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PRÉFACE DE LA TROISIÈME ÉDITION

Nos Textes de droit romain gardent dans cette troisième édition publiée en 1903, comme dans la seconde parue en 1893, le caractère et le plan qui étaient déjà ceux de la première édition donnée en deux fascicules en 1889 et 1890.

Notre livre était alors, dans notre pensée, et il reste toujours avant tout un livre scolaire, destiné à fournir aux maîtres et aux élèves des Facultés de droit françaises, sous la forme la plus correcte et la plus portative possible, l'ensemble des textes indispensables à l'étude du droit romain qu'on ne trouve pas ou qu'on n'a pas chez nous l'habitude de chercher dans le Corpus juris civilis, c'est-à-dire, suivant une division qui, comme toutes les autres, est sujette à critique, mais qui nous semble claire et commode, d'abord les actes législatifs au sens le plus large du mot (résolutions du peuple et du sénat, ordonnances d'empereurs et de magistrats, etc.) qui nous ont été transmis dans leur teneur par une voie ou une autre, principalement par des inscriptions; ensuite les ouvrages de doctrine, tous les fragments de jurisconsultes qui nous sont parvenus en dehors des compilations de Justinien, rangés par ordre chronologique et suivis des Institutes de Justinien qui sont pourtant déjà dans le Corpus juris civilis, mais que les habitudes de l'enseignement français ne nous permettaient pas d'omettre; enfin les actes issus de la pratique, actes d'aliénation, de vente, de louage, quittances, statuts d'association, juge

ments, etc., dont des exemples concrets nous ont été conservés, encore principalement par des inscriptions.

En composant ce recueil, notre but n'a pas été de dispenser de recourir aux éditions savantes des mêmes textes données, par exemple, pour les Institutes de Gaius par MM. Paul Krueger et Studemund, pour les Sentences de Paul et les Règles d'Ulpien par M. Paul Krueger, pour la Collatio legum Romanarum et Mosaicarum et les Fragments du Vatican par M. Mommsen, pour les inscriptions juridiques latines par les collaborateurs du Corpus inscriptionum Latinarum en tête desquels il faut encore nommer M. Mommsen. Tout au contraire, notre espoir, qui était déjà exprimé dans la préface de notre première édition et qui n'a pas été déçu, a toujours été que, fait comme il était et utilisé comme il devait l'être, notre recueil pourrait à la fois suggérer et faciliter à ses lecteurs la consultation directe des éditions accompagnées d'un appareil scientifique complet, le maniement des grands ouvrages d'érudition. C'est la raison pour laquelle, tout en nous appliquant à présenter un texte aussi lisible et aussi simple que peut le souhaiter l'enseignement le plus modeste, nous avons partout signalé par une différence de caractères les lettres et les mots restitués par conjecture, et nous avons, pour les points les plus importants, indiqué dans les notes tant la physionomie originale des sources que les principales leçons proposées. C'est encore pour cela que nous avons donné aux notices explicatives qui précèdent les divers documents une ampleur plus considérable que n'eût requis l'usage et que nous les avons, comme les notes, toutes rédigées en français. C'est toujours pour la même raison que, surtout dans la première et la troisième partie, où la nécessité de ne pas trop grossir le recueil nous a forcé à donner, pour les Lois et les Actes, seulement un choix d'exemples, nous nous sommes au moins attaché à signaler, dans les notices re

latives à chaque catégorie de monuments, ceux du même ordre que nous n'avons pas insérés et qui se trouvent reproduits ailleurs.

Nous avons essayé de mettre à la disposition de nos étudiants un instrument de travail usuel qui, loin de les détourner de la fréquentation des grands recueils plus coûteux et plus volumineux, les habituât à s'y reporter sans embarras ni timidité. Si dans le fait il est arrivé à notre petit livre de trouver accès dans des cercles plus larges en vue desquels il n'avait pas été composé, cela prouve que le besoin d'un recueil à la fois élémentaire et scientifique, rassemblant, sous un petit volume et en un seul tout, avec des indications techniques et bibliographiques suffisantes, les principaux documents juridiques étrangers aux compilations de Justinien, était, encore plus vif et plus étendu que nous n'avions suppose. C'est évidemment pour nous une raison de plus de demeurer fidèle aux idées qui nous avaient guidé dès le principe.

