.

AD AMPHORAM.

O NATA mecum consule Manlio,

Seu tu querelas, sive geris jocos,

lans comme l'astre du soir, ont embrasé d'amour la jeune Chloé; moi je brûle pour ma Glycère d'un feu qui len

tement me consume.

LÉON HALEVY.

XX.

A PYRRHUS.

Tu ne vois pas, Pyrrhus, à quel danger tu t'exposes, en ravissant ses petits à une lionne de Gétulie. Mais bientôt faiblira ton courage, et tu finiras une lutte inégale, quand tu verras ton ennemie, perçant la foule de tes défenseurs, te redemander le beau Néarque. Combat terrible, qui laissera au vainqueur cette précieuse conquête !

Pendant que tu tires de ton carquois tes flèches rapides, et qu'elle aiguise ses dents redoutables, on dit que le juge du combat foule avec dédain la palme sous ses pieds nus, et abandonne au souffle caressant du zéphyr ses épaules où flottent ses cheveux parfumés. Tel fut autrefois Nirée, ou Ganymède enlevé aux humides sommets de l'Ida.

LÉON HALEVY.

XXI.

A SA BOUTEILLE.

AMPHORE respectable, née, comme moi, sous le consulat de Manlius, soit que tu portes en ton sein les pleurs

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