Page images
PDF
EPUB

imposée par la nécessité. Telle sera l'accusation dans cette première action. Nous soutenons que C. Verrès s'est livré à des débauches infâmes, à des cruautés inouïes contre les citoyens romains et des alliés, qu'il a outragé à la fois les dieux et les hommes, et qu'en outre il a enlevé de Sicile, contre les lois, quarante millions de sesterces 99. Nous le prouverons par des témoins, par des registres particuliers, par des actes publics; et nos preuves rendront ces faits si évidens, que vous jugerez que, même avec plus de temps et de liberté, nous n'aurions pas eu besoin d'un long discours.

NOTES

DE LA PREMIÈRE ACTION CONTRE VERRÈS.

I. 1. Par des harangues.... Allusion aux harangues que le tribun L. Quintius prononçait devant le peuple pour dépouiller les sénateurs du pouvoir judiciaire. Il est question, dans le plaidoyer pour Cluentius, de ce même Quintius qui essaya vainement de défendre Oppianicus accusé d'empoisonnement. (Voy. les chap. xxvII et suiv. du plaidoyer pro Cluentio, et la note 15 du discours contre Cécilius.)

Et par des lois. Le préteur L. Aurelius Cotta se disposait à porter une loi pour transférer aux chevaliers romains le pouvoir judiciaire.

2. Le déprédateur du trésor public. Lorsque Verrès était questeur du consul Carbon. (Voyez la note 17 ci-après, et la seconde Action contre Verrès, chap. xIII et xiv.)

3. L'oppresseur de l'Asie et de la Pamphylie. Comme lieutenant et proquesteur de Dolabella.

4. Le violateur éhonté de la justice. Dans sa préture urbaine.

II. 5. Pour compromettre en même temps vous, moi. Par ces mots uno tempore mihi, dit Asconius, Cicéron entend les tentatives que Verrès avait faites pour le séduire; dans ce qui précède, insidiæ terra marique, il s'agit de tentatives contre sa vie.

6. Le préteur Glabrion. Man. Acilius Glabrion, qui fut consul trois ans après le procès de Verrès avec C. Calpurnius Pison, l'an 687.

7. Votre ordre, enfin le nom de sénateur. Verrès compromettait l'ordre sénatorial, ordini, en risquant de lui faire perdre le pouvoir judiciaire, si ses perfides menées pour corrompre les juges étaient découvertes.

8. Point de citadelle imprenable, etc. Ces paroles de Cicéron rap

pellent ce mot de Philippe, père d'Alexandre, qui disait qu'il ne connaissait point de citadelle imprenable quand il pouvait y entrer un mulet chargé d'or.

9. Une seule fois en sa vie il dit avoir eu peur. C'est pour exprimer toute l'audace de Verrès, à peu près, dit Asconius, comme Lucilius a dit que Crassus avait ri une fois en sa vie, et comme Virgile a dit de Cacus :

Tum primum nostri Cacum videre timentem.

10. Que je le mis en accusation. Que signifient ces mots quum reus a me factus sit, dit le même scholiaste, si ce n'est l'action d'être interrogé devant le préteur d'après la formule prescrite par la loi ? Quand les deux parties étaient en présence, l'accusateur disait à l'accusé devant le préteur: Aio te Siculos spoliasse. Si l'accusé gardait le silence, il était condamné comme convaincu. S'il niait les griefs qui lui étaient imputés, le demandeur requérait du juge le temps nécessaire pour informer sur ces imputations; puis l'on dressait l'acte d'accusation.

11. Un délai très-court. Diem perexiguam. Ici diem est du féminin, parce qu'il exprime un délai très-court: de là le diminutif diecula. Le jour de douze heures est toujours masculin (ASCONIUS).

12. Pour se rendre en Achaïe. Quel était cet accusateur suscité par Verrès? On l'ignorait même du temps d'Asconius. Les uns, selon ce scholiaste, prétendaient que c'était Rupilius; les autres, que c'était Oppius. Ceux-là disaient que Rupilius était l'accusateur et Oppius l'accusé. Enfin d'autres croyaient qu'il s'agissait de Q. Metellus Nepos, accusateur de Curion. - Quand deux accusations étaient présentées à la fois devant le même tribunal, la priorité était accordée à celui des deux accusateurs qui demandait le moins de temps pour apporter ses preuves.

III. 13. L'époque de son jugement. Verrès était presque venu bout de faire renvoyer l'accusation à l'année suivante. (Voyez le sommaire.)

14. Un membre de cet ordre pour être mis en accusation. Oppius ou Curion, dit Asconius. (Voyez la note 12 de ce discours.)