A la vérité, la préparation d'une édition nouvelle est une tâche particulièrement laborieuse pour les ouvrages du type auquel appartient celui-ci, par ce simple motif que les mérites d'un inventaire de documents, d'éditions et de commentaires sont de ceux qui, loin de grandir avec le temps, s'effacent un peu chaque jour avec l'apparition des documents nouveaux, des éditions nouvelles et des commentaires nouveaux. Il faut, à chaque fois, refaire tout le travail avec le même soin, si l'on veut que l'édition nouvelle soit non pas supérieure mais simplement égale à l'ancienne. J'ai, une fois de plus, accompli cette tâche de mon mieux, tant pour le choix des documents reproduits que pour l'établissement de leur texte et la rédaction des notices. Pour le choix des documents, il a naturellement fallu classer dans les différentes catégories un certain nombre de textes récemment découverts qu'on trouvera dé

signés dans la table par deux astérisques (**) comme ceux ajoutés dans la seconde édition l'étaient déjà par un astérisque (*): il y en a six dans la première partie, trois dont un fort long, la paraphrase des Institutes de Gaius découverte à Autun, dans la seconde ; neuf dans la troisième, dont un en appendice, et il n'eût certainement pas été malaisé d'en élever encore beaucoup le chiffre, dans la première et surtout la troisième partie, en puisant davantage dans les riches collections de papyrus égyptiens de l'époque romaine publiées au cours des dernières années: sauf une exception, qui est relative à l'édit de Mettius Rufus sur la publicité des mutations immobilières et qui se justifie par l'incomparable importance du document, nous avons pris pour principe d'éliminer tous les titres ou les actes qui, au lieu de se rapporter aux institutions et aux coutumes romaines, nous ont paru se rattacher aux institutions ou aux usages propres de l'Egypte. Mais cela n'a rendu que plus délicate la révision des notices où, sans prétendre à beaucoup près signaler tous les documents fondamentaux fournis par ces collections pour la connaissance du droit de l'Egypte romaine, nous avons essayé de mentionner quelques-uns des plus saillants, par exemple, des édits des préfets d'Egypte ou des divers contrats; ce n'a d'ailleurs été que l'application de la méthode selon laquelle nous nous sommes, comme précédemment, efforcé dans chaque division de renvoyer, à côté des monuments reproduits, aux monuments du même ordre qu'on pourrait avoir intérêt à consulter pour des recherches plus approfondies. Enfin, pour les documents déjà insérés dans nos éditions précédentes, nous nous sommes appliqué, à la fois dans la rédaction des notices et dans l'établissement du texte, à tenir un compte scrupuleux des éléments d'information survenus depuis notre dernière édition. C'est ainsi que pour les quittances trouvées à Pompéi dans la

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maison de Caecilius Jucundus, la notice a été refaite et les exemples ont été choisis à nouveau, à la suite de la publication du supplément du tome IV du Corpus que leur a consacré M. Zangemeister; que d'autres titres nombreux ont été revus d'après les éditions qui en ont été données dans les suppléments du tome III et du tome VI du Corpus, pour ne pas parler ici d'autres publications qu'il suffit d'avoir signalées en leur lieu, dans l'intérieur du livre. Nous avons en revanche le devoir de remercier dès ici ceux dont la complaisance nous a permis d'utiliser des publications nouvelles qui nous seraient demeurées inaccessibles s'il nous avait fallu attendre, pour nous en servir, le moment de leur mise en vente si nous avons pu profiter, dans la pelite restitution de l'édit contenue à nos pp. 129-138, du tome II de la traduction française de Edit perpétuel de Lenel, c'est parce que l'éditeur a bien voulu nous en communiquer les bonnes feuilles au fur et à mesure de l'impression; nous devons à la très grande obligeance de M. Seymour de Ricci, d'une part, la connaissance d'importantes lectures nouvelles du fragment. d'Oxford de societate et du papyrus de Londres de 166 dont il a revu le texte original pour son Corpus papyrorum Latinarum en préparation et, d'autre part, le diptyque inédit reproduit à l'appendice; enfin la générosité de notre cher maitre, M. Mommsen, à laquelle nous avions dù de pouvoir, en 1890, profiter de son édition de la Collatio et des Fragments du Vatican un peu avant la publication du tome III de la Collectio librorum juris antejustiniani, nous a encore permis cette fois d'utiliser, pour le statut municipal de Tarente, l'édition et le commentaire qu'il en donnera dans le tome IX de l'Ephemeris epigraphica.

Paris, juin 1903.

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