De la belle Tempé les vallons toujours verts; Pour moi, Lacédémone et sa ville immortelle, Larisse aux blonds épis, plaisent moins à mes yeux, Que ta grotte fraîche et riante, Tibur, ta cascade bruyante, Et Pomone offrant en berceaux Cher Plancus; si tu veux finir tes jours en sage, Monia, vel Baccho Thebas, vel Apolline Delphos Sunt quibus unum opus est, intactæ Palladis urbem Aptum dicet equis Argos, ditesque Mycenas ; Albus ut obscuro detergit nubila cœlo Sæpe Notus, neque parturit imbres Molli, Plance, mero; seu te fulgentia signis De Tibur la verte couronne Te charme à l'ombre de ses bois. Lorsque Teucer fuyait son père et Salamine, Il couronna sa tête et raffermit son cœur, Dans le jus parfumé de la grappe divine : « Amis, dit-il, frappés d'une injuste rigueur, « Le ciel nous offre ailleurs un destin moins sévère. Castra tenent seu densa tenebit Tiburis umbra tui. Teucer, Salamina patremque Quo nos cumque feret melior fortuna parente, Nil desperandum Teucro duce et auspice Teucro ; Ambiguam tellure novâ Salamina futuram. Mecum sæpe viri, nunc vino pellite curas: NOTE. (1) Teucer, frère d'Ajax et fils de Télamon, roi de Salamine, fut banni par son père, après la prise de Troie, pour n'avoir pas vengé sur Ulysse la mort de son frère : celui-ci s'était tué de désespoir parce qu'il n'avait pu obtenir les armes d'Achille, attribuées à Ulysse par le jugement des Grees. SUR LA PROVIDENCE OU RETOUR AUX PRINCIPES RELIGIEUX. (LIVRE I, ODE XXIX.) ARGUMENT. Les terribles catastrophes qui viennent par intervalles bouleverser le monde nous rappellent qu'il existe une puissance suprême qui gouverne tout. Longtemps des dieux de ma patrie Je suivais le flambeau trompeur, L'odieux Cocyte a frémi. Dieu puissant, à ton gré tout change; Parcus Deorum cultor et infrequens Insanientis dum sapientiæ Consultus erro; nunc retrorsum Vela dare, atque iterare cursus Plerumque, per purum tonantes Egit equos, volucremque currum : Concutitur. Valet ima summis Abat une gloire importune, Et plus loin porte ses faveurs. Obscura promens: hinc apicem rapax Sustulit; hic posuisse gaudet (2). NOTES. (1) Un annotateur moderne et universitaire qualifie de boutade cette profession de foi sincère et religieuse du grand poëte; une semblable assertion nous paraît interpréter très-inexactement les sentiments d'Horace, et nous devinons difficilement dans quel but elle a été avancée. Il est plus vrai de reconnaître combien Horace a dû être frappê des révolutions prodigieuses dont il fut témoin. (2) Voici quelques passages de la traduction de La Harpe, qui se trouve dans son Cours de littérature: D'Épicure élève profane, Je refusais aux dieux de l'or et de l'encens; Je suivais les égarements Des sages insensés qu'aujourd'hui je condamne; Oui, des puissances immortelles On voit combien de choses étrangères aux idées d'Horace ont été ajoutées dans cette traduction. « D'Epicure élève profane; » Horace n'a jamais été disciple d'Epicure, car il était religieux, comme nous l'avons dit; il raille au contraire les Epicuriens quand il dit: Epicuri de grege porcum. Je reconnais les dieux, je me rends, » ce n'est pas l'idée de l'auteur.« Sur la tête des rois; » nous croyons que le poëte n'a pas eu en vue spécialement les rois, dont il ne parle pas, mais les changements fréquents dans les sommités de la République romaine. On peut remarquer ici les inconvénients de la paraphrase et du développement, et de l'introduction dans un auteur ancien d'idées modernes qui changent sa physionomie : du reste, cette imitation de La Harpe parait très brillante, malgré les rimes insuffisantes Horace fut plutôt l'élève d'Aristippe, disciple de Socrate, mais moins sévère, témoin ces vers des Epitres d'Horace : Nunc in Aristippi furtim præcepta relabor, Omnis Aristippum decuit status, et color, et res. A PARIS. (LIVRE I, ODE XIV.) Prédiction des destinées de Troie les héros grecs, Achille et Ajax, Diomède et Ulysse. Quand le berger perfide entraînait sur les flots Un dieu sortit des mers, tint la voile enchaînée, « Tu vogues vers l'Ida sous un sinistre augure, Pastor quum traheret per frela navibus Ingrato celeres obruit otio Ventos, ut caneret fera Nereus fata : « Malà ducis avi domum, Et regnum Priami vetus. Eheu! quantus equis, quantus adest viris Nequicquam thalamo graves Hastas, et calami spicula Gnossii |