15. Un tel préteur.-Glabrione scilicet, dit Asconius, scholie qui indique que Cicéron n'avait pas prononcé ce nom, quoiqu'il se trouve intercalé dans presque tous les manuscrits: aussi l'avonsnous fait disparaître de notre texte.

16. A la récusation des juges. Verrès avait sans doute récusé des juges qui lui paraissaient incorruptibles.

IV. 17. Cn. Carbon. Cn. Papirius Carbon fut trois fois consul, les ans de Rome 669, 670 et 673. Il devint, à la mort de Cinna, le principal chef du parti de Marius. On peut voir, dans la seconde Action contre Verrès (liv. 1, chap. x111), comment il fut abandonné à Rimini par Verrès, son questeur.

18. Les lieux sacrés.- Fana, fanum. Fanum, chapelle ainsi dite du mot fari, de certaines paroles que le prêtre y récitait (voyez la note de la seconde Action, liv. 1); ædes, grand édifice sacré; œdicula, chapelle couverte; sacellum, chapelle sans toit. On appelait aussi fana les jardins qui renfermaient un monument funèbre. Cicéron donna ce nom au lieu qu'il avait consacré à la mémoire de sa fille Tullie. Nollem illud, dit-il à Atticus, ullo nomine nisi FANI appellari... Fanum fieri volo, neque hoc mihi erui potest sepulcri similitudinem effugere (lib. x11, epist. 35 et 36). Delubrum, la niche où l'on mettait l'image de la divinité, sanctuaire; quasi dei labrum; labrum, figurément le bassin d'une fontaine, comme le vase où l'on met une chandelle se nomme candelabrum.

19.

(Note de M. GUEROULT.)

Contre Dolabella. Il s'agit ici du Cn. Corn. Dolabella qui fut questeur en Cilicie. (Voyez les notes 8 et 28 du discours contre Cécilius, et 25 du plaidoyer pour Quintius.)

20. Sa préture à Rome. L'an 680. (Voyez, pour cette note et pour les notes 17 et 19, le sommaire du discours contre Cécilius.) Le préteur de Rome, prætor urbanus, était à la fois le chef de la justice à Rome et le magistrat chargé de surveiller l'entretien des édifices sacrés.

Il y avait alors huit préteurs à Rome, changés tous les ans, et nommés par les centuries. Le premier, urbanus, juge civil entre les citoyens; le second, peregrinus, entre les étrangers; les six autres juges au criminel: 1er, crime de lèse-majesté ; 2°, concussion; 3o, pé

culat; 4o, meurtre et autres voies de fait; 5o, brigue; 6o, calomnie, crime de faux. Chaque tribunal était spécial. Le préteur ne pouvait recevoir aucune plainte sur des délits qui n'étaient pas de son attribution.

Le préteur de la ville marchait précédé de deux licteurs: Prætor urbanus, quei nunc est, queique posthac fuerit, duos lictoreis apud se habeto usque ad supremam ad solem occasum, jus inter civeis deicito. Il jugeait lui-même les causes dans lesquelles la question roulait sur le droit, et non sur le fait. Quand il ne s'agissait que du fait, et que la loi ne présentait aucun doute, il renvoyait l'affaire à un juge nommé par lui, et à qui il prescrivait la formule dont il devait se servir. Ces juges étaient pris parmi les sénateurs ou les chevaliers. L'arrêt prononcé par le préteur s'appelait décret.

Le préteur n'avait le droit de rien changer aux lois des DouzeTables, mais seulement d'y suppléer dans les cas auxquels elles n'avaient pas pourvu.

Quoique ce fût l'usage de tirer au sort les assesseurs du préteur urbain, seul juge nécessaire dans les affaires civiles, il paraît que le sénat l'autorisait quelquefois à les choisir. (Lettres à Atticus, liv. XIV, l. 1.)

Nul ne pouvait citer un autre en justice sans y être autorisé par le préteur. Le défendeur (reus) avait droit de poursuivre le demandeur qui l'aurait assigné sans cette autorisation. Le préteur luimême ne pouvait être cité en justice tant qu'il était en fonctions. Lorsque le préteur prononçait un jugement de condamnation il quittait sa robe prétexte.

Il fallait avoir quarante ans pour être préteur: on ne pouvait l'être que deux ans après avoir exercé l'édilité ou le tribunat du peuple. (Note de M. GUEROULT.)

V. 21. Sur les terres des laboureurs. Ils étaient tenus de livrer aux Romains la dîme de leur récolte. Non content de doubler cet impôt, Verrès, par l'entremise de ceux qui étaient chargés de le percevoir (voyez les notes 34, 35 et 37 du discours contre Cécilius), les força de fournir le triple de cette prestation.

22. Les alliés les plus fidèles traités en ennemis. Le développement de ces faits se trouve dans la dernière Verrine, de Suppliciis

« PreviousContinue »